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Titre original :  Bessie Starkman

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STARKMAN, BESHA (Bessie) (Tobin) (connue aussi sous les noms de Bessie Stark, Bessie Perri (Perry) et Rose Cyceno), patronne du crime organisé, née le 14 avril 1889 en Pologne russe, fille de Shimon (Sam) Starkman et d’une prénommée Gello (Gloria) ; le 15 décembre 1907, elle épousa à Toronto Harry Tobsen (Tobin), et ils eurent deux filles ; à compter de 1913 environ, elle vécut maritalement avec Rocco Perri*, et ils eurent un enfant qui mourut peu après la naissance ; décédée le 13 août 1930 à Hamilton, Ontario.

Arrivée au Canada vers 1900, la famille Starkman s’installa dans la partie de la basse ville de Toronto appelée « the Ward ». On raconte que, dans sa jeunesse, Besha fut couturière dans un atelier de misère qui fournissait la compagnie Eaton. Son emploi et son mariage avec le Russe Harry Tobin, livreur pour une boulangerie, ne correspondaient pas à ses ambitions. En 1912, les Tobin louaient des chambres de leur maison de la rue Chestnut à Rocco Perri, jeune immigrant de Calabre, région de l’Italie. Moins d’un an plus tard, Besha Starkman avait quitté mari et enfants et abandonné le judaïsme pour aller à St Catharines rejoindre Perri, alors employé comme ouvrier au canal Welland. En 1916, ils vivaient à Hamilton, où Perri travailla d’abord comme vendeur pour une compagnie de macaroni. Par la suite, le couple exploita une petite épicerie.

Bessie Perri se fit remarquer par la police en mars 1917 : sous le nom de Rose Cyceno, elle fut alors accusée de tenir une maison de débauche. Pour se défendre, elle proclama ne pas être au courant des activités de sa pensionnaire. Elle fut néanmoins reconnue coupable. Ce procès fut la première occasion où son audace caractéristique se manifesta.

L’adoption de la loi ontarienne de tempérance en 1916, le rejet de la prohibition au Québec en 1919 et la fin des contrôles fédéraux sur la circulation interprovinciale d’alcool ouvrirent des perspectives alléchantes au crime organisé. Lorsque les États-Unis adoptèrent la prohibition, en janvier 1920, les bootleggers de l’Ontario avaient eu le temps d’acquérir une expérience précieuse. Déjà, Rocco et Bessie Perri profitaient de la situation dans la province par l’entremise d’un gang composé en grande partie de Calabrais et actif dans la région de Hamilton et de Niagara. Bessie Perri ne tarda pas à s’imposer à la tête de cette bande et à en devenir la négociatrice. Jamais encore on n’avait entendu parler publiquement d’une femme qui s’était hissée à un rang aussi élevé dans le crime organisé au Canada.

En août 1921, un tribunal de Windsor conclut qu’aucune loi canadienne n’interdisait l’exportation d’alcool. Ce jugement ouvrit la porte à la contrebande de grande envergure. L’Ontario étant encore au régime sec, les Perri s’aventurèrent en dehors du triangle formé par Hamilton, Kitchener et Windsor et se mirent à vendre quantité de bière et de spiritueux dans toute la province. Des wagons entiers se rendaient dans l’État de New York par Niagara et à Detroit et Chicago par Windsor. Bessie Perri passait les commandes auprès des distilleries et brasseries, blanchissait l’argent, s’occupait des comptes bancaires, négociait les transactions d’alcool et de drogue avec d’autres gangsters, payait les membres de la bande et distribuait des dessous-de-table. Elle aimait les vêtements et bijoux coûteux. Par son attitude souvent hautaine, elle s’aliénerait des membres du gang. Une fois, Rocco Perri promit de dédommager la famille d’un homme tué par la police. Lorsque l’oncle de cet homme vint réclamer l’argent, elle lui répondit, paraît-il, d’« aller au diable ».

L’entrevue de Rocco et Bessie Perri qui parut dans le Toronto Daily Star en novembre 1924 est révélatrice. Ce fut surtout Rocco, le « roi des bootleggers », qui parla, mais Bessie menait le jeu et interrompait l’entretien à des moments critiques. Parmi ses apparitions publiques, celle qui fit le plus sensation fut sa comparution en mars 1927 devant la commission royale fédérale sur la douane et l’accise – en fait, une enquête sur la contrebande d’alcool. Au cours du contre-interrogatoire que lui fit subir l’avocat adjoint Robert Louis Calder, elle nia être associée de quelque manière à la contrebande d’alcool et feignit l’ignorance sur un grand nombre de sujets, y compris des appels téléphoniques faits à des distilleries à partir de son domicile. À l’issue de leurs témoignages – Rocco avait aussi été convoqué par la commission – et à la suite de déclarations faites en décembre au procès de la distillerie de la Gooderham and Worts pour évasion fiscale, les Perri furent inculpés de parjure. Probablement en vertu d’une entente entre la couronne et la défense, les accusations contre Bessie furent abandonnées quand Rocco plaida coupable. Il fut condamné à purger six mois dans une maison de correction.

En juin 1927, le gouvernement de l’Ontario remplaça la loi de tempérance par le Liquor Control Act, ce qui eut pour effet de tuer la plus grande partie du marché des bootleggers. Le gang de Perri réagit en intensifiant ses activités dans le trafic de drogue. Apparemment, Bessie était la principale personne à faire les transactions. En juin 1929, avec des centaines de dollars dans son sac à main, elle fit son apparition dans une maison de Toronto au moment même où des membres de la Gendarmerie royale du Canada y cherchaient de la drogue. Faute d’autres preuves que l’argent, ils la libérèrent, mais une opération clandestine fut bientôt lancée contre elle. En se faisant passer pour un trafiquant de drogue de Chicago, le sergent Frank Zaneth [Franco Zanetti*] la rencontra dans un relais routier. Aucune transaction n’eut lieu, et l’affaire en resta là.

Bessie Perri fut tuée le 13 août 1930 par des balles de fusil de chasse en sortant, avec Rocco, du garage de leur maison. Ses funérailles, qui eurent lieu le 17 – le lendemain de l’ouverture, à Hamilton, des premiers Jeux de l’Empire britannique –, provoquèrent du désordre. Des milliers de curieux tentèrent de franchir les cordons de policiers, d’abord à la maison, puis au petit cimetière juif situé au sud de Hamilton. Après enquête, l’Ontario Provincial Police conclut que Bessie Perri avait été assassinée probablement à cause de son arrogance, mais il restait un certain nombre de suspects. Manifestement, elle s’était mis à dos des membres de la bande de Perri en leur donnant des ordres et en refusant de payer les dépenses. Trois théories se firent jour. Elle avait été abattue par des membres du gang qui avaient agi de leur propre initiative. Elle avait brisé assez de règles du milieu pour que Rocco Perri accepte qu’elle soit éliminée. Elle était revenue sur sa parole après avoir conclu une transaction de drogue avec des gangsters de Rochester, dans l’État de New York, et ceux-ci avaient fait feu sur elle. Il n’y eut aucune arrestation. Sa succession alla à Rocco Perri et à ses deux filles mariées, Lillian Shime et Gertrude Maidenberg.

Le déclin de l’empire de Perri après la mort de Besha Starkman, ou Bessie Perri, porte à croire que c’était grâce à ses talents que la bande avait acquis autant de pouvoir. En 1933, Rocco Perri se mit en ménage avec une autre femme de caractère, Annie Newman. Elle l’aida à redonner du lustre à la bande, mais celle-ci ne redevint jamais aussi puissante que du temps où Bessie Perri était aux commandes.

Robin Rowland

Un certain nombre de dossiers de police et de citoyenneté que nous avons consultés sont maintenant régis par la législation sur l’accès à l’information et la protection des renseignements personnels et ne figurent donc pas dans la liste ci-dessous. [r. r.]

AO, RG 22-205, nº 1615/1930–1931 ; RG 80-5-0-371, nº 1121.— BAC, RG 18, F-2, 3313 A, dossier HQ-189-O-1 ; RG 33-88.— Toronto Daily Star, 19 nov. 1924.— James Dubro et R. F. Rowland, King of the mob : Rocco Perri and the women who ran his rackets (Markham, Ontario, 1987).

Bibliographie générale

Comment écrire la référence bibliographique de cette biographie

Robin Rowland, « STARKMAN, BESHA (Tobin) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 mars 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/starkman_besha_15F.html.

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Permalien: http://www.biographi.ca/fr/bio/starkman_besha_15F.html
Auteur de l'article:    Robin Rowland
Titre de l'article:    STARKMAN, BESHA (Tobin)
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2005
Année de la révision:    2005
Date de consultation:    28 mars 2024