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WOWURNA (Capitaine Joseph, Oüaourené, Ouwoorana, Sheepscot Jo, Wiwurna), chef influent chez les Canibas, tribu de la confédération abénaquise, allié des Français ; circa 1670–1738.

À l’occasion d’une rencontre avec le gouverneur Samuel Shute du Massachusetts, à Georgetown sur l’île Arrowsic, en août 1717, Wowurna se fit le porte-parole des 20 chefs canibas, pentagouets, pégouakis et androscoggins. En leur nom, il refusa à Shute le droit de construire des forts et de fonder de nouveaux établissements, et rejeta la souveraineté du roi George Ier sur les Indiens ; il ne fit aucun cas du révérend Joseph Baxter, ministre du culte, que leur avait présenté Shute. Avec insistance, et malgré les fréquentes interruptions du gouverneur, il nia le bien-fondé des prétentions anglaises aux terres en amont et à l’est de la rivière Kennebec : « Nous ne pouvons comprendre comment nos terres ont pu être achetées ; ce qui en a été aliéné, le fut à titre de présent de notre part ». Les Indiens étayaient leur position en s’appuyant sur une lettre du père Sébastien Rale, le missionnaire jésuite de Narantsouak (l’actuel Old Point, à South Madison, Maine). Shute menaça de quitter la réunion ; aussi un orateur plus conciliant remplaça-t-il Wowurna. Rale prétendra plus tard que les Abénaquis n’avaient endossé que les déclarations de Wowurna, qui avait parlé « avec une fierté sans égale ».

Quelques jours après la conférence, probablement à l’insu de Rale, le chef alla voir Baxter à Georgetown. La visite de Wowurna avait peut-être pour but d’obtenir des renseignements sur les Anglais ; quoi qu’il en soit, il traduisit les enseignements religieux de Baxter à l’intention de sa femme, de son frère John (Nagiscoig) et de deux autres Indiens. Il promit même au pasteur de lui enseigner la langue abénaquise. Il retourna voir Baxter à Georgetown en octobre et en décembre, puis les entrevues cessèrent. Shute, peu après, devait blâmer le père Rale pour son « excommunication et traitement anti-chrétien des pauvres Indiens qui avaient seulement assisté aux enseignements religieux de M. Baxter. »

Au fur et à mesure que se multipliaient les établissements jusqu’à la baie Merrymeeting, à Swan Island et à l’est de la rivière Kennebec, les Canibas s’en prenaient aux Anglais et tuaient leurs troupeaux. De part et d’autre, on se préparait à la guerre. Wowurna fut probablement l’un des deux « principaux chefs » du village que Rale envoya à Québec en octobre 1719. Ils affirmèrent au gouverneur Rigaud de Vaudreuil leur résolution de tenir tête aux Anglais. Vaudreuil leur confirma que la France n’avait pas cédé leurs terres aux Anglais et leur fournit des « munitions ». En janvier 1720, les commissaires du Massachusetts rencontrèrent les Canibas à Falmouth (banlieue de Portland, Maine) afin de leur servir un avertissement et aussi d’entendre leurs doléances. L’établissement de colons anglais ne s’en poursuivit pas moins ; au cours de l’été de 1720, Wowurna, Nathaniel et de jeunes Indiens firent tant de ravages dans les récoltes et le bétail des fermes que les colons acquirent la conviction que les Canibas préparaient la guerre. Arborant le drapeau français, Wowurna et un autre Caniba rencontrèrent des représentants anglais à Georgetown, le 12 octobre, et acceptèrent à contrecœur de prendre part à une conférence plus importante. Wowurna était présent six semaines plus tard quand les Indiens déclarèrent que « si tous ces gens étaient délogés de la baie Merry Meeting, tous les autres différends entre nous se régleraient facilement ». Mais les colons de la Nouvelle-Angleterre rejetèrent les revendications des Abénaquis et leur firent promettre de fournir 200 peaux de fourrures ; ils les contraignirent à laisser quatre des leurs en otages à titre de compensation pour les dégâts qu’ils avaient causés.

Alarmé, Rale réunit des alliés indiens afin d’appuyer les Canibas et organisa une grande confrontation à Georgetown, le 17 juillet 1721. Les pères Rale et La Chasse*, Joseph d’Abbadie de Saint-Castin et Charles Legardeur* de Croisille accompagnèrent, jusque dans la ville, 250 Indiens arborant les couleurs françaises. Dans une lettre adressée à Shute, les Indiens exigeaient que les otages soient remis en liberté et que les Anglais quittent les territoires abénaquis. Wowurna lut la lettre en langue abénaquise au nom de « tous les Indiens chrétiens et catholiques de ce pays et du Canada ». Les Anglais refusèrent de souscrire aux requêtes indiennes et se préparèrent à la guerre. Vaudreuil écrivit alors au père Rale : « Je suis bien aise d’apprendre qu’il [Wowurna] s’est distingué dans cette rencontre », et il fit parvenir en France un rapport complet des exploits de Wowurna. L’Angleterre adressa bientôt au gouvernement français une note officielle de protestation au sujet de cet incident.

En janvier 1721/1722, les Anglais avaient tenté de s’emparer de Rale à Narantsouak ; par la suite une paix inquiète régna jusqu’au soir du 14 juin. Tard ce soir-là, un parti de plus de 40 Indiens « armés et peints pour la guerre », Wowurna en tête, attaquèrent par surprise les établissements de la baie Merry Meeting ; ils brûlèrent un certain nombre de maisons et un moulin, dépouillèrent les habitants de leurs biens et de leurs vêtements et amenèrent cinq prisonniers. Ils comptaient échanger ces prisonniers contre les otages canibas détenus à Boston mais, le 25 juillet, le Massachusetts déclarait la guerre. Wowurna, semble-t-il, prit une part active à la guerre dite « Dummer’s War » et lors d’une visite à Québec, au début de 1723, Vaudreuil lui fit présent d’un « chapeau galonné » en reconnaissance des nombreux services qu’il avait rendus aux Français. Après la destruction de Narantsouak, en 1724, Wowurna vint vivre au Canada, sans doute à Saint-François, près de l’embouchure de la rivière du même nom. Au cours de l’été de 1725, il était de ceux qui menèrent une bande de 20 Canibas et Arrosaguntacook (Indiens de Saint-François) dans une incursion fructueuse à Damaris Cove (probablement près de Boothbay Harbor, Maine). À ce qu’il semble, les Indiens prétendirent par la suite qu’ils ignoraient qu’en juillet de cette année-là une trêve avait été conclue entre les Anglais et les Abénaquis de l’Est de la rivière Kennebec.

En mars 1727, John Gyles* apprit de sources canadiennes qu’après l’arrivée des envoyés de Wenemouet, qui venaient proposer que les Indiens du Canada ratifient le traité de paix des Pentagouets avec le Massachusetts, Wowurna devait placer des hommes le long du sentier en haut de Taconick (l’actuel Winslow, Maine), sur la rivière Kennebec, afin d’avertir les Canibas, qui comptaient revenir dans leur village natal, si la paix avait été conclue. Wowurna et plus de 50 Abénaquis retournèrent à Taconick et y campèrent. En juin, après avoir attendu près de deux mois et épuisé toutes leurs provisions, les Indiens se demandaient avec anxiété quand le gouverneur viendrait les rencontrer ; ils refusaient de se rendre à Boston. La Chambre des représentants vota une somme de £300 pour les approvisionner ; le 21 juillet, Wowurna et ses compagnons ratifièrent le traité de paix à Falmouth. Deux ans plus tard, en novembre 1729, Wowurna était probablement au nombre des chefs pentagouets et canibas qui rencontrèrent David Dunbar à Pemaquid, que celui-ci était en train de reconstruire. Dunbar les rassura quant à leur territoire, mais Wowurna et d’autres Indiens, soupçonneux, et non sans raison, se rendirent à Richmond en janvier afin de connaître les projets de Dunbar et de savoir si le gouvernement avait quelque part à cette initiative. Wowurna ne cessa jamais de se préoccuper de l’avenir des Abénaquis : à Falmouth, en 1732, au cours de discussions entre Loron [Sauguaaram*], le porte-parole officiel des Indiens, et Belcher, le gouverneur du Massachusetts, le vieux chef, au grand dépit du gouverneur, intervint et manifesta son opposition au projet de ce dernier de fonder un établissement anglais à Cuchnok (Augusta, Maine), et le prévint que les échauffourées entre jeunes Anglais et jeunes Indiens constituaient une menace à la paix.

Wowurna connaissait bien la ville de Québec, mais quand il se rendit à Boston, en juillet 1738, il en était à sa première visite ; ce fut aussi sans doute sa dernière. À titre de « principal chef de la tribu des Canibas », il déclara dans la salle du conseil qu’il avait offert aux habitants de Sheepscot (près de Wiscasset, Maine) l’assurance des intentions pacifiques des Indiens puis il se plaignit du coût élevé des marchandises de traite. Il but ensuite à la santé du roi et remercia le gouverneur de sa bonté. À 67 ans, il était un bien vieil Indien, qui s’était peut-être finalement résigné à la présence des Anglais sur le sol de ses ancêtres. S’il conservait quelque espoir de rébellion future, celui que les historiens décriront comme « civil dans ses manières » (Parkman), « astucieux » (Baxter), « rusé et sagace » (Thwaites), se garda bien d’en informer ses vieux ennemis.

Douglas Hay

AE, Corr. pol., Angleterre, 341, f.186.— AN, Col., B, 44, ff.121–124 ; Col., C11A, 39, ff.157–162 ; 40, ff.45–46v. ; 44, ff.131–142, 303–308 ; 46, ff.307–310 ; Col., F3, 2, ff.413–416.— Joseph Baxter, Journal of several visits to the Indians of the Kennebec River, 1717, Elias Nason, édit., New Eng. Hist. and Geneal. Register, XXI (1867) : 48–51, 58.— A conference of his excellency Jonathan Belcher, [...] at Falmouth in Casco-Bay, July 1732 (Boston, 1732).— Documentary hist. of Maine, IX : 379, 443449, 454, 457459 ; X : 356, 363, 371, 375, 380, 383, 400407, 449, 455, 460, 468s. ; XI ; XXIII : 8387, 94108, 190s., 212s., 217231, 234, 241257.— JR (Thwaites), LXVII : 56s., 62s., 334.— Maine Hist. Soc. Coll., 1re sér., III (1853) : 361375, 407447 ; VI (1859) : 260262.— Penhallow papers— Indian affairs, New Eng. Hist. and Geneal. Register, XXXII (1878) : 21s., 24.— PRO, CSP, Col., 1722–23, 27s., 8991, 405, 407, 409s., 415s., 418420.— J. P. Baxter, The pioneers of New France in New England, with contemporary letters and documents (Albany, 1894), 6884, 96104, 111118, 309315.— F. H. Eckstorm, Indian place nomes of the Penobscot valley and the Maine Coast ( « University of Maine studies », 2e, sér., Orono, Me, 1940), 113, 145.— Parkman, A half-century of conflict (1909), I : 224228.

Bibliographie générale

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Douglas Hay, « WOWURNA », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 29 mars 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/wowurna_2F.html.

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Auteur de l'article:    Douglas Hay
Titre de l'article:    WOWURNA
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1969
Année de la révision:    1991
Date de consultation:    29 mars 2024