RAIMBAULT, PIERRE, marchand-ébéniste, greffier, notaire royal, arpenteur, conseiller du roi, procureur du roi, lieutenant intérimaire de la police, subdélégué de l’intendant, juge au tribunal de Montréal, né à Montréal le 11 octobre 1671, de Claude Raimbault, maître menuisier, et de Marie-Thérèse Sallé, décédé à Montréal le 17 octobre 1740.

En France de 1681 à 1696, il revient à Montréal avec Jeanne-Françoise Simblin, qu’il a épousée à Paris le 8 juillet 1691 ; il est alors marchand-ébéniste. Le 17 novembre 1697, il commence sa carrière de notaire, qu’il exercera jusqu’au 24 janvier 1727, laissant un greffe de 3 520 actes. Reçu notaire royal en 1699, il est nommé procureur du roi, à titre intérimaire, l’année suivante : il n’en reçoit la commission qu’en 1706 et occupera cette charge jusqu’en 1727. Subdélégué de l’intendant de 1716 à 1730, il est aussi l’homme d’affaires des Sulpiciens. Enfin, après avoir été lieutenant de police intérimaire de 1720 à 1727, il est nommé le 27 avril de cette année lieutenant général, civil et criminel de police, commerce et navigation au tribunal de Montréal, poste qu’il détiendra jusqu’à sa mort, mais dont l’éloigneront ses infirmités durant les deux dernières années de sa vie.

À cette carrière judiciaire impressionnante, il joint celle d’un homme d’affaires averti, opérant tout au cours de sa vie pas moins d’une trentaine de transactions immobilières. Il est, selon Hocquart*, « fort entendu dans les affaires » ; de plus, Bégon* écrit qu’ « il remplit bien ses fonctions et avec capacité ». À sa mort, il laisse deux propriétés à Montréal et un fief appelé La Moinaudière sur le lac Champlain.

C’est un homme cultivé. L’inventaire qu’on a fait de ses biens en 1706, à l’occasion de la mort de sa première épouse, révèle la plus importante collection de livres connue chez un particulier au début du xviiie siècle : 35 ouvrages, dont 7 de droit, 12 classiques grecs et latins, 15 de religion, et un d’horticulture.

Ses mœurs, par contre, prêtent souvent à critique, surtout de la part des nombreux ennemis qu’il ne manque pas de se faire dans l’exercice de ses fonctions : on l’accuse de ne pas faire ses pâques et d’avoir un commerce scandaleux avec la veuve d’un officier. Mais Hocquart insinue que : « l’âge du Sieur Raimbault, joint à ses infirmitez et la laideur de cette veuve ne doivent pas le faire présumer ». Et lorsqu’en 1731 il fait emprisonner deux récollets, Mgr Dosquet* écrit « qu’il a profité de l’occasion pour se venger contre les personnes d’Église ».

De son premier mariage, il avait eu six enfants dont l’aîné, Joseph-Charles, fut notaire royal et greffier du tribunal de Montréal, et le second, Paul-François, anobli sous le nom de Raimbault de Saint-Blaint (ou Simblin), que portèrent ses descendants. Du second mariage qu’il contracta en 1707 avec Louise Nafrechoux, il eut dix enfants dont la troisième, Marguerite, épousa Pierre Boucher* de Boucherville, troisième seigneur du nom.

Robert Lahaise

AJM, Greffe d’Antoine Adhémar, 20 déc. 1706 ; Greffe de Pierre Raimbault, 16921727.— L.-P. Desrosiers, Correspondance de M. Magnien, Cahiers des Dix, IV (1939) : 223.— Documents relatifs à la monnaie sous le régime français (Shortt), I : 547.— Jug. et délib., IV, V, VI.— Liste des officiers de justice, BRH, XXXV (1929) : 111 ; BRH, XXXVI (1930) : 155s.— A. Roy, Inv. greffes not., XII, XV, XVI.— P.-G. Roy, Inv. concessions, passim ; Inv. coll. pièces jud. et not., I : 37, 184 ; Inv. ins. Cons. souv., I : 111, 182s 227229, 234 ; Inv. ord. int., I : 89 ; II : 2022.— Les Notaires au Canada, RAPQ, 192122 : 31.— Tanguay, Dictionnaire, VI : 500.— J.-E. Roy, Histoire du notariat, I : 151.— A. Ferland-Angers, La citadelle de Montréal, RHAF, III (194950) : 501.— Auguste Gosselin, Le clergé canadien et la déclaration de 1732, MSRC, 2e sér., VI (1900), sect. i : 2352.— É.-Z. Massicotte, Le juge Pierre Raimbault et sa famille, BRH, XXI (1915) : 7881 ; Les juges de Montréal sous le régime français, Cahiers des Dix, VIII (1943) : 255259 ; Une lettre du juge Raimbault en 1731, BRH XXII (1916) : 242s.— Montarville Boucher de La Bruère, Les Boucherville à l’étranger, Cahiers des Dix, I (1936) : 232.

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Robert Lahaise, « RAIMBAULT, PIERRE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/raimbault_pierre_2F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1969
Année de la révision:    1991
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