BOURASSA (Bouracas, Bourasseau), dit La Ronde, RENÉ, trafiquant de fourrures, baptisé le 21 décembre 1688 à Prairie-de-la-Madeleine (La Prairie, Québec), fils de François Bourassa, dit La Ronde, et de Marie Le Ber ; il y épousa le 23 octobre 1710 Agnès Gagné, et ils eurent trois enfants, puis, en deuxièmes noces, le 28 septembre 1721, Marie-Catherine Leriger de La Plante, et ils eurent cinq enfants ; inhumé à Montréal le 7 septembre 1778.

Dans les premières décennies du xviiie siècle, les commerçants des colonies anglaises donnaient, pour les peaux de castor, en moyenne deux fois autant que les Français. Alléché par ces profits, René Bourassa, dit La Ronde, se lança dans le vaste commerce illicite qui se pratiquait entre Montréal et Albany, New York. Il fut pris, cependant, et condamné, en juillet 1722, à 500# d’amende.

En 1726, Bourassa se tourna vers le commerce de l’Ouest, auquel son père s’était livré plus de 30 ans auparavant. Associé avec Nicolas Sarrazin et François Lefebvre* Duplessis Faber, Bourassa envoya des canots dans les pays d’en haut en 1726. L’année suivante, il fit du commerce au poste de Baie-des-Puants (Green Bay, Wisconsin), où Duplessis commandait. Même s’il s’intéressait surtout au commerce de l’Ouest, Bourassa porta des lettres en Nouvelle-Angleterre en mars 1729 ; ce type de voyage servait souvent de couverture au commerce illicite. En 1735, il était lié avec les associés commerciaux de Pierre Gaultier* de Varennes et de La Vérendrye. Cette même année, Bourassa retint les services d’« engagés » qui se rendraient aux postes de La Vérendrye au fort Saint-Charles (sur le lac des Bois) et au fort Maurepas (quelques milles en haut de l’embouchure de la rivière Rouge). Lui-même était à Saint-Joseph (Niles, Michigan) en juillet, mais il hiverna avec l’explorateur au fort Saint-Charles. Au début de juin 1736, Bourassa, avec quatre compagnons, partit pour Michillimakinac (Mackinaw City, Michigan). Soudain, ils furent faits prisonniers par quelque 100 guerriers sioux des Prairies, qui accusaient les Français d’être en train d’armer leurs ennemis. Ce parti de guerre se préparait à mettre Bourassa au poteau pour le brûler quand son esclave, une jeune Siouse, se mit à plaider de façon dramatique pour qu’on l’épargnât. Il fut relâché. Par la suite, lui et ses hommes s’enfuirent les mains vides vers Michillimakinac, mais les Sioux tendirent une embuscade au parti de Jean-Baptiste Gaultier* de La Vérendrye, qui suivait à quelques milles derrière, et tuèrent les 21 hommes qui le composaient.

Bourassa retourna dans l’Ouest à la fin de l’automne. Ignorant l’ordre de La Vérendrye, père, de le rejoindre au fort Saint-Charles, Bourassa et Laurent-Eustache Gamelin, dit Châteauvieux, construisirent un poste à Vermillon (près de l’embouchure de la rivière Vermilion, Minnesota) et y hivernèrent avec un certain nombre de Sauteux. Au printemps de 1737, Bourassa partit en direction de l’est, vers Michillimakinac.

Après 1737, il semble que Bourassa ait concentré son commerce autour de ce poste. Il vendit à Pierre-Joseph Céloron* de Blainville 45 pots de vin destinés au parti de Français et d’Indiens qui se dirigeait au sud pour combattre les Chicachas en 1739, et, les années suivantes, il vendit des marchandises qu’on utilisait pour les négociations avec les diverses tribus. Malgré les conditions de vie précaires qui prévalaient dans tout l’Ouest, Bourassa déménagea sa famille à Michillimakinac au cours des années 1740. Il devint un membre en vue de cette petite communauté commerçante, possédant l’une de ses 40 maisons et, en plus, un lot à l’intérieur du fort et un pré à l’extérieur. Plusieurs esclaves l’aidaient à prendre soin de ses propriétés. Vers la fin des années 1740, Bourassa vivait apparemment dans une demi-retraite et ses affaires étaient conduites surtout par ses fils René et Ignace. Il avait une vie sociale active, assistant à de nombreux baptêmes et mariages. Les mariages de ses enfants l’associèrent à d’autres familles éminentes du fort : en 1744, son fils René avait épousé la fille de Jean-Baptiste Chevalier* et, en 1754, sa fille Charlotte-Ambroisine épousa Charles-Michel Mouet de Langlade.

Quand les Sauteux, sous l’impulsion de Minweweh*, enlevèrent Michillimakinac à sa garnison britannique, en 1763, Bourassa dut être inquiet. Les Indiens ne l’aimaient point et lui tuèrent tous ses chevaux et ses vaches avant le retour des Britanniques en septembre 1764. Ce désastre précipita peut-être son retour à Montréal, puisque, même s’il s’entendait bien, semble-t-il, avec le nouveau commandant, William Howard (qui le disait homme d’un « bon caractère »), il quitta bientôt Michillimakinac. Son fils Ignace, cependant, continua à y trafiquer jusqu’en 1775. René Bourassa passa les dernières années de sa vie à Montréal où il mourut en 1778.

David A. Armour

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David A. Armour, « BOURASSA (Bouracas, Bourasseau), dit La Ronde, RENÉ », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 8 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/bourassa_rene_4F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1980
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