McCORD, ANDREW TAYLOR, fonctionnaire et philanthrope, né le 12 juillet 1805 à Belfast, fils d’Andrew et de Margaret McCord ; il épousa Charlotte Taylor, et ils eurent six filles et un fils ; décédé le 5 septembre 1881 à Toronto.

Andrew Taylor McCord fréquenta la Royal Belfast Academical Institution à la même époque que Francis Hincks, avant d’immigrer avec sa famille au Haut-Canada à l’âge de 26 ans. Ses sœurs ouvrirent un pensionnat de jeunes filles à York (Toronto) en juillet 1831 et il semble que McCord ait mis sur pied une entreprise de « marchandises sèches » à cet endroit avant de déménager à Dundas peu après. Il revint ensuite à York et, en juin 1834, n’ayant pas réussi à obtenir le poste de premier trésorier municipal, qui alla à Matthew Walton, il fut nommé percepteur du quartier St Patrick. Walton mourut du choléra en août de cette année-là et James Lesslie, ancien citoyen de Kingston et nouvel échevin du quartier St David, ainsi que William Lyon Mackenzie*, maire de Toronto, nommèrent McCord pour le remplacer. Le maire ne tarda pas cependant à s’opposer vivement à McCord, sans autre motif plus valable que le fait de le trouver « personnellement antipathique ». Néanmoins, appuyé par des groupes de tories et de réformistes siégeant au conseil (Lesslie signa lui-même son cautionnement), McCord assuma la charge qu’il allait conserver pendant 40 ans. Par la suite, il suscita relativement peu de controverses politiques comme trésorier municipal, malgré ses tendances réformistes. Pendant les années de suprématie tory sur la scène politique municipale, il demeura au-dessus des factions en conservant en public une position strictement neutre. Le maire George Monro* témoigna en ce sens devant la commission d’enquête sur la conduite des membres du conseil municipal au cours des élections de 1841 : « Le trésorier de la ville ne voulait pas se prononcer ; il n’a pas du tout voté : il conserve toujours son poste dont on n’est pas près de l’écarter. »

Les responsabilités du trésorier municipal augmentèrent considérablement pendant la carrière de McCord. À l’origine, on établit le salaire du trésorier, à qui on prévoyait donner un poste à temps partiel, à 4 p. cent des sommes qui lui passaient entre les mains. Comme le volume des transactions financières s’accrut énormément, on modifia ces conditions et on lui accorda un salaire fixe ; au milieu des années 1850, McCord était devenu le fonctionnaire municipal le mieux payé après le maire. Gêné par le manque de personnel, McCord lutta pour répondre aux exigences sans cesse grandissantes de la ville. Jusqu’en 1871, on chargea le bureau du trésorier d’exercer une surveillance sur toutes les propriétés municipales et d’établir le crédit financier de la ville pour permettre à celle-ci d’attirer des investissements importants de capitaux. Ce fut dans le domaine du commerce des obligations que McCord servit la ville de la façon la plus remarquable. En 1856, il négocia avec succès la vente au pair de £119 000 d’obligations municipales à Londres en vue du projet de développement Esplanade. Toutefois, au début des années 1870, la complexité croissante des affaires de la ville et la découverte de détournements de fonds par des commis du bureau de McCord entraînèrent la nomination d’un commissaire municipal en 1871, d’un comité d’évaluateurs responsables de la répartition des impôts en 1872 et d’un commissaire à l’évaluation en 1873. Mais tandis que les relations de McCord avec le comité des finances du conseil devenaient de plus en plus tendues, entre 1871 et 1873, pendant la controverse sur la vérification des dossiers de son service et sur deux cas de détournement de fonds, la réputation qu’il s’était faite en obtenant les meilleurs arrangements sur le marché monétaire de Londres en souffrit à peine. Puisque la commission du service des eaux de la ville demandait qu’on l’envoyât à Londres s’occuper de la vente de $600 000 d’obligations, il reporta à 1874 son projet de remettre sa démission, qu’il croyait lui être imposée par une publicité défavorable. La carrière politique de McCord commença, et prit fin, plus tard cette année-là après qu’il eut posé sa candidature au poste de maire contre Francis Henry Medcalf *, titulaire de cette charge, et Angus Morrison. Appuyé par des réformistes locaux de même que par le Globe et réclamant des restrictions économiques ainsi qu’un bon gouvernement, McCord se classa bon deuxième derrière Medcalf, mais ne brigua jamais plus un poste électif.

En tant que philanthrope, McCord donna généreusement de son temps et de son argent à un grand nombre d’œuvres religieuses et municipales. À l’instar des sœurs de McCord, celui-ci, sa femme et ses parents quittèrent l’Église d’Écosse pour devenir des fidèles actifs de l’église Zion (congrégationaliste) en 1836–1837. En 1847, McCord passa, seul, à l’église baptiste Bond Street, où il fut baptisé ; il joua un rôle de premier plan dans les œuvres baptistes locales et exerça les fonctions de trésorier, de 1851 à 1858, et de vice-président, de 1867 à 1875, de la Baptist Convention of Canada. Pendant plus de 30 ans, il fit office de secrétaire et de vice-président de l’Upper Canada Religious Tract and Book Society et occupa une position très en vue dans l’Upper Canada Bible Society, la Toronto City Mission et la Toronto Temperance Reformation Society. McCord se dépensa beaucoup, à une époque qui se complaisait dans la participation à un très grand nombre d’œuvres charitables ; l’un des membres du comité de direction du Toronto Athenaeum, il fit partie du conseil d’administration du Toronto General Burying Grounds pendant 25 ans, il assuma à un certain moment la présidence de l’Irish Benevolent Society et siégea aux conseils d’administration de la House of Industry, du Newsboys’ Lodging and Industrial Home et du Home for Incurables.

À sa mort, l’excellente réputation de fonctionnaire et de bienfaiteur que McCord s’était acquise demeurait intacte, puisque ses notices nécrologiques faisaient mention d’une faillite survenue au début de sa carrière, oubliée depuis longtemps, comme preuve de « son intégrité à toute épreuve ». Les difficultés qu’il avait connues au cours de ses dernières années comme trésorier étant tombées dans l’oubli, on constata que sa mort laissait « un vide [qui ne serait] pas du tout facile à combler » dans les rangs de ceux qui se consacraient à des œuvres philanthropiques et religieuses dans la ville.

Susan E. Houston

CTA, Toronto City Council, Minutes, 1834–1858 ; Toronto City Council papers, 1834–1896 (mfm aux AO).— York County Surrogate Court (Toronto), no 4 361, testament de A. T. McCord, 22 sept. 1881 (mfm aux AO).— Canada, prov. du, Assemblée législative, App. to the journals, 1841, app.S.— Toronto City Council, Minutes of proc., 1859–1874.— Globe, 6 sept. 1881.— The Baptist year book [...] (Toronto, etc.), 1856–1880.— Toronto directory, 1833–1869.— B. D. Dyster, « Toronto 1840–1860 : making it in a British Protestant town » (1 vol. en 2, thèse de ph.d., Univ. of Toronto, 1970).— Middleton, Municipality of Toronto.

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Susan E. Houston, « McCORD, ANDREW TAYLOR », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 11 oct. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/mccord_andrew_taylor_11F.html.

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Auteur de l'article:    Susan E. Houston
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1982
Année de la révision:    1982
Date de consultation:    11 oct. 2024