CAËN, ÉMERY DE, capitaine de la marine au service de la Compagnie de Caën, commandant de Québec de 1624 à 1626 et en 1632–1633, fils d’Ézéchiel de Caën et de Marie Sores (Sors ou Soré), baptisé à Rouen le 21 avril 1603.
Marchand, bourgeois et armateur, Ézéchiel de Caën, dès le début du xviie siècle, était engagé dans le commerce de l’Amérique et des Indes orientales ; en 1613, il était de la Compagnie des Marchands de Rouen et de Saint-Malo pour la traite du Canada ; il participa à une expédition aux îles de la Sonde en 1616 et à une expédition aux Indes orientales en 1619. Il fut associé à l’entreprise commerciale de son neveu Guillaume de Caën et de son fils Émery en Nouvelle-France.
Avec son cousin Guillaume de Caën, qui venait d’obtenir le monopole de la traite de la Nouvelle-France, Émery de Caën arrive à Québec en 1621, à la fois pour secourir la colonie et pour commencer le commerce des fourrures. Il revient ensuite chaque année avec les navires de la compagnie. De 1624 à 1626, c’est lui qui commande à Québec, en l’absence de Champlain. Lorsqu’il vient au pays en 1629 pour approvisionner Québec et embarquer les fourrures qu’y a laissées Guillaume de Caën, il rencontre les Kirke et est défait. Il reparaît en Nouvelle-France en 1631, pour diriger la traite qui cette année-là appartient à Guillaume de Caën, mais les Anglais lui refusent toute liberté de commerce ; le 22 août, en face de Québec, à bord du Don-de-Dieu, il rédige une protestation solennelle et retourne en France.
Lorsque, en 1632, Guillaume de Caën est chargé par Richelieu d’organiser la reddition de Québec, c’est Émery de Caën qu’on nomme, le 4 mars, commandant de Québec et qu’on envoie en Nouvelle-France. Accompagné de son lieutenant, Du Plessis-Bochart, et du jésuite Paul Le Jeune, il arrive à Québec et, le 29 juin, il somme les Anglais de se retirer. Ceux-ci poursuivent néanmoins leur traite aux dépens de la compagnie ; le 6 juillet, Émery de Caën présente ses lettres : les Anglais le renvoient à huit jours ; enfin, le 13 juillet, ils rendent le fort et s’en vont. Émery de Caën dirige ensuite la colonie, de l’été de 1632 jusqu’au printemps de 1633. Le 22 mai, il remet les clefs du fort à Du Plessis-Bochart qui, le lendemain, les rend à Champlain. Émery de Caën quitte ensuite le pays pour n’y plus revenir.
Pendant les deux mandats qu’il remplit à titre de commandant de Québec, et surtout pendant le deuxième, Émery de Caën ne mérite pas la condamnation sévère ou le jugement méprisant qu’en certains milieux on a porté contre lui. Les documents nous font voir un chef tout à fait sympathique aux missionnaires et aux Amérindiens ; en 1632, il va volontiers rendre visite aux Jésuites. Pendant longtemps on s’est demandé s’il était protestant ou catholique. Les recherches du généalogiste Archange Godbout ont établi que, fils du catholique Ézéchiel de Caën, Émery est né catholique et qu’il a vécu en catholique. L’on comprend pourquoi Richelieu l’envoya en Nouvelle-France alors que le protestant Guillaume de Caën s’en trouvait écarté.
Pour la bibliographie relative à Émery de Caën, v. celle de Guillaume de Caën.
Marcel Trudel, « CAËN, ÉMERY DE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 11 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/caen_emery_de_1F.html.
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Auteur de l'article: | Marcel Trudel |
Titre de l'article: | CAËN, ÉMERY DE |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1966 |
Année de la révision: | 2015 |
Date de consultation: | 11 déc. 2024 |