CALLBECK, PHILLIPS, fonctionnaire et administrateur de l’île Saint-Jean (Île-du-Prince-Édouard), né vers 1744 ; il épousa en 1772 Ann Coffin ; décédé le 21 février 1790 à Charlottetown, île Saint-Jean.

On connaît peu les premières années de Phillips Callbeck, mais une tradition familiale laisse entendre qu’il naquit et fit ses études en Irlande. Il vint à l’île Saint-Jean, en provenance d’Angleterre, vers 1770 et, en septembre de cette année-là, il fut nommé membre du premier Conseil du gouverneur Walter Patterson. Il devint, la même année, procureur général, surrogate general et judge of probate, ces dernières fonctions consistant à être magistrat chargé des testaments, successions et tutelles. Il exerça également le droit ; écrivant après la mort du juge en chef John Duport en mai 1774, Patterson notait qu’on ne pouvait permettre la nomination de Callbeck à ce poste, puisqu’on priverait l’île de son seul avocat. En outre, Callbeck exploitait un moulin et un magasin.

En tant que conseiller le plus ancien, Callbeck devint administrateur de l’île Saint-Jean en 1775, quand Patterson s’embarqua pour l’Angleterre en vue d’obtenir de haute lutte un engagement financier pour subvenir aux besoins du gouvernement de l’île. Il n’avait rempli ces fonctions que pendant quatre mois lorsque, en novembre, des corsaires de la Nouvelle-Angleterre attaquèrent la colonie. Charlottetown fut pillée et Callbeck fait prisonnier, en même temps que l’arpenteur général Thomas Wright*. Relâché à Salem (Massachusetts), Callbeck se trouvait à Halifax en janvier 1776.

De retour dans l’île en mai, Callbeck tenta d’apporter des améliorations à la défense de la colonie. Il leva une compagnie de milice indépendante et, en tant qu’ingénieur, se préoccupa des fortifications de l’île. Mais il outrepassa ses pouvoirs en construisant des ouvrages de défense (les autorités militaires britanniques rejetèrent par la suite sa facture au montant de £14 000) et ne parvint jamais à lever entièrement les 100 hommes prévus pour sa compagnie de milice. D’après le juge en chef Peter Stewart*, toute cette activité lui permit d’être « indépendant de fortune ». outre ses salaires d’administrateur et de procureur général et les profits réalisés comme principal marchand et boutiquier de la colonie, Callbeck toucha des émoluments supplémentaires comme ingénieur intérimaire et colonel de milice.

Patterson rentra dans la colonie en 1780 et, l’année suivante, saisit plusieurs cantons pour arrérages de redevances sur les terres. Avec d’autres, Callbeck appuya cette action et acheta des terres lors de la vente aux enchères qui s’ensuivit, en novembre 1781. Des propriétaires, tels Robert Clark et le capitaine John MacDonald*, réagirent violemment et pressèrent les fonctionnaires britanniques de remettre les choses en leur état antérieur. À l’automne de 1783, semble-t-il, Patterson reçut de lord North, ministre de l’Intérieur (responsable aussi des colonies), un avant-projet de loi visant à remettre les terres à leurs anciens propriétaires. Patterson mit cette législation de côté en attendant de pouvoir s’assurer une Assemblée plus sympathique à ses vues. Aux élections de mars 1784, il eut à subir l’opposition du parti « country », dirigé par John Stewart*, fils du juge en chef. Callbeck chercha sans succès à se faire élire à l’Assemblée au cours de ces élections gagnées par le parti country. Des nouvelles élections en mars 1785 s’ensuivit une Assemblée plus complaisante, et Callbeck aida Patterson à obtenir de force la défaite de l’avant-projet de loi, en novembre 1786. Patterson présenta alors un projet de loi privé en vertu duquel toutes les terres seraient remises à leurs anciens propriétaires, à l’exception de celles achetées par Callbeck, Thomas Desbrisay* et Peter Stewart, pourvu que les acquéreurs de 1781 touchassent une compensation. Le même mois, toutefois, le lieutenant-gouverneur Edmund Fanning* arrivait pour remplacer Patterson, à titre de gouverneur intérimaire. Sommé par le ministre de l’Intérieur de s’expliquer, Patterson s’accrocha à son poste jusqu’en 1787, au moment où il retourna en Angleterre. Gouverneur désormais, Fanning commença à créer sa propre cabale.

Callbeck n’avait plus vraiment sa place dans le nouveau gouvernement. Il assistait rarement aux séances du conseil et, lorsque présent, faisait obstruction à l’adoption des résolutions et à la marche des affaires. Rejeté du conseil par Fanning pour ces raisons, Callbeck y fut réinstallé la même année mais n’assista plus à aucune séance. À l’été de 1787, les élections portèrent au pouvoir une Assemblée anti-Fanning dirigée par le capitaine Alexander Fletcher. Élu comme membre du parti de Fletcher, Callbeck fut choisi, à la majorité des voix, comme orateur (président) de l’Assemblée en janvier 1788. À Londres, le dernier de la série des événements commencée en 1781 se jouait devant le Conseil privé. Patterson et les membres de son gouvernement furent reconnus coupables des accusations criminelles portées contre eux ; en juillet 1789, Callbeck fut dénis de ses fonctions de conseiller et de procureur général. Il mourut moins d’un an après.

La question des terres brisa la carrière de Callbeck comme elle allait en détruire beaucoup d’autres avant de connaître son dénouement. Durement jugé par les historiens, tout comme Patterson, Callbeck paraît néanmoins s’être passionné tout autant pour les intérêts de la colonie en lutte pour sa survie que pour ses intérêts personnels. Après sa mort, l’Assemblée décida, par voie de vote, de placer un monument sur sa tombe, comme un « tribut de reconnaissance à un bienfaiteur public de cette île ».

H. T. Holman

PRO, CO 226/1, pp.15, 29 ; 226/6, pp.18, 76–83 ; 226/7, pp.34s., 60–66, 71–73 ; 226/12, pp.53s., 185 ; 227/1, pp.4, 71–73 ; 227/2, pp.61, 63–73, 81 ; 227/4, p.3.— Public Archives of P.E.I. (Charlottetown), accession 2 541/35, diary ; MacDonald papers, Capitaine John MacDonald à Nelly MacDonald, 12 sept. 1789 ; RG 5, Executive Council, Minutes, 19 sept. 1770, 18 avril, 23 mai, 29 sept. 1787 ; Smith-Alley coll., M. J. Young à George Alley, 4 déc. 1894.— [John MacDonald], Remarks on the conduct of the governor and Council of the Island of StJohn’s, in passing an act of assembly in April 1786 to confirm the sales of the lands in 1781 [...] (s.l.,  [1789]).— Saint-Jean, île (Île-du-Prince-Édouard), House of Assembly, Journal, 3 avril 1790.

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H. T. Holman, « CALLBECK, PHILLIPS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 13 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/callbeck_phillips_4F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1980
Année de la révision:    1980
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