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DEMEULE, GEORGES (baptisé Joseph-Elzéar-Georges), cordonnier-machiniste, né le 3 juin 1903 dans le quartier Saint-Sauveur, à Québec, fils de Léandre Demeule et de Lumina Bérubé ; décédé le 1er avril 1918 au même endroit.

On sait peu de chose de l’enfance de Georges Demeule, sinon que, fils d’ouvrier, il habite le quartier Saint-Sauveur, à Québec. À compter de 10 ans, il apprend le métier de cordonnier-machiniste et trouve immédiatement du travail dans l’une des nombreuses manufactures de chaussures des quartiers Saint-Sauveur et Saint-Roch.

En mai 1917, le Canada est en guerre, et le premier ministre canadien, sir Robert Laird Borden*, de retour d’un voyage à Londres où il a assisté à la Conférence impériale, annonce à la Chambre des communes qu’il déposera bientôt un projet de loi destiné à mettre en vigueur la conscription. Demeule n’est alors âgé que de 13 ans. Le 24 juillet, la Loi concernant le service militaire est adoptée en troisième lecture par 102 voix contre 44. Désormais, tout Canadien de 18 à 60 ans peut être appelé sous les drapeaux.

Au Québec, le mécontentement est grand. Encore à la fin de 1916, Borden promettait de ne pas avoir recours au service obligatoire en raison des risques énormes qu’il comportait pour l’unité canadienne. Les manifestations se succèdent dans la province [V. Henri Bourassa* ; Armand La Vergne*]. En octobre, Borden annonce la formation d’un gouvernement d’union, regroupant des partisans de la conscription, et décrète la tenue d’élections générales pour le 17 décembre. Les résultats du scrutin divisent le Canada. La coalition, dirigée par Borden, obtient une majorité de 71 sièges dans l’ensemble du Canada, mais n’arrive à faire élire que trois partisans au Québec.

L’application de la loi augmente le ressentiment. Des tribunaux spéciaux, chargés de juger du bien-fondé des diverses demandes d’exemption, sont mis sur pied. L’interprétation restrictive des exemptions par certains juges suscite la colère dans la province de Québec parmi ceux qui se considèrent inaptes au service militaire. Ces derniers commencent alors à se terrer dans les greniers ou à fuir dans les bois. Le gouvernement fédéral engage des policiers spéciaux – les agents de la Police du dominion – pour mettre la main au collet de ces déserteurs.

À Québec même, la rumeur veut que ces agents, appelés populairement « spotters », touchent une prime de 10 $ pour chaque déserteur retrouvé. Finalement, le Jeudi saint, 28 mars 1918, la violence éclate dans le quartier Saint-Roch, quand trois de ces agents mettent la main au collet d’un jeune homme, qui ne peut présenter son certificat d’exemption. Une foule, évaluée à quelque 2 000 personnes, défile dans les rues en criant, saccage un poste de police, de même que le bureau du registraire, là où est conservé le fichier des conscrits, et le bureau de poste, quartier général du chef de l’armée. Ce tumulte dure quatre soirs.

Le 31 mars et le 1er avril, 2 000 soldats s’amènent par train en provenance de l’Ontario et du Manitoba, ainsi que le major-général François-Louis Lessard*, envoyé par les autorités militaires à Ottawa pour mettre un terme à ces manifestations. Dans la soirée du 1er avril, le lundi de Pâques, cavaliers, mitrailleurs et soldats à pied partent à la rencontre des manifestants réunis aux limites des quartiers Saint-Roch et Saint-Sauveur. Accueillis par des volées de glaçons, de briques et de pierres, ils ouvrent le feu : quatre personnes sont tuées et au moins 35 autres, blessées. Georges Demeule, âgé de 14 ans, est au nombre des morts. On compte aussi un menuisier de 49 ans, Honoré Bergeron, un mécanicien de 25 ans, Alexandre Bussières, et un étudiant de 23 ans, Édouard Tremblay.

À l’enquête du coroner, qui se tient du 8 au 13 avril, le médecin légiste déclare que le jeune Demeule, qui portait « un capot d’étoffe, une blouse de serge noir et un pantalon court en tweed », est mort, atteint d’une balle en plein cœur. Et sa mère, une veuve de 36 ans, ajoute qu’il travaillait 12 heures par jour et que, ce soir-là, il devait se rendre à la salle de la garde Champlain, à Saint-Roch, pour aller jouer au « euchre ». « Il venait de s’acheter un jeu de cartes pour cette soirée. » Les sept jurés qui assistent le coroner dans son enquête rendent leur verdict le 13 avril : ils déclarent les personnes tuées « innocentes de toute participation à cette émeute, qui devait son origine à la manière malhabile et grossière avec laquelle les officiers fédéraux chargés de l’exécution de la loi de conscription envers les insoumis exerçaient leurs fonctions » et recommandent au gouvernement fédéral « d’indemniser raisonnablement les familles des victimes, que l’on a prouvées être innocentes et sans armes au moment de leur mort ». En 1921, à la Chambre des communes, Georges Parent*, député libéral de Québec-Ouest, présente une proposition demandant d’indemniser les familles des victimes, proposition qui est battue. Les familles, donc, ne seront jamais indemnisées.

Jean Provencher

La copie dactylographiée du procès-verbal de l’enquête tenue à Québec en avril 1918 et présidée par le coroner Georges-William Jolicœur est déposée aux ANQ-Q, sous la cote E17/361, 1918, no 1661, et porte le titre : « Enquête tenue devant le coroner pour le district de Québec le 8 avril et les jours suivants sur les causes de la mort de Honoré Bergeron, Alexandre Bussières, Georges Demeule et Édouard Tremblay ». On trouve aux AN, sous la cote RG 24, 4516–4518, des dossiers qui traitent du rôle des troupes fédérales à l’occasion des émeutes de Québec et, dans les papiers Borden (MG 26, H, sér. RLB), 280, le dossier 520, intitulé « Riot in Quebec City », qui contient près de 40 pages de lettres, coupures de presse et divers documents. Les Arch. paroissiales, Saint-Sauveur, Québec, Codex historicus, 4 (1903–1921) contiennent trois pages sur les événements survenus à Québec.

À ce jour, l’ouvrage le plus important sur ces émeutes est celui de Jean Provencher, Québec sous la loi des mesures de guerre 1918 (Trois-Rivières, Québec, et Montréal, 1971). De plus, en collaboration avec Gilles Lachance, Jean Provencher est aussi l’auteur de la pièce de théâtre Québec, printemps 1918 (Montréal, 1974), traduite par Leo Skir, sous le titre « Quebec, spring 1918 », dans Canadian Theatre Rev. (Downsview [North York], Ontario), 28 (automne 1980) : 55–127. On consultera aussi E. H. Armstrong, The crisis of Quebec (New York, 1937 ; réimpr., Toronto, 1974).

Bibliographie générale

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Jean Provencher, « DEMEULE, GEORGES », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 avril 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/demeule_georges_14F.html.

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Auteur de l'article:    Jean Provencher
Titre de l'article:    DEMEULE, GEORGES
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1998
Année de la révision:    1998
Date de consultation:    20 avril 2024