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GLIKHIKAN (Glickhican, qu’on traduit habituellement par « mire de fusil » ou « mire sur le canon d’un fusil » ; baptisé Isaac), Indien loup (delaware) munsee, guerrier et orateur, converti à la secte des frères moraves et « leader indigène », né probablement vers 1730 en Pennsylvanie, décédé le 8 mars 1782 à Gnadenhutten (Ohio).
Éminent chef de guerre, Glikhikan vint au Canada pour apporter son appui aux Français pendant la guerre de Sept Ans. En 1763, il prit part au siège du fort Pitt (Pittsburgh, Pennsylvanie) pendant le soulèvement de Pondiac*. Il était le conseiller le plus influent de Packnake, grand chef des Loups Munsees à Kuskuski (près de New Castle, Pennsylvanie). Très tôt opposé au christianisme, Glikhikan s’était élevé contre les travaux apostoliques des jésuites parmi les tribus vivant en bordure des lacs Érié et Ontario. En 1769, il se rendit à la nouvelle mission des frères moraves, à Lawunakhannek (près de Franklin, Pennsylvanie), avec l’intention d’obliger David Zeisberger* ainsi que d’autres missionnaires à quitter la région. Une fois à Lawunakhannek, il entendit prêcher Zeisberger et se convertit bientôt au christianisme. L’année suivante, il joua un rôle prépondérant dans l’invitation que les Munsees transmirent aux frères moraves d’établir une nouvelle mission, Languntoutenünk (probablement près de Darlington), sur la rivière Beaver, à l’ouest de la Pennsylvanie. La veille de Noël 1770, il y fut baptisé dans la congrégation morave.
Glikhikan resta un chrétien convaincu et assista Zeisberger et John Gottlieb Ernestus Hackenwelder (Heckewelder) dans leurs tentatives pour diffuser la foi morave parmi les tribus de la vallée de l’Ohio. Son prestige de guerrier et d’orateur lui permit d’exercer une influence considérable, et il devint bientôt « auxiliaire national » ou « leader indigène ». En 1772, en compagnie des Indiens moraves, il déménagea à l’actuelle rivière Tuscarawas, à l’est de l’Ohio, où furent fondés deux nouveaux établissements, Schœnbrunn (près de New Philadelphia) et Gnadenhutten.
Pendant la guerre dite de lord Dunmore (entre la Virginie et les Chaouanons, en 1774), Glikhikan aida le chef loup White Eyes à garder sa tribu en dehors du conflit et, quand éclata la Révolution américaine, il usa de son influence pour empécher un grand nombre de Loups de se joindre aux Britanniques. Bien que les villages moraves eussent proclamé leur neutralité, les missionnaires et leurs ouailles favorisèrent les Américains ; à l’occasion, ils renseignèrent leurs chefs, à Pittsburgh, sur les partis de guerre britanniques. Entre 1777 et 1781, Glikhikan réussit à persuader plusieurs groupes d’Indiens favorables aux Britanniques, qui passaient par les villages moraves, de retourner chez eux sans attaquer les Américains. Il protégea également Zeisberger et d’autres missionnaires de l’hostilité de certains guerriers.
En septembre 1781, un grand parti de guerre britannique, sous la conduite de Matthew Elliott*, du chef wyandot Pomoacan (Half-King) et du chef loup Konieschguanokee (Captain Pipe), força Glikhikan, les missionnaires et les Indiens moraves à abandonner leurs établissements de la vallée de la Tuscarawas et à s’installer à Captives’ Town, sur le cours supérieur de la rivière Sandusky. Dans les derniers jours d’octobre, Glikhikan, Zeisberger, Hackenwelder et plusieurs des Indiens convertis se rendirent à Détroit, où ils furent interrogés par le commandant britannique, le major Arent Schuyler De Peyster. Ce dernier les trouva innocents des accusations portées contre eux d’avoir activement aidé les Américains, et, en novembre 1781, Glikhikan et les missionnaires retournèrent à Captives’ Town.
Pendant l’hiver de 1781–1782, les réfugiés de la Sandusky furent durement éprouvés par le manque de nourriture. En février 1782, Glikhikan ramena une centaine d’Indiens dans les villages de la Tuscarawas, avec l’espoir de moissonner les grains qu’ils avaient dû abandonner au mois de septembre précédent. À Gnadenhutten, Glikhikan et ses gens furent surpris par un détachement de la milice de la Pennsylvanie, commandé par le lieutenant-colonel David Williamson. Les Pennsylvaniens accusèrent les Indiens moraves d’appuyer les Britanniques, et, le 8 mars 1782, Glikhikan, sa femme Anna et 88 autres périrent, tués par les Américains à coups de haches et de maillets.
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R. David Edmunds, « GLIKHIKAN (Glickhican) (baptisé Isaac) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 7 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/glikhikan_4F.html.
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Auteur de l'article: | R. David Edmunds |
Titre de l'article: | GLIKHIKAN (Glickhican) (baptisé Isaac) |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1980 |
Année de la révision: | 1980 |
Date de consultation: | 7 déc. 2024 |