SAINT-OURS DESCHAILLONS, JEAN-BAPTISTE DE, officier dans les troupes de la Marine, lieutenant de roi, né en 1669 au manoir de Saint-Ours et baptisé à Sorel (Québec) en octobre 1670, fils de Pierre de Saint-Ours* et de Marie Mullois, décédé à Québec le 8 juin 1747.

Le père de Jean-Baptiste de Saint-Ours Deschaillons était une éminente figure de la noblesse et de la hiérarchie militaire coloniales mais, à l’instar de plusieurs nobles du Canada, il ne possédait aucune fortune. Dans une société où le statut social était d’une importance primordiale, être solvable était moins essentiel que maintenir les apparences, ce en quoi, comme à d’autres égards, Deschaillons suivit les traces de son père.

Deschaillons commença son service militaire en 1688 et, deux ans plus tard, il fut nommé enseigne avec un salaire annuel de 360# if Soutenu par un flot continu de requêtes et de recommandations de son père et du cousin de celui-ci, il fut promu lieutenant réformé en 1693, lieutenant en 1702, puis capitaine le 9 juin 1708. Ces promotions étaient cependant méritées. En 1695, alors que Deschaillons était âgé de 25 ans, le gouverneur Frontenac [Buade*] l’envoya en direction d’Albany accompagné de 15 Indiens, avec la mission de trouver des Iroquois et des commerçants de race blanche et de ramener, si possible, des prisonniers. L’entreprise fut couronnée de succès : Deschaillons ramena en captivité trois Agniers et un Hollandais.

En juin 1703, Deschaillons devint garde-marine, titre qui, tout en apportant un statut social, ne comportait aucune responsabilité d’ordre militaire. Deux ans plus tard, le 25 novembre, Deschaillons et sa fiancée de 19 ans, Marguerite, fille de Pierre Legardeur* de Repentigny et d’Agathe de Saint-Père, signaient leur contrat de mariage. La cérémonie religieuse, à laquelle assistèrent un grand nombre de ses collègues officiers, eut lieu plus tard dans la même journée. Deschaillons appartenait désormais à l’une des plus vieilles familles de la noblesse coloniale.

En 1708, à l’issue d’un conseil de guerre tenu avec les Indiens de la mission de Montréal, on organisa un nouveau raid contre la Nouvelle-Angleterre. Deschaillons et Jean-Baptiste Hertel* de Rouville, à la tête de cette expédition, quittèrent Montréal le 26 juillet, avec une troupe constituée de 100 soldats et habitants, ainsi que d’un certain nombre d’Indiens. Après avoir pillé Haverhill, sur la rivière Merrimack, l’expédition retourna à Montréal avec des pertes s’élevant à 10 morts et 19 blessés.

L’année suivante, les Montréalais furent avertis que leur ville serait attaquée par le colonel Francis Nicholson* et son armée, qui envahissaient la colonie par le lac Champlain. Deschaillons prit la tête de l’une des cinq compagnies de Canadiens, commandées par le gouverneur de Montréal, Claude de Ramezay*, qui partirent repousser l’invasion. Les Canadiens quittèrent Montréal le 28 juillet, mais ils eurent tôt fait de revenir, car l’armée de Nicholson, victime de certaines mésaventures, dont une maladie contagieuse, avait fait demi-tour.

À l’automne de 1717, Deschaillons partit pour le pays des Outaouais, laissant à sa femme le soin de régler ses affaires dans la colonie. De 1721 à 1726, il commanda au fort Kaministiquia (Thunder Bay, Ont.) ; à Montréal, Jacques Le Ber de Senneville engagea en son nom des voyageurs pour transporter des marchandises à l’intérieur du pays et en ramener des fourrures. Deschaillons continua de s’occuper de la traite des fourrures dans les années 1720, par le truchement de son association avec, semble-t-il, le marchand Jean-Louis Volant d’Haudebourg. En 1728, il fut nommé commandant à Détroit, où il servit pendant deux ans.

En 1730, Deschaillons reçut la croix de Saint-Louis, qui comportait une pension d’au moins 800# f. Il posa sa candidature au poste vacant de lieutenant de roi à Trois-Rivières ; cependant, ce poste fut accordé à Claude-Michel Bégon, que Deschaillons remplaça comme major de Québec en février 1731. Ses intérêts se tournèrent alors du commerce des fourrures au commerce immobilier. Il recevait déjà 400# par année de son héritage de la moitié de la seigneurie de Saint-Ours. Le 20 août 1732, il acheta à Montréal, sur un morceau de terrain de 22 sur 30 pieds, une petite maison qu’il loua par la suite. Après deux ans de service comme major de Québec, il remplaça François Le Verrier* de Rousson comme lieutenant de roi, au salaire annuel de 1 800#. Cependant, ses sources de revenus furent grandement réduites par le feu qui ravagea Montréal en 1734, dans lequel brûlèrent deux de ses habitations, qui lui rapportaient annuellement de 800 à 1 000#. Deschaillons dut se faire rembourser un prêt considérable de 1 000# qu’il avait consenti à l’un de ses parents, Pierre Legardeur de Repentigny. Le gouverneur Charles de Beauharnois et l’intendant Gilles Hocquart* sollicitèrent tous deux pour Deschaillons une pension sur l’ordre de Saint-Louis ou sur le fonds des Invalides, en reconnaissance de ses services. Ainsi, en 1735, 1737, 1738, 1739 et 1743, Deschaillons reçut des gratifications de 400#. En 1742, lorsque le gouverneur de Trois-Rivières, Pierre de Rigaud* de Vaudreuil, fut nommé gouverneur de la Louisiane, Deschaillons posa sa candidature pour le remplacer à Trois-Rivières, mais cette promotion lui fut refusée.

Le 14 mars 1741, une ordonnance de l’intendant Hocquart avait forcé Deschaillons à habiter et à exploiter, sur l’île Jésus, l’arrière-fief de Saint-Ours, que Deschaillons s’était vu octroyer par le séminaire de Québec, en 1719. Il passa outre à l’ordonnance et, le 2 août de l’année suivante, la concession retourna au séminaire.

Durant la longue période où il fut au service du roi, Deschaillons passa du rang de cadet à celui de lieutenant de roi à Québec, remplit deux postes de commandant et reçut la croix de Saint-Louis. Ses investissements dans le commerce des fourrures et dans le commerce immobilier, ses revenus militaires ainsi que l’aide de l’État lui permirent de vivre selon son statut de noble. Il eut neuf enfants, cinq filles et quatre fils, dont deux, parmi lesquels Pierre-Roch, poursuivirent une carrière dans les troupes de la Marine.

C. J. Russ

AN, Col., C11A, 11–14 ; 18–19 ; 22 ; 30 ; 79 ; Col., D2C, 47 ; Col., E, 120 (dossier Saint-Ours Deschaillons).— ANQ-M, Greffe d’Antoine Adhémar, 25 nov. 1705 ; Greffe de Jacques David, 15 mai 1722 ; Greffe de C.-R. Gaudron de Chevremont, 7 avril 1735 ; Greffe de J.-C. Raimbault, 20 août 1732.— Fauteux, Les chevaliers de Saint-Louis, 126.— P.-G. Roy, Inv. concessions, I : 140s.; II : 172 ; Les officiers d’état-major, 231–235.— Tanguay, Dictionnaire. Kellogg, French régime, 298, 326.— Nish, Les bourgeois-gentilshommes, 92, 150.— C. J. Russ, Les troupes de la marine, 1683–1713 (thèse de m.a., McGill University, 1971).

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C. J. Russ, « SAINT-OURS DESCHAILLONS, JEAN-BAPTISTE DE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 8 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/saint_ours_deschaillons_jean_baptiste_de_3F.html.

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Auteur de l'article:    C. J. Russ
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1974
Année de la révision:    1974
Date de consultation:    8 déc. 2024