BOUCHER DE BOUCHERVILLE, PIERRE (baptisé François-Pierre), officier dans les troupes de la Marine, seigneur, fils de Pierre Boucher de Boucherville et de Charlotte Denys de La Trinité, né à Boucherville (Québec) le 9 juin 1689, inhumé au même endroit le 12 septembre 1767.

Suivant une tradition familiale, Pierre Boucher de Boucherville fit carrière dans les armes. Son grand-père, Pierre Boucher*, avait été soldat, et son père ainsi que plusieurs de ses oncles étaient officiers dans les troupes de la Marine. Il nous est facile de reconstituer la carrière de Boucher de Boucherville, grâce à un mémoire qu’il adressa en 1748 au ministre de la Marine, Maurepas, en vue d’obtenir de l’avancement.

Entré comme cadet dans les troupes de la Marine en 1702, Pierre Boucher de Boucherville fut envoyé en 1707 à Détroit pour servir sous les ordres de Lamothe Cadillac [Laumet*]. Revenu de Détroit en 1710, il fut nommé agent d’information auprès du commandant de la garnison à Sault-Saint-Louis (Caughnawaga, Québec). Par la suite, il remplit différentes missions, dont plusieurs normalement réservées à des officiers, alors qu’il n’était que cadet. Il joua même, au moins à une occasion, le rôle de pacificateur auprès des Indiens. En 1720, Boucher se rendit en France ; il revint l’année suivante dans la colonie avec le grade d’enseigne et un poste de commandant aux îles de la Madeleine où il servit durant deux ans. En 1724, il fut envoyé au lac Champlain à la tête d’un détachement, en vue d’y empêcher la contrebande.

Lorsque fut décidé en 1727 l’établissement d’un poste chez les Sioux, Pierre Boucher de Boucherville fut choisi comme commandant en second sous les ordres de son oncle, René Boucher de La Perrière, qui dirigeait l’expédition. Ils atteignirent le lac Pépin (Wisc.) vers la fin de l’été et y érigèrent le fort Beauharnois. L’année suivante, Boucherville, en route pour Montréal, s’arrêta à Michillimakinac où il se joignit à l’expédition de Constant Le Marchand* de Lignery, envoyée contre les Renards. À la suite de cette campagne qui n’eut pas le succès désiré, Boucherville retourna au fort Beauharnois où il prit le commandement, à la place de son oncle qui avait dû retourner à Montréal pour cause de maladie. Mais dès le mois de septembre 1728, sur le conseil de Lignery qui craignait une attaque des Renards, Boucherville quitta le fort par le Mississipi, route qu’il croyait la moins dangereuse. Il fut toutefois attaqué et gardé prisonnier pendant plus de cinq mois chez les Kicapous et les Mascoutens. Il profita de son séjour forcé parmi ces Indiens pour se les concilier : il leur offrit de leur procurer la paix avec les Illinois et réussit au cours de l’hiver à conclure une paix générale entre les trois nations. Selon Maximilien Bibaud*, Boucher laissa de son séjour au pays des Sioux une « Relation des aventures de M. de Boucherville à son retour des Sioux en 1728 et 1729, suivie d’observations sur les mœurs des sauvages ».

De retour à Montréal, probablement au cours de l’été de 1729, Boucherville y épousa le 14 septembre 1731 Marguerite, fille de Pierre Raimbault*, dont il eut six enfants. En 1732, il obtint du ministre de la Marine la permission de se rendre en France pour affaires privées ; en 1734, il était nommé au fort Frontenac (Kingston, Ont.). L’année suivante, il fut envoyé au fort Niagara (près de Youngstown, N.Y.), et en 1736, lorsque le commandant du fort, Nicolas Blaise* Des Bergères de Rigauville, fut relevé de son poste, Boucherville le remplaça. Cette même année, il était nommé lieutenant dans les troupes de la Marine. Boucherville remplit les fonctions de commandant à Niagara pendant trois ans, puis revint à Montréal. En 1745, il reçut le commandement du fort Chambly et fut envoyé l’année suivante au fort Saint-Frédéric (Crown Point, N.Y.), où il servit comme lieutenant et interprète. Il était de nouveau en garnison à Montréal en 1748 et fut nommé capitaine au mois de mars 1749.

Le 1er janvier 1758, après avoir passé 56 ans dans les troupes de la Marine, Boucherville était admis à la retraite et recevait la croix de Saint-Louis en reconnaissance de ses services. Il demeura au Canada après la Conquête ; une note contenue dans son dossier militaire et datée du 25 septembre 1766 mentionne que son grand âge et ses infirmités ne lui ont pas permis de revenir en France et que depuis 1760 il n’a pas reçu la pension de 540# qui lui avait été accordée en 1758. Pierre Boucher de Boucherville mourut en 1767 dans la seigneurie de Boucherville, dont il avait été le coseigneur.

En collaboration

AN, Col., E, 43 (dossier Pierre Boucher), pièces 1–4 ; Marine, C7, 39.— RAC, 1904, app. K, passim.— Fauteux, Les chevaliers de Saint-Louis, 166.— Tanguay, Dictionnaire.— Maximilien Bibaud, Le panthéon canadien (Montréal, 1891), 33.— P.-G. Roy, Les commandants du fort Niagara, BRH, LIV(1948) :166s.

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En collaboration, « BOUCHER DE BOUCHERVILLE, PIERRE (baptisé François-Pierre) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 6 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/boucher_de_boucherville_pierre_3F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1974
Année de la révision:    1974
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