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BRIEN, JEAN-BAPTISTE-HENRI, médecin et patriote, né en 1816 à Saint-Martin (Laval, Québec) ; décédé présumément célibataire en 1841 à New York.

Issu d’une famille de cultivateurs, Jean-Baptiste-Henri Brien, après avoir fréquenté le petit séminaire de Montréal de 1827 à 1833, se prépare à la pratique de la médecine. Il commence son apprentissage avec le docteur William Robinson, de Saint-Vincent-de-Paul (Laval), puis le poursuit avec le docteur Charles Smallwood*, de Saint-Martin. On admet Brien à l’exercice de la profession à l’automne de 1837. Il s’associe alors avec le docteur Jean-Baptiste Trestler de la paroisse Saint-Laurent.

Le 5 septembre 1837, Brien compte parmi les plus jeunes des membres fondateurs des Fils de la liberté [V. André Ouimet*], à Montréal. À la mi-novembre, il gagne Saint-Eustache où s’organise une résistance armée contre la politique gouvernementale d’arrestation des leaders patriotes. Toutefois il ne semble pas avoir participé à la bataille de Saint-Eustache le 14 décembre. À la fin de ce mois-là, il réussit, avec le curé Étienne Chartier*, de Saint-Benoît (Mirabel), et Jean-Baptiste-Chamilly de Lorimier, frère cadet de Chevalier, à franchir la frontière pour se réfugier aux États-Unis.

Brien vit d’abord à St Albans, au Vermont, puis à Plattsburgh, dans l’État de New York. Il participe à la réunion du 9 janvier 1838, à Swanton, au Vermont, au cours de laquelle Robert Nelson*, Cyrille-Hector-Octave Côté et Chevalier de Lorimier formulent le projet de revenir en force au Canada. Il travaille à préparer des balles et des munitions, particulièrement à Plattsburgh, et prend une part active, le 28 février 1838, à l’incursion de Caldwell’s Manor, près de la baie Missisquoi, au cours de laquelle Nelson proclame l’indépendance du Bas-Canada. Peu après, à St Albans, on l’initie aux secrets de l’Association des frères-chasseurs et aux projets qui visent à coordonner une invasion à partir des États-Unis et un soulèvement du Bas-Canada.

Brien séjourne à Montréal à l’été de 1838, puis il s’installe à Sainte-Martine. Il a mission de travailler à l’insurrection dans le comté de Beauharnois. La semaine du 3 au 10 novembre devait être celle du soulèvement général. Dans la soirée du 3 et la nuit du 4, à Beauharnois, les insurgés s’emparent des armes du quartier-maître des volontaires, prennent le manoir du seigneur Edward Ellice* et font des prisonniers, dont le fils Ellice et la femme de celui-ci. C’est Brien qui les conduira à Châteauguay. Plus que les autres chefs, comme Toussaint Rochon, forgeron de Beauharnois, et Joseph Dumouchelle, cultivateur de Sainte-Martine, Brien fait preuve de délicatesse envers les adversaires, au point où on le soupçonne d’être ambivalent. De fait, dès son retour à Sainte-Martine, le 4 novembre, il décide de tout lâcher et de fuir aux États-Unis. Il convainc un cultivateur et un commerçant de Sainte-Martine de l’accompagner, mais les deux hommes rebroussent chemin à l’approche de la nuit. Le lendemain, seul, Brien est fait prisonnier par les volontaires de Russeltown (Saint-Chrysostome).

Peut-être à la suggestion d’Edward Ellice fils, Brien aurait accepté de faire une confession complète, pour avoir la vie sauve. Un ordre du procureur général Charles Richard Ogden*, donné le 16 novembre 1838, au moment où Brien est détenu à la prison de Montréal, stipule que personne ne doit communiquer avec lui. Deux jours plus tard, Brien signe une longue déclaration dans laquelle il dévoile les activités des réfugiés aux États-Unis, les règles et les plans des frères-chasseurs, les actions de Beauharnois et de Sainte-Martine. Ce document est compromettant pour plusieurs, dont Chevalier de Lorimier, futur compagnon de cellule de Brien, qui sera pendu le 15 février 1839.

D’abord condamné à mort lui aussi par un conseil de guerre, pour crime de haute trahison, Brien échappera toutefois à cette peine. Le brouillon d’un texte adressé au Conseil exécutif, le 11 février 1839, se lit comme suit : « En conséquence des renseignements qu’il a fournis, Jean-Baptiste-Henri Brien ne sera pas exécuté. » Il demeure en prison jusqu’au 26 septembre 1839, date de sa remise en liberté sous condition de bannissement. Il gagne alors les États-Unis, en passant, croit-on, par le Haut-Canada, afin d’éviter qu’on le reconnaisse et de faire des rencontres indésirées.

Selon le journal de Louis-Joseph-Amédée Papineau, on aurait vu Jean-Baptiste-Henri Brien à New York à l’été de 1840 et il serait mort dans cette ville en 1841, après un voyage au Texas. Le Canadian Antiquarian and Numismatic Journal, qui publie en 1908 la déposition de Brien, écrit toutefois que ce dernier serait « décédé il y a peu d’années ». La première hypothèse, à défaut de plus amples informations, semble correspondre davantage aux probabilités.

Jean-Paul Bernard

Les informations concernant la naissance de Jean-Baptiste-Henri Brien proviennent d’un article paru le 4 déc. 1839 dans le North American.

APC, MG 24, B39.— BVM-G, Fonds Ægidius Fauteux, notes compilées par Ægidius Fauteux sur les patriotes de 1837–1838 dont les noms commencent par la lettre B.— Jane Ellice, The diary of Jane Ellice, Patricia Godsell, édit. (Ottawa, 1975).— L.-J.-A. Papineau, Journal d’un Fils de la liberté. [Jacques Paquin], Journal historique des événemens arrivés à Saint-Eustache, pendant la rébellion du comté du lac des Deux Montagnes, depuis les soulèvemens commencés à la fin de novembre, jusqu’au moment où la tranquillité fut parfaitement rétablie (Montréal, 1838).— Report of state trials, 2 : 548–561.— « Un document inédit sur les événements assez obscurs de l’insurrection de 1837–38 », [F.-L.-G.] Baby, édit., Canadian Antiquarian and Numismatic Journal, 3e sér., 1 (1908) : 3–31.— Le Canadien, 23, 25 oct. 1839.— Montreal Gazette, 11 oct. 1838.— North American, 15 nov., 11 déc. 1839.— Le Patriote canadien (Burlington, Vt.), 23 oct. 1839.— Caron, Inv. des doc. relatifs aux événements de 1837 et 1838 », ANQ Rapport, 1925–1926 : 235, 269, 275, 279 ; « Papiers Duvernay », 1926–1927 : 178–179, 182, 193, 201, 207, 209, 219, 221.— Fauteux, Patriotes, 141–143.— F.-T. Bègue-Clavel, Histoire pittoresque de la franc-maçonnerie et des sociétés secrètes anciennes et modernes (3e éd., Paris, 1844).— L.-O. David, « Révélations faites en prison par le Dr Brien, le faux ami du noble de Lorimier », l’Opinion publique, 24 mars 1881 : 133–134 ; 31 mars 1881 : 145–146 ; 7 avril 1881 : 157–158 ; 14 avril 1881 : 169–170 ; 21 avril 1881 : 181.

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Jean-Paul Bernard, « BRIEN, JEAN-BAPTISTE-HENRI », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 4 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/brien_jean_baptiste_henri_7F.html.

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Auteur de l'article:    Jean-Paul Bernard
Titre de l'article:    BRIEN, JEAN-BAPTISTE-HENRI
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1988
Année de la révision:    1988
Date de consultation:    4 déc. 2024