DASILVA, dit Portugais, NICOLAS (pratiquement le seul de la famille à signer Dassilva), maître maçon et tailleur de pierre, entrepreneur de maçonnerie à Québec, né au Canada en 1698, fils de Pedro Dasilva, originaire de Lisbonne au Portugal, et de Jeanne Greslon La Violette ; le 12 avril 1722, il épousa à Québec Elisabeth Laisné dont il eut 13 enfants et, le 8 janvier 1759, dans la même ville, la veuve Marie-Gabrielle La Roche ; décédé à Québec le 4 mai 1761.

Le dernier des 15 enfants d’un fermier portugais de la seigneurie de Beauport, Nicolas Dasilva fut durant son adolescence l’apprenti d’un maçon, à l’instar des fils de nombreux fermiers pauvres. Le métier de maçon étant considéré comme misérable et servile, on attirait les apprentis en leur offrant des conditions généreuses : facilement admis à l’apprentissage, ceux-ci étaient ordinairement entretenus par leurs maîtres.

Nicolas et son frère Dominique devinrent maîtres maçons, tandis qu’à Québec, leurs frères ne dépassèrent pas le niveau de charretiers et de journaliers. Bien qu’il eût pour maître l’architecte et entrepreneur Jean-Baptiste Maillou, dit Desmoulins, Nicolas ne semble pas avoir reçu plus qu’une formation de maçon et de tailleur de pierre. Après cinq années d’apprentissage, Nicolas entra au service du maçon Jacques Danguel Lamarche en 1720. Vers la fin des années 20, Dasilva engageait ses propres ouvriers.

Petit entrepreneur spécialisé dans la construction de maisons privées, Dasilva bâtit à Québec celles de Guillaume Dupont (1728), de Pierre Chanmazart (1729), de Michel Berthier (1735), de Guillaume Estèbe* (1752) et de Joseph Charest (1757). En 1751, au moment où il s’engage à construire la maison d’Estèbe (qui existe toujours rue Saint-Pierre), il est devenu l’associé de René Paquet et de Pierre Delestre, dit Beaujour. Delestre reste de toute évidence l’ami et associé de Dasilva jusqu’à la fin des années 50. Delestre et, semble-t-il, le célèbre entrepreneur Dominique Janson, dit Lapalme, signent comme témoins à son contrat de mariage en 1759.

La perte de 7 de ses 13 enfants, morts avant d’avoir atteint l’âge de quatre ans, ce qui représente le double du taux de la mortalité infantile en Nouvelle-France, témoigne de la pauvreté ou de la maladie que connut au début la famille Dasilva. Dasilva, qui, apparemment, ne savait écrire que son nom, atteignit pourtant le niveau d’entrepreneur indépendant et il posséda sa propre maison, rue du Sault-au-Matelot. La plainte d’un de ses locataires (1735) laisse supposer sa nature avide. À la fin de sa vie, Dasilva portait le titre de « maître entrepreneur de maçonnerie » de Québec.

Peter N. Moogk

ANQ, Greffe de R.-C. Barolet, 12 mars 1732, 13 et 17 juin 1735, 21 juill. et 2 nov. 1738, 17 juill. et 31 oct. 1742, 16 avril et 27 déc. 1747 ; Greffe de Louis Chambalon, 26 nov. 1715 ; Greffe de J.-É. Dubreuil, 22 oct. 1720, 7 avril 1722, 2 mai 1724, 1er, mars, 10 juin et 1er déc. 1726, 15 févr., 18 oct. et 17 nov. 1728, 21 févr., 17 et 27 mars, 11 déc. 1729, 24 mai 1730, 15 avril 1731 ; Greffe d’Henry Hiché, 30 avril et 18 juin 1731 ; Greffe de J.-C. Panet, 7 sept. 1757, 7 janv. 1759 ; NF, Coll. de pièces jud. et not., 1 195, 1 955, 3 783, 4 026.— Recensement de Québec, 1776 (Beaudet), 26.— Recensement de Québec, 1744 (RAPQ), 92.— P.-V. Charland, Notre-Dame de Québec : le nécrologe de la crypte, BRH, XX (1914) : 238.— P.-G. Roy, Inv. jug. et délib., 1717–1760, III : 268.

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Peter N. Moogk, « DASILVA (Dassilva), dit Portugais, NICOLAS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 2 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/dasilva_nicolas_3F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1974
Année de la révision:    1974
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