LEGGO, WILLIAM AUGUSTUS, graveur, photograveur, lithographe, éditeur et inventeur, né le 25 janvier 1830 à Québec, fils de William Augustus Leggo, relieur et graveur, et de Margaret Grant ; décédé le 21 juillet 1915 à Lachute, Québec.

Après des études à la Québec High School, William Augustus Leggo fait son apprentissage de graveur auprès de son père, apprentissage qu’il complète à partir de l’âge de 17 ans à Boston, auprès du graveur Cyrus A. Swett. William Augustus et ses trois frères, Thomas, Edward et Henry, s’intéressent de près aux procédés de reproduction mécanique des illustrations tout en poursuivant des travaux de gravure dans l’entreprise familiale. Le 21 janvier 1863, William Augustus s’associe pour cinq ans à George-Paschal Desbarats* et Stewart Derbishire*, sous la raison sociale de Wm A. Leggo and Company ; les associés se présentent comme graveurs, lithographes et électrotypistes. À la suite du décès de Derbishire en mars 1863, le fils de Desbarats, George-Édouard*, entre dans l’entreprise et devient le seul associé de Leggo après la mort de son père en novembre 1864.

À ce moment, l’engouement pour la photographie est grand, mais seuls quelques privilégiés, qui peuvent assumer à la fois le coût de l’appareil photographique, des plaques et de leur développement ou encore retenir les services d’un photographe, y ont accès. Une volonté de démocratiser la reproduction visuelle entraîne des recherches pour un plus grand accès à l’image. Le 27 février 1865, Leggo et Desbarats obtiennent un brevet concernant un nouveau procédé de reproduction photomécanique, la leggotypie, qui permet de reproduire des dessins et des gravures sans teinte. Techniquement, le procédé consiste à obtenir un moule en exposant à la lumière la photographie de l’image, recouverte de gélatine bichromatée. La gélatine durcit aux endroits exposés à la lumière. À partir de cette plaque, l’artisan confectionne un moule de plâtre qui lui sert à produire un cliché en cuivre pouvant être utilisé sur une presse typographique. Le 21 janvier 1868, Leggo forme à Montréal avec Desbarats la Leggo and Company, dont les bureaux sont situés place d’Armes et l’atelier au 319 de la rue Saint-Antoine. Dans sa première livraison du 30 octobre 1869, le Canadian Illustrated News, dont Desbarats est propriétaire, présente une gravure du prince Arthur traitée par le procédé photomécanique de Leggo. Desbarats utilise aussi la leggotypie dans l’Opinion publique, qui commence à paraître en janvier 1870, et dans la réimpression en fac-similé des Œuvres de Champlain la même année.

Pour reproduire une photographie, Leggo a déposé, en juin 1869, un nouveau brevet : celui de la photographie grenée. Le travail consiste à exposer le négatif de la photographie à un écran ligné ou pointillé. Les tons de la photographie deviennent brisés. Le nouveau cliché peut alors être reproduit sur une presse typographique. La première photographie grenée paraît dans le numéro du 3 juin 1871 du Canadian Illustrated News. Elle reproduit l’édifice du Bureau des douanes à Montréal. Entre-temps, les frères Leggo ont continué leur travail d’imprimeur et, en 1871, ils rééditent sous forme de chromolithographies la série de gravures de vues montréalaises, peintes par Robert Auchmuty Sproule*, gravées par William Satchwell Leney et imprimées par Adolphus Bourne* en 1830.

Pour Leggo et Desbarats le marché canadien est trop petit et, afin de rentabiliser les énormes capitaux qu’a nécessités la production des différentes publications, ils forment la Union Art Publishing Company, dont l’objectif est de publier à New York un quotidien illustré, qui paraît le 4 mars 1873 sous le nom de Daily Graphic. Desbarats doit toutefois se retirer de l’entreprise peu après, à cause de ses difficultés financières, et Leggo continue de produire le journal tout en poursuivant ses recherches avec Stephen H. Horgan. Le quotidien sera publié jusqu’en 1889, mais à compter de 1879 au moins, Leggo est de retour à Montréal, où il s’associe cette année-là à William H. Guillebaud, de New York, pour faire du commerce à titre de marchand et manufacturier, sous le nom de Leggo and Company. Il est alors établi à Lachute, non loin de Montréal. On ne sait rien de ses activités par la suite.

Tout au long de sa vie, William Augustus Leggo s’est intéressé à de nombreux autres sujets. Il a obtenu plusieurs brevets, notamment pour un projet de dirigeable et des procédés de transmissions transatlantiques de messages par télégraphe et par câble. À sa mort à Lachute en 1915, il laisse sa femme ainsi que quatre enfants, dont trois filles.

Bernard Dansereau

En 1867, William Augustus Leggo et George-Édouard Desbarats publient à Ottawa sous la raison sociale W. A. Leggo et Compagnie, Un art nouveau, la leggo-typie : procédé photo-électrotypique, breveté au Canada, aux États-Unis, en Angleterre, en France et en Belgique.

AC, Montréal, Cour supérieure, Déclarations de sociétés, 3, no 4281 (1868) ; 4, nos 402–5403 (1871) ; 8, no 773 (1879).— ANQ-Q, CE1-61, 7 nov. 1830 ; T11-1/28, nos 991 (1863), 1100 (1864), 1224 (1864).— Le Canadien, 22 oct. 1869.— Gazette (Montréal), 23 juill. 1915, 13 oct. 1956.— Mary Allodi, les Débuts de l’estampe imprimée au Canada : vues et portraits (Toronto, 1980), 64s.— Annuaires, Montréal, 1868–1873 ; Québec, 1830–1868.— Jim Burant, « Quand une image vaut mille mots : les journaux illustrés et les magazines sont des documents historiques de premier ordre », l’Archiviste (Ottawa), 13 (1986), no 5 : 6s.— Cabrette [É.-Z. Massicotte], « les Disparus », BRH, 26 (1920) : 191.— Canadian Illustrated News : a commemorative portfolio, Peter Desbarats, édit. (Toronto, 1970).— Yves Chèvrefils, « John Henry Walker (1831–1899), artisan-graveur », Annales d’hist. de l’art canadien (Montréal), 8 (1985) : 178–223 ; « John Henry Walker (1831–1899), artisan-graveur montréalais ; la montée et la chute du premier médium moderne d’illustration : la gravure sur bois de reproduction » (mémoire de m.a., univ. du Québec à Montréal, 1985) ; « la Reproduction de l’image au Canada de 1848 à 1902 », Nouvelles de l’estampe (Paris), no 97 (mars 1988) : 18–28 ; « Reproduction photomécanique et photographie d’amateur au Canada : quelques notes sur le rapport entre l’histoire d’une technique et le développement d’une pratique culturelle », Nouvelles de l’estampe, no 91 (mars 1987) : 22–25.— L.-O. David, Souvenirs et Biographies, 1870–1910 (Montréal, 1911), 251.— P.-G. Roy, Fils de Québec (4 sér., Lévis, Québec, 1933),: 106s.

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Bernard Dansereau, « LEGGO, WILLIAM AUGUSTUS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 2 oct. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/leggo_william_augustus_14F.html.

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Auteur de l'article:    Bernard Dansereau
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1998
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