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CHABRAND DELISLE, DAVID, ministre de l’Église d’Angleterre, né le 31 décembre 1730 à Anduze (dép. du Gard, France), fils de David Chabrand, boulanger, et de Marguerite Roussel ; il épousa, le 1er octobre 1768, Margaret Henry et le couple eut huit enfants, dont cinq au moins vécurent au delà de l’enfance ; décédé le 28 juin 1794 à Montréal.

En 1745, David Chabrand, qui, en France, portait les noms de dit Veyrac et dit La Chapelle, était au nombre des postulants du synode des Basses-Cévennes, qui l’accepta quatre ans plus tard comme étudiant en théologie. De 1750 à 1753 au moins, il étudia au séminaire protestant français, institution clandestine à Lausanne, en Suisse, mais au cours de la dernière année le synode des Basses-Cévennes refusa de prolonger la période de ses études. Renonçant à faire carrière comme pasteur en France, il passa par la suite en Angleterre, où, ordonné prêtre de l’Église d’Angleterre le 23 décembre 1764, il fut affecté à une paroisse de Londres. Le 14 avril 1766, on le nomma aumônier de la garnison de Montréal, au salaire annuel de £115. À l’occasion de ce déplacement, le nom de Delisle, qu’il avait déjà utilisé en Angleterre, commença de remplacer son véritable nom de famille, Chabrand.

La nomination de Delisle faisait suite à la décision du gouvernement britannique et de l’Église d’Angleterre, qu’appuyaient le gouverneur Murray, de Québec, et les marchands protestants de la ville, d’envoyer des ministres bilingues au Canada, non seulement pour y desservir les Britanniques et les quelques protestants francophones, mais aussi pour convertir les Canadiens. Ce fut l’un des rares points d’entente entre Murray et la population protestante de la colonie, en majorité formée de marchands. Murray avait le sentiment qu’on ne pouvait assurer la domination britannique qu’en captant la bienveillance des Canadiens ; aussi chercha-t-il à les rassurer en veillant à protéger leurs lois et leurs institutions et en collaborant avec l’Église catholique, toujours dans l’espoir que le temps et des mesures avisées amèneraient les Canadiens à délaisser la France pour l’Angleterre et le catholicisme pour le protestantisme. La conversion en douceur des Canadiens par un clergé protestant respectable, de langue française, était une de ces mesures. Les marchands protestants, désavantagés par la langue et les institutions de la province de Québec dans la concurrence qu’ils faisaient aux commerçants des Treize Colonies, cherchaient à obtenir l’anglicisation immédiate de toute la colonie-une mesure dont Murray craignait qu’elle provoquât une révolte. De l’avis des marchands, la conversion des catholiques par un clergé bilingue faciliterait la réalisation de l’ensemble du programme.

Peu après son arrivée au Canada, à la fin de l’été de 1766, Delisle fit la connaissance du procureur général, le huguenot Francis Maseres*, qui le jugea « un excellent homme ». Delisle fit aussi, non officiellement, du ministère auprès de la « congrégation protestante de Montréal », qui avait été desservie depuis la Conquête par les aumôniers John Ogilvie et Samuel Bennett. En 1764, la ville comptait 56 familles protestantes, dont quelques-unes étaient françaises ; bon nombre, parmi celles qui étaient de langue anglaise, appartenaient à l’Église d’Angleterre, mais la plupart, d’origine écossaise, étaient presbytériennes et n’avaient pas de ministre de leur confession. Incapable de se servir de la chapelle des jésuites, en ruine, que leur avait accordée le lieutenant-gouverneur Guy Carleton* antérieurement au mois de septembre 1767, la congrégation dut partager les lieux du culte avec les catholiques et aux conditions de ces derniers. Delisle s’opposait à cette situation, faisant valoir que pareil arrangement rendait le clergé catholique arrogant vis-à-vis des protestants, mais ses efforts pour obtenir du gouvernement une église exclusivement protestante n’aboutirent pas. Il se plaignait aussi de ce que les Canadiens étaient « le peuple le plus ignorant et le plus bigot au monde, et le plus dévoué aux prêtres, en particulier aux jésuites ».

Le rôle de Delisle au sein de la congrégation protestante fut régularisé en 1768, année où il en fut nommé ministre, avec un supplément de salaire de £200. Il devint franc-maçon et aumônier de la St Peter’s Lodge, No. 4, Quebec, à Montréal, et fut aussi nommé aumônier de la prison de Montréal. Même si ses requêtes pour être admis comme missionnaire de la Society for the Propagation of the Gospel furent repoussées, il en remplissait néanmoins les fonctions, visitant la garnison de Chambly et les protestants dispersés à l’extérieur de Montréal. En 1771, son zèle n’avait produit que deux conversions chez les Canadiens. Par ailleurs, sa congrégation et lui réussirent à faire venir un maître d’école protestant à Montréal en 1773. La Révolution américaine accrut sensiblement l’activité de Delisle : non seulement le nombre des soldats protestants augmenta-t-il beaucoup, mais les troupes d’origine allemande préféraient les offices célébrés en langue française. De même, sa congrégation s’agrandit-elle grâce à l’arrivée des Loyalistes.

Delisle et ses deux collègues de langue française, Leger-Jean-Baptiste-Noël Veyssière, à Trois-Rivières, et David-François de Montmollin*, à Québec, semblent avoir eu de bons rapports avec les marchands britanniques bilingues, à qui ils devaient en partie leurs nominations. Delisle, par exemple, était en étroites relations avec la famille Frobisher, en particulier avec Joseph*. Les Loyalistes, cependant, étaient unilingues et peu portés à accepter l’anglais assez particulier des ministres français. En 1788, leurs plaintes, de même que celles de Christian Daniel Claus et plus particulièrement du révérend John Doty, dont elles faisaient état, mettaient l’accent sur la faible quantité des familles protestantes de langue française (une vingtaine) par rapport à celles de langue anglaise (5 000), sur la faible assistance aux offices religieux, sur la rareté aussi de la dispensation des sacrements et des catéchismes. Ces plaintes vinrent aux oreilles de l’évêque nouvellement nommé de la Nouvelle-Écosse, Charles Inglis*, lui-même loyaliste, qui décida de remplacer les trois hommes par des ministres de langue anglaise.

À l’été de 1789, Inglis fit une visite pastorale dans la province de Québec. Il trouva en Delisle « un homme sensé et bien élevé » et dîna souvent chez lui. Il découvrit aussi qu’il pouvait à peine comprendre l’anglais de son hôte, et que la congrégation désirait fortement qu’on lui donnât un assistant de langue anglaise. Pressé par Inglis, Delisle accepta de se limiter à la prédication en langue française et de continuer son travail de conversion auprès des Canadiens. Ayant changé d’idée au début d’août, Delisle ne put toutefois obtenir d’ Inglis que deux concessions : il resterait titulaire et il lui serait permis de prêcher occasionnellement en anglais, l’assistant anglophone, James Marmaduke Tunstall, devant assumer le gros des responsabilités du ministère.

Inglis avait convaincu le gouverneur, lord Dorchester [Carleton], de faire réparer la chapelle des jésuites pour l’usage exclusif de la congrégation de Montréal, et, dans un geste de bonne volonté, celle-ci invita le ministre à prêcher le sermon dédicatoire lors du service inaugural à la Christ Church, le 20 décembre 1789. Il accepta et, à partir de ce moment, il continua, en dépit des ordres d’Inglis, d’assumer l’ensemble des responsabilités du ministère. Grâce à Joseph Frobisher, il persuada même la congrégation de demander à Inglis, en 1792, de lever la restriction à laquelle il l’avait soumis relativement à la prédication en anglais.

Diminué par la maladie depuis au moins 1791, Delisle mourut le 28 juin 1794. Son revenu annuel, plus de £300 au total, lui avait permis d’acquérir des biens immobiliers. Il possédait trois maisons et une petite ferme à Montréal. Il avait aussi obtenu une concession de 5 000 acres en 1766, lors de sa nomination comme aumônier, mais ses requêtes persistantes pour qu’elle fût localisée et mise à son nom furent ignorées. En août 1795, un groupe d’associés, comprenant les marchands Joseph Périneault*, Pierre Foretier* et John Welles, dont Delisle avait été le chef, reçut une concession de 1000 acres dans le canton de Godmanchester, et, en octobre 1816, les héritiers de Delisle obtinrent finalement les 5 000 acres dans le canton de Hinchinbrook. En tant que ministre protestant de langue française, Delisle paraît s’être mieux tiré d’affaire que Veyssière et De Montmollin, mais sa nomination lui apporta, à lui aussi, de l’amertume : il connut l’aversion des Canadiens, l’indifférence insultante de la plupart des membres de sa propre congrégation, et, finalement, un quasi-abandon de la part de l’Église d’Angleterre.

James H. Lambert

David Chabrand Delisle est l’auteur d’un Sermon funèbre prononcé à l’occasion de la mort de MrBenjamin Frobisher (Montréal, 1787 ; réimpr., York, Angl., 1796).

AD, Gard (Nîmes), État civil, Anduze, 31 déc. 1730.— APC, MG 23, A1, 2, pp.1 432–1 453 ; A4, 13, pp.33s. ; 14, pp.26, 42 ; 16, p.106 ; GIII, 1, 2, p.182 ; RG 1, E15, A, 1780 ; L3L, 1, pp.11–26, 45–57 ; 3, p.1 129 ; 4, p.1 583 ; 5, pp.1 629s., 1 634 ; 7, pp.2 165, 2 345–2 351 ; 10, pp.2 737, 2 747, 2 913–2 940, 3 229–3 250 ; 47, pp.24 264s. ; 72, pp.36 037–36 045 ; 127, pp.62 481–62 495 ; 173, pp.84 176–84 261 ; RG 4, A1, pp.6 214s., 17 820s. ; RG 8, I (C series), 933, p.8.— BL, Add. mss 1 699, ff.41–42 ; 21 661, p.2 342 (copie aux APC).— Christ Church Cathedral (Montréal), Minute book register, July 1789 to May 1802, 7 juill., 23 août, 20 sept. 1789, 3 mai, 19 juin, 2 juill. 1791, 2, 9 avril 1792 ; Register of the Parish of Montreal commenced 20th June 1784 by Mr. Dd Chd Delisle Rector of the Parish and Chaplain of the Garrison [1784–1795], 30 juin 1794 ; The register of the Protestants of Montreal, made by one Dd Chd Delisle Rector of the Parish & Chaplain to the Garrison, the 31st Decr 1792 [1766–1793], 17 août 1769, 10 oct. 1770, 15 mars, 27 sept. 1772, 16 mai 1774, 7 janv. 1776, 8 avril 1777, 3 janv. 1780, 6 mars, 23 juill. 1786.— Lambeth Palace Library (Londres), Fulham papers, I, ff.163–165 ; 33, f.1 ; 38, ff.6v., 58.— McGill University Libraries, Dept. of Rare Books and Special Coll., ms coll., CH 132.S2, Joseph Frobisher à Thomas Dunn, 10 avril 1788.— Montreal Diocesan Archives, C-11, 28 déc. 1793, Requête de Delisle et autres à Jacob Mountain.— PRO, CO 42/25, f.197 ; 42/27, f.149 ; 42/28, ff.387v.–388, 390 ; 42/49, ff.46, 47 ; 42/51, f.189 ; 42/72, ff.231–233.— QDA, 84 (D-3), 27 août 1789, 27 oct. 1792.— Trinity Cathedral Archives (Québec), Registre des mariages, 1768–1795, p.l.— USPG, C/CAN/Que., I, 14 avril 1766, 30 sept. 1767, 14 juill. 1771, 15 déc. 1773, 9, 20 oct. 1782, 13 oct. 1788 ; Journal of SPG, 16, pp.264s. ; 17, pp.465–467 ; 21, pp.497s. (copies aux APC).— Coll. of several commissions (Maseres).— Doc. relatifs à l’hist. constitutionnelle, 1759–1791 (Shortt et Doughty ; 1921), I : 56, 72, 516.— Fabre, dit Laterrière, Mémoires (A. Garneau), 44–46.— Charles Inglis, A charge delivered to the clergy of the province of Quebec, at the primary visitation holden in the City of Quebec, in the month of August 1789 (Halifax, 1790).— La Gazette de Montréal, 1er févr. 1787, 9 juill., 12 nov. 1789.— La Gazette de Québec, 29 sept. 1766, 28 avril 1768, 3 mai 1787, 16 juill., 13 août 1789.— Kelley, Church and states papers, ANQ Rapport, 1948–1949, 305–308, 312–317 ; 1953–1955, 94–96, 102–105, 113, 119.— F. D. Adams, A history of Christ Church Cathedral, Montreal (Montréal, 1941), 11–49.— Campbell, History of Scotch Presbyterian Church, 201s.— J. I. Cooper, The blessed communion ; the origins and history of the diocese of Montreal, 1760–1960 ([Montréal], 1960), 7–19.— R.-P. Duclos, Histoire du protestantisme français au Canada et aux États-Unis (2 vol., Montréal, [1913]), I : 35s.— J. S. Moir, The church in the British era, from the conquest to confederation (Toronto, 1972), 43, 45, 59, 66.— H. C. Stuart, The Church of England in Canada, 1759–1793 ; from the conquest to the establishment of the see of Quebec (Montréal, 1893), 24s., 31, 78–86, 88, 107.— F.-J. Audet, David Lynd, 1745–1802, BRH, XLVII (1941) : 89.— Philéas Gagnon, Le ministre Delisle, BRH, XVIII (1912) : 63s.— Leland, François-Joseph Cugnet, Revue de l’université Laval, XVII : 834s.— É.-Z. Massicotte, La famille du pasteur Delisle, BRH, XLVI (1940) :105–107 ; Les mariages mixtes, à Montréal, dans les temples protestants, au 18e siècle, BRH, XXI (1915) 84–86 ; Le ministre Delisle, BRH, XVIII (1912) : 123–125. T. R. Millman, David Chabrand Delisle, 1730–1794, Montreal Churchman (Granby, Québec), XXIX (1941), no 2 : 14–16 ; no 3 : 14–16. J.-E. Roy, Les premiers pasteurs protestants au Canada, BRH, III (1897) : 2.— A. H. Young, Lord Dorchester and the Church of England, CHA Report, 1926, 60–65.

Bibliographie générale

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James H. Lambert, « CHABRAND DELISLE, DAVID », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 mars 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/chabrand_delisle_david_4F.html.

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Auteur de l'article:    James H. Lambert
Titre de l'article:    CHABRAND DELISLE, DAVID
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1980
Année de la révision:    1980
Date de consultation:    28 mars 2024