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GRAY LOCK (La Tête Blanche, The Whitehead, Wawenorrawot, Wewonorawed, Wawanolewat), chef indien de Missisquoi (près de Swanton, Vermont) ; apparemment circa 1675–1740.

Celui qui porta le nom de Gray Lock semble avoir appartenu tout d’abord à la tribu des Waranokes qui habitaient la région de la rivière Westfield, au Massachusetts ; dans les documents, ce nom est relié à des activités qui s’échelonnent sur une période de temps si étendue qu’il pourrait s’agir là du père et aussi du fils. Le nom Wawenorrawot est mentionné pour la première fois dans une lettre que John Gyles écrivit au gouverneur du Massachusetts en date du 28 avril 1727, et il s’agit manifestement du mot abénaquis wawánolewát qui veut dire « celui qui berne les autres ou les distance ». Ce nom décrit si bien les exploits accomplis par Gray Lock pendant la guerre dite de Dummer (1722–1727), qu’il semble probable qu’on le lui ait attribué à ce moment-là et qu’il ait remplacé le nom indien qu’il avait porté jusque-là.

On a dit que Gray Lock (nom que lui a valu une mèche de cheveux blanchie prématurément) avait participé activement à la guerre des Indiens (King Philip’s War, 1675–1676) contre les colons du Massachusetts et qu’il s’était enfui au pays des Agniers au moment de la défaite de Philip. Il est plus probable qu’il ait été l’un des réfugiés qui, après la guerre, battirent en retraite vers la région de la rivière Hudson et qui, au cours des années 1676–1677, étaient établis à Schaghticoke, près de l’embouchure de la rivière Hoosic au pays des Loups. On a attribué à la perte de son territoire au cours de la guerre l’hostilité qu’il manifesta contre les Anglais.

Le nom de Gray Lock réapparaît dans les documents quelque 35 ans plus tard. En 1712, cet Indien attaqua Northampton, dans le Massachusetts, au cours d’un des derniers raids de la guerre de la Succession d’Espagne. On disait qu’il venait « de Montroyall » ; il est possible que ce soit de Sault-Saint-Louis (Caughnawaga, Québec) ou de Chambly, encore que Missisquoi ou Saint-François-de-Sales (Odanak) aient pu passer pour Montréal aux yeux des Anglais du sud de la Nouvelle-Angleterre.

Au cours de la guerre dite de Dummer, un Indien du nom de Gray Lock devint célèbre pour ses raids audacieux contre le Massachusetts et son habileté à demeurer insaisissable. Les autorités d’Albany servirent souvent d’intermédiaires entre le Massachusetts et Gray Lock, vu que la colonie de New York ne participait pas à cette guerre et qu’elle était en relations avec les Schaghticokes, parmi lesquels Gray Lock avait recruté bon nombre de ses guerriers. Au printemps de 1723, William Dummer, lieutenant-gouverneur du Massachusetts, tenta de se concilier Gray Lock qui vivait à Missisquoi, en lui offrant un collier de porcelaine et des cadeaux par l’entremise du colonel Johannes Schuyler d’Albany. Les ouvertures de paix de Dummer ne semblent pas être parvenues jusqu’à Gray Lock ; en août il fondit sur Northfield et Rutland, au Massachusetts, et s’enfuit avec des prisonniers. On fit appel aux éclaireurs et à la cavalerie, mais en octobre Gray Lock attaqua de nouveau Northfield et réussit encore à fuir sain et sauf. On lança d’autres troupes après lui et, au début de 1724, on éleva un fortin, fort Dummer, au nord de Northfield près de l’actuel Brattleboro, Vermont, afin de parer à de nouvelles attaques. En outre, les forts de Northfield furent renforcés.

Gray Lock quitta Missisquoi en juin 1724 et deux jours après son départ le gouvernement d’Albany en avertit les villages situés à la frontière du Massachusetts ; néanmoins, l’incursion de Gray Lock réussit quand même. Des éclaireurs de Hatfield le poursuivirent jusqu’à Otter Creek (dans le Vermont actuel) mais il parvint à se défiler, puis il revint sur ses pas et passa l’été à rôder à l’ouest des établissements de la rivière Connecticut et à se livrer à des incursions dans Deerfield, Northampton et Westfield. Cet été-là, les travaux de fenaison et de moisson à Northfield furent effectués par des groupes considérables d’hommes armés, et des éclaireurs continuèrent à battre le pays vers le nord, même après que Gray Lock eut regagné Missisquoi, au début de novembre.

Le dernier des partis d’éclaireurs continua ses sorties jusqu’en mars et avril 1725, et dès qu’il se fut retiré, Gray Lock quitta ses quartiers d’hiver et de nouveau jeta l’alarme dans les établissements de la Nouvelle-Angleterre. Voulant exercer des représailles, le capitaine Benjamin Wright recruta des hommes et partit en juillet pour Missisquoi mais, à court de vivres, il dut rebrousser chemin. Gray Lock suivit Wright jusqu’à Northfield ; les alertes et les escarmouches se poursuivirent autour du fort Dummer et de Deerfield pendant tout le reste de l’été.

À l’automne de 1725, les Abénaquis de Penobscot apportèrent à Boston la nouvelle qu’un grand conseil des tribus avait été tenu au cours de l’été à Saint-François et que toutes étaient en faveur de la paix. Albany confirma le fait que les Abénaquis du Canada étaient las de la guerre et révéla que seulement deux bandes de guerriers étaient en campagne – l’une d’elles était la bande de Gray Lock. En décembre 1725, les Pentagouets entamèrent des négociations en vue d’un traité de paix (V. Sauguaaram) mais l’entente n’incluait pas les Abénaquis ; en mars 1725/1726, Dummer apprit que Gray Lock était en train de réunir une autre bande de guerriers à Otter Creek. Dummer demanda aux Pentagouets de persuader Gray Lock de faire la paix et donna des directives pour que les villes frontalières engagent le chef indien à venir parlementer. En janvier 1726/1727, les autorités d’Albany déléguèrent Malalamet, frère de Gray Lock, qui, semble-t-il, était encore à Schaghticoke, pour aller inviter le chef guerrier à venir négocier à Albany, mais Malalamet ne put le rencontrer, ainsi qu’il le fit savoir par la suite. Lorsque les Abénaquis du Canada firent connaître par l’intermédiaire des Pentagouets leur désir de faire la paix, une vingtaine de guerriers, y compris Gray Lock, Amaraguened et Onedahauet (Comhommon), envoyèrent une ceinture et une lettre faisant état de leur indécision. On disait qu’ils avaient été encouragés dans leur attitude par Joseph Aubery, missionnaire à Saint-François. Il n’est pas certain que leur message soit parvenu à Dummer.

En avril 1727, un groupe important d’Abénaquis du Canada se réunirent à Ticonic (Winslow, Maine) pour attendre la conclusion d’un traité. En mai, un courrier rapporta la nouvelle que les guerriers dissidents étaient partis en guerre contre les Anglais. Ceux qui désiraient la paix lancèrent à la poursuite des guerriers un détachement qui les contraignit à revenir. La paix avec le Massachusetts fut enfin établie conjointement par les Pentagouets et les Abénaquis du Canada à Falmouth (Portland, Maine) en juillet 1727. Aucun des guerriers de Gray Lock n’est mentionné dans le procès-verbal des pourparlers.

Les documents anglais ne mentionnent plus Gray Lock après 1727. Les registres du fort Saint-Frédéric (Crown Point, N.Y.) renferment l’inscription du baptême, en date du 19 avril 1740, de Jean-Baptiste, fils de Pierre-Jean, dit La Tête Blanche, et de sa femme Hélène. Pierre-Jean était présumément Gray Lock lui-même. Nicolas Ouaouënouroué, un des cinq chefs de Saint-François en 1750, était probablement un fils de Gray Lock. Il est possible que le capitaine Louis, ou Louis Wahawanulet, bien connu dans la région du lac Memphrémagog, ait été son petit-fils ; il fut tué à Châteauguay en 1813. Wawanolet est actuellement un des noms de famille les plus répandus chez les Abénaquis de Saint-François.

On ne connaît de façon certaine, ni la date de mort de Gray Lock, ni l’endroit de sa sépulture. Pour perpétuer sa mémoire, les descendants de ses anciens ennemis ont nommé le plus haut sommet des montagnes Berkshire, dans le Massachusetts, Mont Greylock.

Gordon M. Day

Les débuts de la carrière de Gray Lock ne sont connus pour une bonne part que par les traditions conservées dans les histoires des villes de la Nouvelle-Angleterre et ils mériteraient des recherches plus poussées. Les documents français, chose surprenante, font peu mention de cet important chef de file indien, même au cours de la guerre dite de Dummer. La raison pourrait en être qu’à la baie Missisquoi il n’y eut pas de mission française avant 1743 et que celle-ci n’exista qu’un an ou deux. Le ministère était dispensé plus ou moins régulièrement aux Indiens de Missisquoi par les aumôniers du fort Saint-Frédéric ; par conséquent, il n’existe pas de registres détaillés qu’un missionnaire en résidence aurait tenus. La perte par le feu des registres de Saint-François-de-Sales, en 1759 et de nouveau en 1819, ne permet pas d’affirmer avec certitude que Louis Wahawanulet était le petit-fils de Gray Lock.  [g. m. d.]

Archives privées, A. G. Styan (Saint-Lambert, Qué.). E. Harrington, Notes made at St. Francis Indian village in 1869, 9, 21s.— « Mass. Archives », XXXI : 520 ; XXXIIIA : 111.— H. S. Burrage, Capt. John Wilson and some military matters in Maine in the war of 1812–15, Coll. of the Maine Hist. Soc., 2e sér., X (1907) : 403–408.— Documentary history of Maine, XXIII : 186–202.— William Hubbard, The history of the Indian wars in New England [...] (Boston, Londres 1677 ; nouv. éd., 2 vol., Roxbury, Mass., 1865), II : 94, 98, 188.— Indian treaties, Coll. of the Maine Hist. Soc., 1re sér., III (1853) : 377, 407–447.— JR (Thwaites), LXIX : 72s.— NYCD (O’Callaghan et Fernow), III : 561 ; IV : 575–577, 715, 743s., 902–904, 990–992.— J. H. Lockwood, Westfield and its historie influences, 1669–1919 [...] (Springfield, Mass., 1922), 342–349.— P.-G. Roy, Hommes et choses du fort Saint-Frédéric, 271.— J. H. Temple et George Sheldon, History of the town of Northfield, Massachusetts, for 150 years [...] (Albany, 1875), 191–215.— J. R. Trumbull, History of Northampton, Massachusetts, from its settlement in 1654 (2 vol., Northampton, Mass., 1898–1902), I : 513.— The Vermont historical gazetteer [...], A. M. Hemenway, édit. (5 vol., Burlington, Vt, 1868–1891), IV : 962s., 998–1 000.— T.-M. Charland, Un village d’Abénakis sur la rivière Missisquoi, RHAF, XV (1961–1962) : 319–332.— Nathan Goold, Col. James Scamman’s 30th régiment of foot, 1775, Coll. of the Maine Hist. Soc. 2e sér., X (1907) : 337, 358s., 371–373, 376–380, 385–387, 391s., 400.— M. A. Safford, Annual field day, 1897, Coll. of the Maine Hist. Soc., 2e sér., IX (1907) : 321.

Bibliographie générale

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Gordon M. Day, « GRAY LOCK », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 mars 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/gray_lock_3F.html.

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Auteur de l'article:    Gordon M. Day
Titre de l'article:    GRAY LOCK
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1974
Année de la révision:    1974
Date de consultation:    28 mars 2024