HERTEL DE SAINT-FRANÇOIS, ÉTIENNE (après la mort de son frère aîné, Joseph, en 1748, Étienne apparaît sous le nom d’Hertel l’aîné), officier dans les troupes de la Marine, né le 8 novembre 1734 à Saint-François-du-Lac (Québec), fils de Joseph Hertel de Saint-François et de Suzanne Blondeau, décédé le 18 juillet 1760.

La vie d’Étienne Hertel de Saint-François, quoique de courte durée, fut bien remplie. Fidèle à la tradition familiale, il entra tôt dans l’armée. À 14 ans, il était cadet dans les troupes de la Marine au fort Saint-Frédéric (Crown Point, N.Y.), sur le lac Champlain. Le 23 octobre 1749, le gouverneur La Jonquière [Taffanet] l’envoya à Louisbourg, île Royale (île du Cap-Breton), où il fut promu enseigne en second en 1751 puis enseigne en pied en 1755. Après huit ans de service à Louisbourg, il fut rappelé à Michillimakinac par le gouverneur Pierre de Rigaud* de Vaudreuil.

Le 11 janvier 1759, la recommandation de Vaudreuil favorisant la nomination d’Hertel au poste de lieutenant en pied fut approuvée par le roi. Hertel joua un rôle important dans la campagne de Québec, cette année-là. Le 26 juillet, une escarmouche sanglante éclata à la suite de la reconnaissance par Wolfe des gués de la rivière Montmorency. À la tête de 200 Indiens et de 30 Canadiens, Hertel franchit la rivière et fit reculer une partie des troupes britanniques, mais il fut repoussé à son tour lorsque les Anglais obtinrent du renfort. Wolfe semble en avoir conclu qu’une attaque dirigée sur les gués de la Montmorency avait peu de chance de réussir. Trois semaines plus tard, Hertel se trouvait parmi une autre bande de Canadiens et d’Indiens, conduite par Pierre-Jean-Baptiste-François-Xavier Legardeur* de Repentigny, qui lança une attaque brusquée de l’autre côté de la Montmorency. Sans avoir pris soin de bien explorer la région, Hertel mena les Indiens contre quelques soldats d’infanterie légère ; des renforts anglais surgirent presque immédiatement et dispersèrent les hommes d’Hertel dans les bois.

Après la capitulation de Québec le 18 septembre 1759, Hertel se retira avec les restes de l’armée de Montcalm dans un camp près de Cap-Santé, à l’embouchure de la rivière Jacques-Cartier. Au cours des premiers mois de 1760, Vaudreuil vit à ce qu’un convoi de vivres parvienne en toute sécurité au quartier général français. Pour aider à enrayer l’avance des Anglais et à conserver la nourriture, on envoya Hertel dans les paroisses rurales avec un détachement de 150 hommes, qu’il cantonna à Saint-Michel (Saint-Michel-de-Bellechasse). Croyant qu’Hertel disposait d’une troupe de 400 à 500 hommes, le général James Murray* jugea nécessaire en mars d’établir une place forte et une batterie de 22 canons à Pointe-Lévy (Lauzon). Comme les demandes de renforts d’Hertel n’avaient amené que dix hommes, on lui conseilla de fuir dans les bois en cas d’attaque par des effectifs plus nombreux. Ses alliés indiens retournèrent dans leurs villages peu de temps après, tandis qu’Hertel prit l’offensive en attaquant deux places fortes ennemies à Pointe-Lévy le 27 avril. Incapables de maintenir leurs positions, les 80 défenseurs anglais incendièrent les places fortes et se retirèrent à Québec.

En juin, on envoya deux détachements français sur la rive sud pour soutenir le moral des habitants et voir à ce qu’ils soient en mesure d’assurer leur propre protection. Hertel conduisit la troupe en charge de la région située en amont de Lotbinière. Moins d’un mois plus tard, Murray quitta Québec pour Montréal avec 2 500 hommes ; en route, ils s’appliquèrent à désarmer les civils et à faire prêter le serment de neutralité. Le 18 juillet, un détachement de Murray, constitué de 100 hommes, rencontra 40 hommes d’Hertel à Lotbinière. Après la première salve, les hommes d’Hertel s’enfuirent dans les bois, abandonnant leur commandant et plusieurs autres, sérieusement blessés, aux mains de l’ennemi. Plus tard dans la nuit, à bord de la frégate anglaise Diana, Hertel de Saint-François mourut des suites de ses blessures, à l’âge de 25 ans. Le jour suivant, Murray, reconnaissant ses états de service au cours des 12 mois précédents, envoya son corps à Deschambault, sur la rive nord, pour qu’il reçût les honneurs qui lui étaient dus. Il fut inhumé à Cap-Santé le 19 juillet.

Grâce à son aisance avec les Indiens et à sa familiarité avec la vie en forêt, le jeune Hertel fut en mesure de bien servir son pays lorsqu’il se trouva détaché du principal corps de troupes et laissé à sa propre initiative. En ramenant son corps à Cap-Santé, on rendait un hommage mérité à celui qui fut un soldat des plus aguerris.

C. J. Russ

AN, Col., C11A, 104, f.439 ; Col., D2C, 3 ; Col., F3, 16, ff.24–25, 101–103.— Chicago Historical Society, Oversize documents, La Jonquière à Hertel, 23 oct. 1749.— Coll. de manuscrits relatifs à la N.-F., IV : 285.— Journal du marquis de Montcalm (Casgrain), 590s.— Journal du siège de Québec (Fauteux), RAPQ, 1920–1921, 179, 233, 257.— Knox, Historical journal (Doughty), I : 412 ; II : 34.— Les « papiers » La Pause, RAPQ, 1933–1934, 105s.— Lettres du chevalier de Lévis (Casgrain), 223.— Henri Têtu, M. Jean-Félix Récher, curé de Québec, et son journal, 1757–1760, BRH, IX (1903) : 143.— RAC, 1905, I, ive partie.— P.-G. Roy, Hommes et choses du fort Saint-Frédéric, 146.— Thomas Charland, Les neveux de Madame de Beaubassin, RHAF, XXIII (1969–1970) : 72–78.

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C. J. Russ, « HERTEL DE SAINT-FRANÇOIS, ÉTIENNE (Hertel l’aîné) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 9 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/hertel_de_saint_francois_etienne_3F.html.

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Auteur de l'article:    C. J. Russ
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1974
Année de la révision:    1974
Date de consultation:    9 déc. 2024