DESCHAMPS DE BOISHÉBERT, HENRI-LOUIS, écuyer, aide-major de Québec, capitaine dans les troupes de la marine, commandant de Détroit, né à la Rivière-Ouelle le 7 février 1679 et baptisé le lendemain ; le 10 décembre 1721, il épousa à Montréal Louise-Geneviève de Ramezay ; décédé à Québec le 6 juin 1736 et inhumé le jour suivant.

Depuis le xve siècle, la famille Deschamps, originaire de Normandie, avait toujours compté dans ses rangs des écuyers et des chevaliers. Henri-Louis, quatrième fils de Jean-Baptiste-François Deschamps de La Bouteillerie et de Catherine-Gertrude Macard, s’engagea dans les troupes de la marine, vers la fin des années 1690. On peut dire qu’il fut un bon soldat, plein d’initiative, si l’on en juge par son avancement au cours de ses années de service, jusqu’à sa promotion au grade de lieutenant, en 1715, ainsi que par les éloges que lui accordaient ses supérieurs. En 1702, le gouverneur Louis-Hector de Callière l’envoya à Michillimakinac pour enquêter sur les agissements de Charles Juchereau de Saint-Denys et de Pierre Le Sueur, qui étaient soupçonnés de se livrer illégalement à la traite des fourrures. Boishébert découvrit que les deux hommes, ainsi que plusieurs autres, trafiquaient ouvertement avec les Autochtones, en dépit des ordonnances royales, mais ses efforts pour remédier à cette situation ne rencontrèrent qu’indifférence et moqueries. Dans une lettre à Callière, il s’exprimait en ces termes : « il est très avantageux, Monsieur, et honorable pour moy d’estre chargé de vos ordres mais il est aussi très facheux de navoir pour touttes forces que du papier et de lancre pour les faire executter ».

Pendant presque toute la guerre de Succession d’Espagne, Boishébert servit en dehors du Canada. En 1705, il participa à la garde des ports de Terre-Neuve et à la capture de trois vaisseaux anglais, près de Boston. Deux ans après, il s’embarqua sur un navire corsaire, commandé par Alexandre Leneuf de La Vallière de Beaubassin, qui patrouilla l’Atlantique sans grand résultat. En 1710, il fut choisi pour conduire les renforts que le gouverneur Philippe de Rigaud de Vaudreuil envoyait en Acadie, pour aider le gouverneur Daniel d’Auger de Subercase à repousser les attaques anglaises. Malgré ces secours, Port-Royal (Annapolis Royal, N.-É.) se rendit aux troupes anglaises, le 2 octobre, et Boishébert revint au Canada. Jusqu’à la fin de la guerre, il travailla aux fortifications de Québec, en qualité d’adjoint de l’ingénieur en chef, Josué Dubois* Berthelot de Beaucours. En 1713, il fit un relevé topographique des côtes du Labrador et dressa des cartes qui furent envoyées au ministère de la Marine.

Après un voyage en France en 1716, Boishébert s’établit à Québec, où il avait été nommé aide major. Il s’intéressa à l’exploitation de sa seigneurie de La Bouteillerie pour laquelle son père avait déjà dépensé environ 50 000#, mais qui ne rapportait que 900# par an. En 1721, le gouvernement accorda en commun à Boishébert et Philippe Peire les droits exclusifs de la pêche au marsouin, au large de La Bouteillerie et de Kamouraska, ainsi qu’une subvention de 400# par an. L’entreprise fut toutefois peu prospère et le gouvernement lui retira son appui en 1732.

Promu au grade de capitaine en 1728, Boishébert fut nommé commandant de Détroit deux ans plus tard. À peu près à la même époque, les autorités de la colonie mirent en vigueur un nouveau règlement dans le but de mettre fin aux abus qui avaient cours depuis longtemps dans ce poste. Il était désormais strictement interdit au commandant de se livrer à la traite des fourrures. Pour payer les salaires, assurer l’administration et faire des cadeaux aux nations autochtones, il avait le droit de vendre des permis aux gens qui voulaient faire la traite dans son poste. En 1730, dans son rapport sur les conditions dans la colonie, Pierre-Jacques Payen* de Noyan déclarait que ce système assurait au commandant un revenu de 8 000 à 10 000# par an.

Boishébert respecta ce nouveau règlement et, contrairement à Antoine Lamothe Cadillac [Laumet] et Alphonse Tonty, ses deux célèbres prédécesseurs, il put rester en bonnes relations avec les colons de Détroit. Il montra en outre un intérêt particulier pour le développement de l’agriculture et la récolte de blé de 1735 s’éleva approximativement à 1470 boisseaux. Il eut toujours de bons rapports avec les Autochtones. En 1732 et 1733 cependant, plusieurs détachements de guerriers partirent de Détroit pour attaquer les Renards (Meskwakis) et les Chicachas.

Il semble que Boishébert quitta Détroit en 1734. Il mourut subitement à Québec, d’une attaque d’apoplexie, le 6 juin 1736.

Il avait épousé, le 10 décembre 1721, Louise-Geneviève de Ramezay, fille du gouverneur de Montréal, Claude de Ramezay. Ce fut un événement mondain d’une très grande importance, si l’on en juge par les nombreuses signatures de notabilités canadiennes qui figurent au contrat de mariage. Mme de Boishébert mourut à l’Hôpital Général de Québec le 13 octobre 1769. Les Boishébert avaient eu trois filles et deux fils. L’une des filles se fit religieuse et les deux autres épousèrent les fils d’éminentes familles canadiennes, les Saint-Ours Deschaillons et les Tarieu de Lanaudière. Le fils aîné, Claude-Louis, mourut alors qu’il était encore enfant. Le deuxième fils, Charles Deschamps* de Boishébert et de Raffetot, s’engagea dans les troupes de la marine en 1742, à l’âge de 15 ans, et se distingua dans les campagnes de la guerre de Succession d’Autriche et de la guerre de Sept Ans.

Yves F. Zoltvany

AJM, Greffe de Michel Lepallieur, 10 juin 1721.— AN, Col., B, 27, 29, 33, 35, 38, 39, 41, 42, 59 ; Col., C11A, 20, 29, 30, 37, 40, 52, 54, 56, 57, 59, 65 ; C11G, 3, 5 ; Col., F3, 10, 12 ; Col., D2C, 47, 49.— Correspondance de Vaudreuil, RAPQ, 1946–47 : 426, 459 ; 1947–48 : 155, 169, 238, 282, 305, 338.— Lettres de noblesse (P.-G. Roy), II : 32–58.— Michigan Pioneer Coll., XXXIII, XXXIV.— P.-G. Roy, Inv. ord. int., I : 194–196, 199.— Eccles, Canada under Louis XIV, 245.— J.-N. Fauteux, Essai sur l’industrie.— G. Frégault, François Bigot, administrateur français (2 vol., Montréal, 1948).— P.-G. Roy, La famille Deschamps de Boishébert (Lévis, 1906).— Sulte, Jean-Baptiste-François Deschamps de La Bouteillerie, BRH, XII (1906) : 112s.

Bibliographie de la version modifiée :
Bibliothèque et Arch. nationales du Québec, Centre d’arch. de Québec, CE301-S1, 8 févr. 1679, 7 juin 1736 ; Centre d’arch. de Montréal, CE601-S51, 10 déc. 1721.

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Yves F. Zoltvany, « DESCHAMPS DE BOISHÉBERT, HENRI-LOUIS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 4 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/deschamps_de_boishebert_henri_louis_2F.html.

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Auteur de l'article:    Yves F. Zoltvany
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1969
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Date de consultation:    4 déc. 2024