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ROSS, sir JOHN, officier de marine, explorateur et auteur, né le 24 juin 1777 à Balsarroch, Écosse, quatrième fils du révérend Andrew Ross, ministre à Inch, et d’Elizabeth Corsane ; en 1816, il épousa Christian Adair (décédée en 1822), et ils eurent un fils, puis, le 21 octobre 1834, Mary Jones ; décédé à Londres le 30 août 1856.

John Ross entra dans la marine royale comme volontaire de première classe le 11 novembre 1786 et il servit à bord du Pearl dans la Méditerranée jusqu’en décembre 1789. L’année suivante, il fut muté à l’Impregnable, qui était stationné à Portsmouth. Son nom fut maintenu au rôle de l’équipage durant les huit années qui suivirent, mais, en réalité, sur le conseil de son capitaine, il fit du service dans la marine marchande en tant qu’apprenti matelot pour acquérir l’expérience de la haute mer. De retour dans la marine royale en septembre 1799, il fut promu midshipman et il servit à bord de différents navires dans la mer du Nord et dans la Méditerranée jusqu’au moment où, la guerre ayant éclaté en 1803, il fut affecté au Grampus, sous les ordres de l’amiral sir James Saumarez. Il obtint son brevet de lieutenant de vaisseau le 13 mars 1805 et, plus tard cette année-là, il fut grièvement blessé lorsque son navire fut pris sous le feu des bateaux ennemis à Bilbao, en Espagne.

Ross avait appris le suédois pendant son service dans la marine marchande et, en 1808, à l’occasion d’un combat mené conjointement par les forces suédoises et anglaises contre une escadre russe, il fut appelé à servir d’officier de liaison et d’interprète pour Saumarez à bord du navire amiral suédois. Cette action lui valut d’être nommé, par la Suède, chevalier commandeur de l’ordre de l’Epée, en août 1809. Il accéda au rang de commander le 1er février 1812 et, à la fin de mars, il obtint le commandement du Briseis, stationné dans la mer Baltique. Il se distingua au cours de plusieurs combats, tout spécialement contre des navires français, puis il fut muté au sloop Actaeon en juin 1814 et il servit dans la mer du Nord et dans la mer Blanche, ainsi que le long de la côte de l’Irlande. En août 1815, il reçut le commandement du Driver.

En 1816, les guerres napoléoniennes étaient terminées. Âgé de 39 ans, Ross avait navigué presque sans répit durant 30 ans et il avait été blessé, semble-t-il, pas moins de 13 fois. Officier énergique, ambitieux et compétent, il connut beaucoup de succès dans sa carrière de marin, obtenant des pensions qui augmentaient sans cesse et des parts de prise qui étaient considérables. Pendant qu’il commandait le Driver, en service le long de la côte de l’Écosse, il eut la satisfaction de dessiner et de construire avec sa première femme une nouvelle demeure, North West Castle, à Stranraer, près de l’endroit où il était né sur le loch Ryan. Il goûtait les plaisirs du service en temps de paix et il attendait le moment de prendre sa retraite. En décembre 1817, toutefois, il reçut des ordres qui allaient le conduire à une nouvelle étape dans sa carrière de navigateur.

La paix étant rétablie, l’Amirauté britannique put entretenir d’autres soucis que ceux de la défense et, sous la direction du second secrétaire de l’Amirauté John Barrow, on recommença de s’intéresser à la recherche d’un passage au nord-ouest. Par des rapports provenant des baleiniers de l’Atlantique Nord, Barrow avait appris que des quantités encore jamais vues de glaces s’étaient détachées à l’est du Groenland et que pour cette raison, semblait-il, des amas de glaces de dimensions exceptionnellement grandes et un nombre inhabituel d’icebergs avaient dérivé vers le sud aussi loin que le 40e degré de latitude nord. Ces constatations menèrent à l’hypothèse d’une diminution de l’ensemble de la barrière de glace de l’Arctique et incitèrent Barrow, qui avait l’appui du président de la Royal Society, sir Joseph Banks*, à dresser les plans de deux expéditions simultanées : l’une devait se diriger vers le pôle Nord pour essayer de se frayer un chemin à travers les glaces jusqu’au détroit de Béring, tandis que l’autre devait chercher un passage vers l’ouest par le détroit de Davis. On décida d’offrir deux séries de prix d’une valeur proportionnelle aux endroits atteints – le projet fut adopté par une loi du Parlement de Londres en 1818 – afin de récompenser les premiers navigateurs qui allaient dépasser diverses longitudes vers l’ouest à partir du détroit de Davis, à l’intérieur du cercle polaire arctique, et ceux qui allaient atteindre diverses latitudes en tentant de se rendre au pôle Nord. Le 11 décembre 1817, Ross reçut une lettre de l’Amirauté, signée par sir George Hope, l’informant qu’il avait été choisi pour commander l’expédition du détroit de Davis ; le capitaine David Buchan* fut chargé de diriger l’expédition du pôle Nord.

Ross arriva à Londres le 30 décembre et, après avoir obtenu de lord Melville, premier lord de l’Amirauté, l’assurance qu’il allait accroître ses chances d’avancement en acceptant cette mission, il visita les navires que l’on équipait en vue des expéditions. Il choisit l’Isabella, de 385 tonneaux, comme navire amiral, et l’Alexander, un peu plus petit, comme navire de conserve. Le lieutenant de vaisseau William Edward Parry fut nommé commandant de l’Alexander et, parmi les officiers subalternes attachés à l’expédition, se trouvaient le neveu de Ross, le midshipman James Clark Ross*, et le lieutenant de vaisseau Henry Parkyns Hoppner*. En outre, sur la recommandation de la Royal Society, le capitaine Edward Sabine* du Royal Regiment of Artillery fut affecté à l’Isabella en vue de diriger des observations scientifiques. Les instructions de Ross, datées du 31 mars 1818, lui commandaient d’aller vers le nord par le détroit de Davis et la baie de Baffin dans le but de chercher une voie libre permettant de contourner l’extrémité nord-est de l’Amérique du Nord et de naviguer ensuite vers l’ouest jusqu’au Pacifique par le détroit de Béring. Il devait prendre des notes sur les courants, les marées, l’état des glaces, le magnétisme et recueillir des spécimens des sciences naturelles.

En avril, Ross descendit la Tamise avec ses navires et, après une courte escale aux îles Shetland, où Buchan et lui se rejoignirent, il fit voile en direction du Groenland. Au cours de la première bordée du voyage, l’existence de la terre engloutie de Buss fut réfutée lorsque les navires, passant au-dessus de l’endroit où les cartes la situaient depuis 1578, ne trouvèrent pas le fond à 180 brasses. Parvenus dans le détroit de Davis à la fin de mai, les voyageurs rencontrèrent les icebergs et, se dirigeant vers le nord, ils aperçurent plusieurs baleiniers qui éprouvaient des difficultés avec les amas de glaces. Au détroit de Waygatt, entre l’île Disko et le Groenland, Ross trouva 45 baleiniers emprisonnés par les glaces et il fut lui-même immobilisé durant quelques jours. Il laissa finalement le dernier des baleiniers derrière lui dans une baie qu’il baptisa du nom de Melville et, au début d’août, il entra dans des eaux qui n’avaient pas été visitées par un Européen depuis le voyage de William Baffin* en 1616. Avec l’aide de John Sacheuse, un Inuk du sud du Groenland qui, s’étant rendu en Angleterre sur un baleinier, avait appris l’anglais et s’était joint à l’expédition de Ross en qualité d’interprète, des contacts furent établis avec plusieurs groupes d’Inuit le long de la côte nord-ouest du Groenland. Ross, qui appela ces gens les « Highlanders de l’Arctique », consacra un chapitre de son journal de voyage aux observations qu’il fit sur eux.

Les navires progressèrent très lentement vers le nord, en longeant des falaises abruptes et en traversant des eaux agitées par les glaces où foisonnaient les mergules, les baleines et les narvals. Ross confirma un grand nombre d’observations faites par Baffin et il donna des noms à plusieurs endroits. Il baptisa les caps situés de chaque côté du détroit de Smith en donnant le nom de l’Alexander à celui de l’est et le nom de l’Isabella à celui de l’ouest, et il conclut à tort que le détroit était fermé au nord par une terre ; à la vérité, il aboutit au bassin de Kane [V. Elisha Kent Kane], d’où un chenal mène à l’océan Arctique. Obliquant vers le sud, Ross emprunta le détroit de Jones et, cette fois encore, il affirma qu’il avait vu des montagnes à l’extrémité ouest et commit l’erreur de proclamer qu’il s’agissait d’une baie. Le 30 août, il arriva en vue du bras de mer que Baffin avait baptisé détroit de Lancaster et, aux premières heures du 31 août, il y pénétra en direction ouest, tandis que l’Alexander traînait derrière. Vers quatre heures du matin, il affirma qu’il voyait la ligne de faîte d’une haute chaîne de montagnes au fond du bras de mer et, à trois heures de l’après-midi, il observa encore ce qui lui sembla être des montagnes à l’ouest. Il appela cette chaîne les monts Croker en l’honneur de John Wilson Croker, premier secrétaire de l’Amirauté, et, contre l’avis de ses officiers subalternes, il décida de rebrousser chemin. Ce fut le moment critique de tout le voyage ; les monts Croker étaient un mirage qui allait hanter Ross durant le reste de sa vie. Il se dirigea vers le sud en longeant la côte ouest du détroit de Davis et, le 1er octobre, il emprunta le détroit de Cumberland (baie de Cumberland) où les chances de trouver un passage lui semblaient meilleures, mais il ne s’arrêta pas à l’explorer car la saison était avancée. Mettant le cap sur l’Angleterre, il atteignit Grimsby le 14 novembre et arriva à Londres deux jours plus tard avec ses livres de bord et ses papiers.

Cette expédition confirma un grand nombre des découvertes que Baffin avait faites au xviie siècle et elle permit de tracer sur les cartes le contour de la baie de Baffin. Les monts Croker, toutefois, devinrent immédiatement l’objet d’une controverse qui dressa Barrow, Sabine et Parry contre Ross dans un débat animé et parfois acrimonieux. A voyage of discovery [...], l’ouvrage que Ross fit paraître au début de 1819, fut critiqué d’une manière acerbe et ridiculisé par Barrow dans la Quarterly Review. Décrivant Ross comme « un officier actif et dévoué dans les devoirs ordinaires de sa profession », Barrow déclara qu’il était particulièrement inapte à commander un voyage de découvertes qui exigeait « une recherche avide et persévérante de détails [qui n’étaient] pas toujours intéressants, un mépris du danger et un enthousiasme susceptible de résister aux difficultés ordinaires ». De nombreux éléments du récit de Ross furent mis en question par Barrow, mais le plus litigieux fut sa décision de rebrousser chemin dans le détroit de Lancaster « au moment même où s’annonçaient les plus brillantes chances de succès ». Citant des passages du journal personnel de Parry, Barrow fit ressortir des incohérences et des faiblesses dans le compte rendu que Ross avait fait de son exploration du détroit et il mit sérieusement en doute l’existence des monts Croker. Les critiques portèrent également sur le fait que Ross avait présenté des observations scientifiques sans en donner le mérite aux officiers qui les avaient effectuées. La polémique se poursuivit avec la parution en 1819 de Remarks on the account of the late voyage of discovery to Baffin’s Bay [...], texte rédigé par Sabine, qui accusait Ross d’avoir commis du plagiat et d’avoir présenté ses opinions d’une manière erronée, puis avec la publication, au cours de la même année, d’un texte de Ross intitulé An explanation of Captain Sabine’s remarks [...]. En dépit de la controverse, Ross fut promu capitaine le 7 décembre 1818, mais Barrow l’empêcha d’obtenir le commandement d’un autre navire.

Ross se retira à North West Castle, qui fut son domicile jusqu’à la fin de sa vie ; il avait cependant l’habitude de passer l’hiver dans un agréable quartier de Londres. Il recevait de vieux amis et entretenait une volumineuse correspondance sur une grande variété de sujets, allant de la phrénologie aux instruments de navigation. Il était en avance sur son temps, en reconnaissant l’importance de la vapeur pour les navires de guerre et, en 1828, il fit paraître A treatise on navigation by steam [...]. Le conformisme naturel des marins, ainsi que le peu de fiabilité des premiers moteurs, avait suscité de forts préjugés contre la vapeur au sein de la marine royale. Vers cette époque, Ross pressa l’Amirauté d’envoyer un navire à vapeur en expédition dans l’Arctique. Barrow était toujours en fonction et, comme on pouvait s’y attendre, la demande fut rejetée. Nullement découragé, Ross s’adressa à son riche ami Felix Booth, distillateur du gin Booth, afin d’obtenir son appui au projet. Homme soucieux du bien public, Booth commença par refuser, de crainte qu’on ne l’accuse de convoiter les récompenses offertes par le Parlement aux navigateurs qui allaient découvrir le passage du Nord-Ouest. Mais ces récompenses furent supprimées en 1828, lorsque le Parlement abolit le Board of Longitude, et Booth accepta alors de parrainer l’expédition.

Le Victory, petit navire à vapeur de Liverpool, fut choisi pour ce voyage et on l’amena à Londres en vue de le mettre en état. On accrut sa jauge de 85 à 150 tonneaux et on l’améliora sous divers rapports. Ross assembla une impressionnante batterie d’instruments de navigation et d’appareils scientifiques, puis il accumula des provisions et du combustible pour un voyage de 1 000 jours. Lorsque le projet fut annoncé à la population, une foule de personnes voulurent être membres de l’expédition, et un grand nombre de candidats, comme George Back* et Henry Parkyns Hoppner, étaient des vétérans d’autres voyages dans l’Arctique. Les officiers, cependant, avaient déjà été choisis, et le neveu de Ross, James Clark Ross, devait être le commandant en second du Victory. Les voyageurs quittèrent Londres le 23 mai 1829 et ils connurent immédiatement des difficultés avec les machines du navire. Après une brève escale en Écosse, Ross traversa l’Atlantique, se rendit au détroit de Davis et remonta la côte ouest du Groenland. Il traversa ensuite la baie de Baffin et, le 6 août, il entra dans le détroit de Lancaster. Dans son journal, faisant des commentaires sur sa précédente aventure dans ces eaux, Ross se déclara amèrement déçu du comportement de Parry et des autres officiers subalternes qui l’avaient accompagné en 1818 et avaient critiqué si ouvertement sa décision de rebrousser chemin ; il justifia sa conduite en affirmant qu’ils ne lui avaient pas fait connaître leur opinion à cette époque. Comme il devait néanmoins reconnaître ses torts, il ajouta simplement : « en réalité, toute l’histoire de la navigation abonde en pareilles erreurs de conclusions fausses ». Se dirigeant vers le sud par l’inlet du Prince-Régent, le navire s’arrêta à la plage Fury, dans l’île Somerset, et recueillit un supplément de provisions sur l’épave du Fury, abandonné à cet endroit en 1825 [V. sir William Edward Parry]. Le Victory poursuivit alors sa route vers le sud et, à la fin de septembre 1829, après s’être rendu à quelque 250 milles plus au sud dans l’inlet que tout autre navire auparavant, il se trouva bloqué par les glaces et fut forcé d’hiverner à un endroit qu’on appela le havre Felix, près de la baie Thom.

Les membres de l’expédition passèrent les quatre hivers suivants dans l’Arctique, étant incapables de libérer le Victory des glaces qui bloquaient la côte de la péninsule de Boothia. Pendant ces années, avec le concours des Inuit qui s’installèrent près du navire, ils explorèrent les régions situées à l’ouest et au nord. N’ayant pas aperçu le détroit de Bellot en 1829 [V. Joseph-René Bellot], Ross conclut qu’il n’existait pas de passage permettant de traverser la péninsule pour rejoindre l’étendue d’eau qui se trouvait à l’ouest. Du côté est, les voyageurs découvrirent et explorèrent le golfe de Boothia. Le 1er juin 1831, James Clark Ross situa le pôle Nord magnétique sur la côte ouest de la péninsule de Boothia.

Lorsqu’il devint évident que le Victory allait demeurer emprisonné durant l’hiver de 1831–1832, Ross décida qu’il fallait abandonner le navire et, au printemps de 1832, il conduisit ses hommes à pied vers le nord jusqu’à la plage Fury où il restait encore quelques provisions. Les hommes construisirent un abri, appelé Somerset House, et, après avoir réparé les chaloupes du Fury, ils se mirent en route à la fin de l’été pour essayer de rejoindre la flotte de baleiniers de la baie de Baffin. Mais ils furent incapables de traverser le détroit de Lancaster à cause des glaces et ils durent retourner à la plage Fury où ils passèrent leur quatrième hiver dans l’Arctique. Le 14 août 1833, un passage vers le nord s’ouvrit à travers les glaces et, une fois de plus, les hommes, fatigués, se mirent en route dans les embarcations. À la sortie de l’inlet du Prince-Régent, ils se dirigèrent vers l’est et, le 26 août, quelques milles à l’ouest de l’inlet du Navy Board, ils aperçurent un voilier. À son grand étonnement, Ross constata qu’il s’agissait de son navire amiral de 1818, le baleinier Isabella. Les rescapés furent débarqués à Stromness le 12 octobre, et les Ross arrivèrent à Londres une semaine plus tard, au moment où l’on organisait des expéditions de secours pour aller à leur recherche. Trois membres d’équipage étaient morts et un autre avait perdu la vue au cours du long séjour dans l’Arctique.

Les voyageurs avaient établi un impressionnant record de survie dans l’Arctique. Ross et son neveu furent reçus par le roi Guillaume IV, et John Ross devint une célébrité dans les salons de Londres. Les hôtesses se disputaient le plaisir de l’accueillir à leurs dîners. Il reçut plus de 4 000 lettres de félicitations et parfois des lettres d’amour, et il fut nommé citoyen honoraire de Londres, de Liverpool, de Bristol et de quelques autres villes. Il fit un voyage en Europe continentale, et plusieurs pays lui décernèrent des prix et des médailles ; les attentions dont il était l’objet lui firent grand plaisir. L’Amirauté paya généreusement les membres d’équipage du Victory en leur accordant le double de leur salaire jusqu’au moment de l’abandon du navire, puis leur salaire régulier de marin jusqu’à la date de leur retour. Le Parlement accepta par un vote de rembourser Booth de son investissement et d’accorder £5 000 à Ross. Le 24 décembre 1834, celui-ci fut fait chevalier et devint compagnon de l’ordre du Bain.

Même s’il fut accueilli en héros, Ross se trouva une fois de plus mêlé à une controverse à la suite de son voyage. Une grave mésentente éclata entre lui et son neveu au sujet de la façon de présenter la découverte du pôle Nord magnétique, faite par James Clark, dans le compte rendu de l’expédition ; Ross souhaitait obtenir un certain mérite pour cet exploit, tandis que son neveu estimait en être l’auteur exclusif. De plus, les commentaires du capitaine sur le peu de fiabilité des moteurs du Victory incitèrent le fabricant, John Braithwaite, à faire paraître en 1835 Supplement to Captain Sir John Ross’s narrative of a second voyage [...], texte auquel Ross donna la réplique dans Explanation and answer to Mr. John Braithwaite’s Supplement [...]. Un autre parmi les intéressés, le steward du navire, William Light, ne fut pas satisfait du récit de Ross et il fournit des renseignements à partir desquels un compte rendu de l’expédition, long de 700 pages et très critique, fut préparé par Robert Huish. En 1846, la controverse résultant de ce voyage et de celui de 1818 fut ravivée par les propos excessifs de sir John Barrow dans Voyages of discovery and research within the Arctic regions [...]. Barrow répétait impitoyablement le jugement qu’il avait porté 25 ans plus tôt sur le premier voyage et il écartait sarcastiquement le second en le qualifiant de « spéculation privée », heureusement sauvée de la tragédie par l’expérience et les qualités de chef de James Clark Ross. Au cours de la même année, John Ross répondit par une autre brochure, Observations on a work, entitled, Voyages of discovery and research within the Arctic regions, by Sir John Barrow [...].

En mars 1839, Ross avait été nommé consul de Grande-Bretagne à Stockholm, où il demeura jusqu’en 1846. De retour en Angleterre, il fut l’un des premiers à s’inquiéter publiquement du sort de l’expédition que sir John Franklin* avait menée dans l’Arctique en 1845 et, le 9 février 1847, il offrit ses services à l’Amirauté pour commander une expédition de recherches. L’Amirauté estima qu’il était encore trop tôt pour envoyer des secours et, lorsqu’un groupe fut enfin mis sur pied en 1848, Ross fut jugé trop âgé et le commandement fut confié à son neveu. Deux ans plus tard, Ross prit la tête d’une expédition de recherches privée, parrainée par la Hudson’s Bay Company et par diverses personnes, et, à 72 ans, il fit son troisième voyage dans les eaux de l’Arctique à bord du Felix, schooner de 91 tonneaux. Mal équipé, le Felix ne fut pas d’un grand secours et, à la vérité, il lui fallut compter durant l’hiver de 1850–1851 sur les provisions des autres navires qui participaient aux recherches sous la direction du capitaine Horatio Thomas Austin* et de William Penny*. Ross retourna en Angleterre en septembre 1851 et, peu de temps après, il fut nommé contre-amiral à la retraite. En mauvaise santé et atteint peut-être de sénilité progressive, il partagea ses dernières années entre Stranraer et Londres. En 1855, il fit paraître une courte brochure sur les recherches entreprises pour retrouver Franklin, dans laquelle il critiqua âprement presque tous ceux qui y avaient été mêlés. Il mourut pendant une de ses visites à Londres et il fut enterré dans le cimetière de Kensal Green.

La carrière que sir John Ross mena comme explorateur de l’Arctique canadien est importante non pas tellement en raison d’une découverte particulière ou d’un ensemble de découvertes, mais plutôt à cause de la renommée et de la controverse qui entourèrent ses expéditions. Lors du voyage de 1818, il compromit à jamais sa réputation en arrivant à la conclusion malheureuse et fausse que les détroits de Lancaster, de Jones et de Smith étaient tous fermés par des terres. Quant aux nombreux travaux géographiques et scientifiques accomplis au cours du second voyage, on les attribue généralement aux efforts dynamiques de son neveu. Néanmoins, la survie des membres de cette expédition constitua un succès remarquable et elle valut à Ross la considération qu’il pensait mériter et dont il avait été privé par ses nombreux détracteurs.

En collaboration avec Ernest S. Dodge

Sir John Ross est l’auteur de plusieurs ouvrages traitant de l’exploration de l’Arctique. Après son premier voyage en 1818, il publia un journal sous le titre de A voyage of discovery, made under the orders of the Admiralty, in his majesty’s ships Isabella and Alexander, for the purpose of exploring Baffin’s Bay, and enquiring into the probability of a north-west passage (Londres, 1819 ; 2e éd., 2 vol., 1819), ainsi que deux autres volumes, A description of the deep sea clamms, hydraphorous, and marine artificial horizon, invented by Captain J. Ross, R.N. (Londres, 1819) et An explanation of Captain Sabine’s remarks on the late voyage of discovery to Baffin’s Bay (Londres, 1819). À l’issue de sa deuxième expédition, il publia Narrative of the second voyage of Captain Ross to the Arctic regions in [...] 1829–33 ; compiled principally from the evidence of Captain Ross [...] before the committee of the House of Commons (Londres, 1834) et Narrative of a second voyage in search of a north-west passage, and of a residence in the Arctic regions during the years 1829, 1830, 1831, 1832, 1833 [...] (Londres, [1834] ; rééd., 2 vol., Londres, 1835 ; rééd., 1 vol., Paris, 1835 ; rééd., Philadelphie et Baltimore, Md., 1835) dont une version en langue française fut préparée sous le titre de Relation du second voyage fait à la recherche d’un passage au nord-ouest, par sir John Ross [...] et de sa résidence dans les régions arctiques [...], A.-J.-B. Defauconpret, trad. (2 vol., Paris, 1835). Pour répondre aux accusations de John Braithwaite au sujet des problèmes du moteur à vapeur dont fut muni son navire lors de ce voyage, il écrivit Explanation and answer to Mr. John Braithwaite’s Supplement to Captain Sir John Ross’s narrative of a second voyage in the Victory, in search of a north-west passage ([Londres, 1835]). Dans sa querelle avec sir John Barrow, Ross aurait livré ses commentaires à deux reprises au public. On lui attribue la paternité d’un document signé Alman et intitulé A letter to John Barrow, Esq., F.R.S., on the late extraordinary and unexpected hyperborean discoveries (Londres, 1826). Il publia d’autre part sous son propre nom Observations on a work, entitled, Voyages of discovery and research within the Arctic regions, by Sir John Barrow [...] being a refutation of the numerous misrepresentations contained in that volume (Édimbourg et Londres, 1846). Il est également l’auteur de plusieurs autres ouvrages : A treatise on naval discipline ; with an explanation of the important advantages which naval and military discipline might derive from the science of phrenology [...] (s. l., 1825) ; A treatise on navigation by steam ; comprising a history of the steam engine, and an essay towards a system of the naval tactics peculiar to steam navigation [...] (Londres, 1828 ; 2e éd., 1837) ; Memoirs and correspondence of Admiral Lord De Saumarez ; from original papers in possession of the family (2 vol., Londres, 1838) ; On communication to India, in large steam-ships, by the Cape of Good-Hope ; printed by order of the India steam-ship company, and addressed to the British public (Londres, 1838) ; A short treatise on the duration of the mariner’s compass, with rules for its corrections, and diagrams (Londres, 1849) ; On intemperance in the Royal Navy (Londres, 1852).

John Braithwaite, Supplement to Captain Sir John Ross’s narrative of a second voyage in the Victory, in search of a northwest passage [...] (Londres, 1835).— [Alexander Fisher], Journal of a voyage of discovery, to the Arctic regions, performed between the 4th of April and the 18th of November, 1818, in his majesty’s ship Alexander [...] (Londres, [1820]).— Robert Huish, The last voyage of Capt. Sir John Ross, R.N. to the Arctic regions ; for the discovery of a north west passage [...] compiled from authentic information and original documents, transmitted by William Light, purser’s steward to the expedition [...] (Londres, 1835).— Edward Sabine, Remarks on the account of the late voyage of discovery to Baffin’s Bay, published by Captain J. Ross, R.N. (Londres, 1819).— L. S. Dawson, Memoirs of hydrography, including brief biographies of the principal officers who have served in H.M. Naval Surveying Service between the years 1750 and 1885 (2 vol., Eastbourne, Angl., 1885 ; réimpr. en 1 vol., Londres, 1969).— DNB.— O’Byme, Naval biog. dict. (1849).— John Barrow, Voyages of discovery and research within the Arctic regions, from the year 1818 to the present time [...] (Londres, 1846).— E. S. Dodge, The polar Rosses : John and James Clark Ross and their explorations (Londres, 1973).— [John Barrow], « A voyage of discovery [...], by John Ross [...] », Quarterly Rev. (Londres), 21 (1819) : 213–262.— R. I. Murchison, « Address to the Royal Geographical Society of London ; delivered at the anniversary meeting on 24rd May, 1858 », Royal Geographical Soc., Journal (Londres), 28 (1858) : cxxx-cxxxii.

Bibliographie générale

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En collaboration avec Ernest S. Dodge, « ROSS, sir JOHN (1777-1856) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 mars 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/ross_john_8F.html.

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Auteur de l'article:    En collaboration avec Ernest S. Dodge
Titre de l'article:    ROSS, sir JOHN (1777-1856)
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1985
Année de la révision:    1985
Date de consultation:    28 mars 2024