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Titre original :  Guillaume Dollard., BM1,S5,P0571

Provenance : Lien

DOLLARD, WILLIAM (parfois orthographié Dullard), prêtre catholique et évêque, baptisé le 29 novembre 1789 à Ballytarina, comté de Kilkenny (république d’Irlande), fils de Michael Dollard et d’Anastasia Dunphy ; décédé le 29 août 1851 à Fredericton.

On sait peu de chose de l’éducation de William Dollard ou des influences qui auraient pu former sa personnalité. Durant sa jeunesse, le comté de Kilkenny était une partie relativement stable de l’Irlande, qui n’avait pas trop été affectée par la sanglante rébellion de 1798 et par ses conséquences dans les comtés avoisinants. Dollard étudia d’abord dans une hedge-school, puis, peut-être dès 1804, il entra au St Kieran’s College, situé juste à l’extérieur de la ville de Kilkenny. En 1812, il était inscrit en théologie.

Entre 1812 et 1815, l’évêque de Québec, Mgr Joseph-Octave Plessis*, visita à trois reprises les missions des Maritimes. Il constata que, par suite des récentes migrations d’Écossais et d’Irlandais, des milliers de catholiques ne recevaient pas les secours appropriés de la religion et, en 1813, il essaya de recruter des missionnaires ou des étudiants en théologie qui parlaient soit le gaélique d’Irlande ou celui d’Écosse. Il fit une demande dans des écoles, dont le St Kieran’s College où étudiait Dollard ; ce dernier fut l’un de ceux qui répondirent à son appel.

En 1816, Dollard s’embarqua pour Québec où il termina sa formation. Après lui avoir conféré les ordres mineurs, Mgr Plessis l’ordonna prêtre le 12 octobre 1817. Dix jours plus tard, il était nommé à Arichat où il partagea avec l’abbé François Lejamtel* le fardeau de desservir l’ensemble de l’île du Cap-Breton. Durant les quelques années suivantes, Dollard, qui s’occupait des Écossais et des Micmacs, était sans cesse par monts et par vaux. Il dormait souvent à la belle étoile, même en hiver, et semble s’être acquitté de sa tâche difficile malgré une piètre santé. Tout en apprenant le gaélique d’Écosse, il exerça son ministère auprès du plus grand nombre possible de paroissiens, lesquels étaient dispersés sur tout le territoire. Parmi les nombreuses personnes avec qui il se lia d’amitié se trouvait Lawrence Kavanagh*, marchand influent de St Peters qui contesta avec succès les lois excluant les catholiques de la fonction publique en Nouvelle-Écosse. En 1822, comme Kavanaugh commençait tout juste son combat, Dollard était alité chez lui, frappé d’une pleurésie. Mgr Plessis dut le rappeler à Québec et le garda à son service pour qu’il prenne le repos dont il avait besoin.

L’année suivante, Dollard fut renvoyé de nouveau dans les Maritimes pour desservir la communauté en pleine croissance établie sur les rives de la Miramichi, au Nouveau-Brunswick. Le commerce du bois avait attiré des milliers d’Irlandais et d’Écossais sur la côte nord de la colonie, et la population des ports de Chatham et de Newcastle se composait d’immigrants turbulents, dirigés par des marchands qui dictaient pratiquement leurs propres lois [V. Alexander Rankin ; Joseph Cunard*]. L’unique église paroissiale, située à Bartibog, avait été construite en 1800, mais le gros de la population s’était déplacé en amont. Les Irlandais étaient alors concentrés dans la paroisse de Nelson et se réunissaient dans une petite chapelle construite en 1769 ; en 1825, Dollard ouvrit à Nelson (Nelson-Miramichi) une nouvelle église dédiée à saint Patrick. L’incendie désastreux qui ravagea le village cette année-là calma pour un temps les antagonismes ethniques et religieux, mais les plus grands problèmes de Dollard restaient la rivalité entre les catholiques irlandais et écossais ainsi que la concurrence opiniâtre des missionnaires évangélistes entreprenants, comme le prédicateur baptiste Joseph Crandall. La personnalité de Dollard lui gagna le respect de tous, notamment celui de ses rivaux protestants et celui de son supérieur, l’Écossais pur sang Angus Bernard MacEachern*, évêque de Charlottetown. En témoignage de leur admiration, les autorités civiles nommèrent Dollard membre des bureaux régionaux de santé et d’éducation.

En 1833, Mgr MacEachern fit venir Dollard à l’évêché de St Andrews, à l’Île-du-Prince-Édouard, où celui-ci donna selon toute apparence des cours au petit séminaire et occupa le poste de vicaire général du diocèse. La mort de l’évêque, deux ans plus tard, provoqua la première d’une série de dissensions au sujet de la succession à l’épiscopat chez les Acadiens, les Écossais et les Irlandais dans les Maritimes. Le rôle de Dollard dans cette dispute est obscur, mais il semble avoir appuyé Bernard Donald Macdonald, qui allait être choisi en 1837 pour succéder à Mgr MacEachern. En 1836, Dollard fut nommé à la mission de Fredericton et, l’année suivante, le nouvel évêque lui donnait de nouveau le poste de vicaire général.

La population de Fredericton était moins turbulente que celle de la région de la Miramichi en raison de l’entourage du lieutenant-gouverneur et de la présence, d’une garnison, mais les nouvelles fonctions de Dollard n’en constituaient pas moins un défi. Sa paroisse comprenait tout le centre du Nouveau-Brunswick, et il devait desservir une population catholique dispersée, composée d’Acadiens, d’Indiens et d’Irlandais. Comme il n’existait que quelques petites chapelles, sa première tâche consista à bâtir des églises appropriées, ce qu’il ne tarda pas à faire à Woodstock et à Kingsclear. Ce besoin n’était nulle part ailleurs aussi pressant que dans la capitale elle-même, mais Dollard était tellement occupé qu’il ne put remplacer la petite chapelle existante avant des années. Un accroissement de la population catholique partout dans sa mission ainsi que les jalousies entre groupes ethniques amenèrent la réorganisation des circonscriptions ecclésiastiques des Maritimes, en septembre 1842. Halifax devint le siège de l’archevêché dont dépendaient les Maritimes, et l’on divisa le diocèse de Charlottetown afin de créer un autre diocèse qui comprendrait le Nouveau-Brunswick. Le choix d’un évêque pour le Nouveau-Brunswick ralluma de vieilles rivalités. L’abbé Antoine Gagnon*, qui œuvrait dans la partie nord de la colonie, avait plus d’ancienneté que Dollard, mais celui-ci avait apparemment de meilleures relations. On donna à Mgr Macdonald le choix du diocèse, et comme il avait décidé de rester à l’Île-du-Prince-Édouard, Dollard reçut le diocèse du Nouveau-Brunswick.

L’évêque coadjuteur de Québec, Mgr Pierre-Flavien Turgeon*, sacra William Dollard évêque de Fredericton le 11 juin 1843. Dollard n’utilisa jamais ce titre, préférant celui d’« évêque du Nouveau-Brunswick ». Si un évêque catholique irlandais avait pris le nom de la capitale très britannique d’une province britannique et anglicane, cela aurait soulevé des problèmes. Dollard désirait peut-être aussi éviter toute discorde avec l’Église d’Angleterre (celle-ci, de toute façon, ne tarda pas à envoyer John Medley* comme son propre évêque, lequel prit le titre d’évêque de Fredericton). Avec un sentiment d’urgence, né probablement de sa consécration, Dollard entreprit immédiatement la construction d’une nouvelle église à Fredericton. Selon certains, il aurait recueilli autant d’argent des protestants que des catholiques. Le gouvernement provincial ne fut pas aussi généreux. Dès 1844, Dollard tenta de faire constituer juridiquement le diocèse afin de ne pas avoir à posséder des propriétés de l’Église à titre de simple citoyen. La chambre d’Assemblée adopta à deux reprises la loi d’autorisation, mais le Conseil législatif la rejeta par deux fois. À la troisième tentative, le conseil se laissa fléchir, et le diocèse fut reconnu juridiquement le 6 juillet 1846. L’année précédente, la nouvelle église, dédiée avec diplomatie à un patron anglais, saint Dunstan, avait été ouverte, même si elle était loin d’être terminée. Au cours des quelques années qui suivirent, des dons, sous forme de mobilier d’autel, arrivèrent du Bas-Canada et d’Irlande, jusqu’à ce que Dollard et son nouveau siège épiscopal possèdent l’une des plus belles églises en bois de la province.

Avant même la fin de sa construction, des événements plus importants détournèrent Dollard de sa principale église. La famine qui sévissait dans leur pays avait poussé des milliers d’Irlandais à immigrer au Nouveau-Brunswick, et l’évêque sentait qu’il serait plus utile dans le port d’entrée que constituait Saint-Jean. Dès 1848, il y installa sa résidence. Soulager la famine, les maladies et la pauvreté étaient choses plus urgentes pour Dollard que le maintien du prestige d’un évêque dans la capitale. Pour lui, il était aussi impératif de faire tout en son pouvoir pour améliorer les relations entre les habitants du pays, méfiants et souvent hostiles, et les Irlandais fraîchement arrivés, pleins d’amertume et de colère. En 1847, un conflit sérieux avait éclaté à Woodstock et, deux ans plus tard, un autre beaucoup plus grave s’était produit à Saint-Jean. Le rôle de Dollard fut de prêcher la modération. Il tenta d’organiser l’installation des immigrants, ce qui nécessita des voyages presque continuels et détériora de nouveau sa santé. Le vendredi 29 août 1851, au cours d’un séjour à Fredericton, Dollard mourut, peut-être des suites du diabète. Le dimanche suivant, il fut enterré avec simplicité sous l’autel de l’église St Dunstan. (Un siècle plus tard, les enfants de chœur, dont le soussigné, descendants des immigrants qui furent ses ouailles, allaient se communiquer les uns les autres à voix basse et respectueuse que l’eau bénite des fonts baptismaux tombait goutte à goutte sur son front, assurant la communion éternelle avec l’assemblée des catholiques qu’il avait tant contribué à créer.)

Ne voir en William Dollard que le missionnaire et l’évêque, c’est ne tenir aucun compte de l’énorme influence que cet homme exerça sur la société instable et en pleine croissance que fut le Nouveau-Brunswick durant la première moitié du xixe siècle. À sa manière discrète et bienveillante, mais assidue, Dollard fut un pionnier dont la contribution a autant de valeur que celle d’autres personnes, comme certains de ses collègues missionnaires, qui acquirent une notoriété passagère grâce à des qualités diamétralement opposées. On le considérait partout comme un intermédiaire honnête qui pouvait franchir le fossé creusé par les rivalités ethniques et confessionnelles. Même les plus virulents critiques des Irlandais ou des catholiques pouvaient encore le citer comme l’exception à la règle. On n’a retrouvé aucune mention d’hostilité envers lui en tant que personne, si tant est que de telles mentions existent. Considérant la société du Nouveau-Brunswick à cette époque, on ne peut trouver meilleure épitaphe.

Peter M. Tuner

Arch. of the Diocese of Saint John (Saint-Jean, N.-B.), Dollard papers.— [Robert Cooney], A compendious history of the northern part of the province of New Brunswick, and of the district of Gaspé, in Lower Canada (Halifax, 1832 ; réimpr., Chatham, N.-B., 1896) ; The autobiography of a Wesleyan Methodist missionary, (formerly a Roman Catholic), containing an account of his conversion from Romanism, and his reception into the Wesleyan ministry ; also reminiscences of nearly twenty-Five years’ itinerancy in the North American provinces [...] (Montréal, 1856).— A. A. Johnston, Hist. of Catholic Church in eastern N.S.— J. G. McDonald, « Nucleus of Saint John diocese centred in pioneer mission work of Jesuits 300 years ago », Official historical booklet, Diocese of Saint John, B. P. McCafferty, édit. (Saint-Jean, 1948).— C. A. Nugent, « A study of the Right Reverend William Dollard, D. D., first Catholic bishop of New Brunswick » (essai dactylographié, 1964, autrefois au Musée du N.-B., retiré depuis 1983).— W. J. Osborne, « The Right Reverend William Dollard, D.D., first bishop of New Brunswick », SCHÉC Report, 9 (1941–1942) : 23–28.

Bibliographie générale

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Peter M. Tuner, « DOLLARD, WILLIAM », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 19 mars 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/dollard_william_8F.html.

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Auteur de l'article:    Peter M. Tuner
Titre de l'article:    DOLLARD, WILLIAM
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1985
Année de la révision:    1985
Date de consultation:    19 mars 2024