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PALLISER (Pallisser), sir HUGH, officier de marine et gouverneur de Terre-Neuve, né le 22 février 1722/1723 à Kirk Deighton, (West Yorkshire, Angleterre), fils unique du capitaine Hugh Palliser et de Mary Robinson, décédé le 19 mars 1796 à Chalfont St Giles, Angleterre.
Hugh Palliser naquit dans une vieille famille de propriétaires fonciers qui possédait des domaines dans le Yorkshire et en Irlande. Ses parents moururent quand il était jeune ; lui et ses sœurs furent probablement élevés par leur famille maternelle. Il entra dans la marine royale à l’âge de 11 ans, à bord de l’Aldborough, commandé par son oncle Nicholas Robinson, et fut promu lieutenant en septembre 1741. Cinq ans plus tard, il devint capitaine du Captain et, pendant la guerre de la Succession d’Autriche, commanda plusieurs vaisseaux. Ce fut à bord de l’un d’eux, le Sutherland, q’il fut grièvement blessé lorsqu’un coffre d’armes explosa sur le gaillard d’arrière et le laissa infirme, avec des douleurs à la jambe gauche jusqu’à sa mort.
Peu après le début de la guerre de Sept Ans, Palliser reçut le commandement de l’Eagle sur lequel il participa au blocus des ports français du nord. En 1757, il faisait partie de la flotte du vice-amiral Francis Holburne qui croisait au large de Louisbourg, île Royale (île du Cap-Breton) ; en 1759, commandant le Shrewsbury, il se trouva avec la flotte de Saunders au siège de Québec. Lors de la reddition de la ville, le 18 septembre, Palliser eut l’honneur de débarquer avec un groupe composé de marins et de soldats d’infanterie de marine pour prendre possession de la basse ville. En 1762, quand la nouvelle de la prise de St John’s par les Français [V. Charles-Henri-Louis d’Arsac de Ternay] parvint en Angleterre, il fut envoyé à Terre-Neuve avec une escadre. Cependant, il arriva au large de la côte le 19 septembre, lendemain de la reddition française au lieutenant-colonel William Amherst. En avril 1764. Palliser fut nommé gouverneur de Terre-Neuve, prenant ainsi la succession de Thomas Graves*.
Palliser, alors commodore, arriva dans le port de St John’s à bord du Guernsey, le 18 avril 1764. Son escadre de sept navires ayant un équipage de 1 100 hommes attestait l’importance de la pêche de Terre-Neuve aux yeux du gouvernement britannique. Dès le début, Palliser fit preuve d’énergie en inspectant les différentes régions qui dépendaient de son gouvernement. En 1764, il alla sur la côte sud et à la baie des Îles sur la côte ouest. Il séjourna de nouveau sur la côte sud pendant plus d’un mois à l’été de 1765 et, par la suite, alla visiter la côte nord et la côte du Labrador, placée sous la juridiction du gouverneur de Terre-Neuve depuis 1763. En 1767, il passa une fois encore le début de la saison de pêche au large de la côte sud et se rendit une seconde fois au Labrador.
Pendant les premières années de son mandat, Palliser dut remplir une tâche particulièrement nécessaire et qui prenait beaucoup de temps, celle de maintenir l’ordre dans la pêche que les Français pratiquaient à Terre-Neuve. Le traité de Paris en février 1763 permettait à la France de garder les droits de pêche que le traité d’Utrecht lui avait accordés sur la côte dite française, bande de littoral s’étendant du cap Bonavista à la pointe Riche. En même temps, elle recevait les îles Saint-Pierre et Miquelon qui devaient servir de base à ses pêcheurs. Avant 1763 toutefois, les pêcheurs britanniques avaient fréquenté la côte français, estimant qu’il y avait concurrence de droits de pêche. De leur côté, les Français croyaient tout aussi fermement qu’ils en avaient l’exclusivité. À cause du peu de temps dont disposait le gouvernement britannique pour élaborer une réglementation détaillée en vue de la saison de pêche de 1763, de graves contestations s’élevèrent cette année-là entre les pêcheurs britanniques et français sur la côte française. D’après les instructions que le gouvernement britannique avait données à Palliser, ce dernier ne devait pas permettre aux sujets britanniques d’interrompre la pêche française mais il était tenu de maintenir les pêcheurs français rigoureusement en deçà des limites que le traité leur avait fixées. Palliser fit comprendre qu’il ne fallait pas importuner les pêcheurs français sur la côte visée par le traité mais que les pêcheurs britanniques y avaient aussi des droits ; il prit dès le début la décision importante d’exiger que toutes les contestations soient réglées par des fonctionnaires britanniques et qu’aucun navire de guerre français n’entre dans les eaux de Terre-Neuve. Ainsi quand en juillet 1764 il apprit qu’une escadre sous le commandement de François-Jean-Baptiste L’Ollivier de Tronjoly s’était réunie à Saint-Pierre pour inspecter la côte française, il fit voile à destination de l’île en question et Tronjoly dut annuler son projet après que Palliser lui eut carrément signifié qu’un tel acte violerait la souveraineté britannique. Le gouvernement français s’éleva alors contre l’intervention du gouverneur mais celui-ci justifia pleinement sa politique de fermeté portant sur les « points nationaux » devant ses supérieurs et il reçut l’appui de l’Amirauté et du Board of Trade.
Quand Palliser inspecta lui-même la côte française en 1765, il fit plusieurs proclamations destinées à limiter les Français strictement aux droits que leur avait fixés le traité. En vertu de celui-ci, il ne leur était pas permis de construire d’autres installations que celles qui étaient en usage dans les pêcheries, et il leur était interdit de rester au delà de la fin de la saison de pêche ; en outre, les Britanniques présumaient que l’on ne construirait pas de bateaux sur la côte française. Palliser occupait les officiers de son escadre à patrouiller les côtes, à saisir les bateaux construits sur place et à arrêter les Français qui avaient passé l’hiver à Terre-Neuve. Cependant, il ressentait de la sympathie pour les Français dont les cabanes et les bateaux étaient détruits pendant l’hiver, blâmant les habitants de Terre-Neuve de se livrer à de tels actes et déplorant de ne pouvoir les en empêcher. Le gouverneur s’attaqua aussi avec énergie aux questions du commerce illicite et de la pêche exercée par les Français sur la côte sud. Au début de la saison de 1765, il découvrit des bateaux français qui pêchaient tout le long de cette côte ; il saisit sur-le-champ ceux qu’il put et envoya aussitôt une vive protestation à François-Gabriel d’Angeac, gouverneur de Saint-Pierre et Miquelon. Il fut tout aussi sévère à l’égard des sujets britanniques coupables d’infractions. Les vaisseaux de la Nouvelle-Angleterre pris à faire du commerce à Saint-Pierre furent saisis et envoyés aux cours de vice-amirauté à St John’s et à Placentia ; quant aux résidants de la côte sud reconnus coupables d’avoir trafiqué avec les Français, ils perdirent leurs maisons, leurs engins de pêche et se virent bannis de Terre-Neuve.
En essayant de limiter la pêche française selon les termes du traité, Palliser agissait conformément à l’intérêt qu’il portait aux pêcheurs de passage arrivant chaque année d’Angleterre, et non dans l’intérêt des habitants de Terre-Neuve. À la fois gouverneur et officier de marine, il considérait naturellement que les pêcheries de Terre-Neuve servaient avant tout de pépinières susceptibles de former des marins pour la marine marchande et la marine de guerre britanniques. Si Terre-Neuve devenait une colonie de peuplement, ni les bateaux ni les hommes employés à la pêche ne retourneraient alors chaque année en Grande-Bretagne, les vivres et l’attirail de pêche ne seraient qu’en partie britanniques et le revenu provenant de la vente du poisson à l’étranger ne serait pas réinvesti en Grande-Bretagne. Dans le but d’aider davantage les pêcheurs saisonniers, Palliser chercha à restreindre les droits de propriété des habitants, dans les lieux de pêche, et tenta de faire observer les dispositions de la loi de 1698 (10–11 William III, c.25). Il essaya sans arrêt de convertir la terre inoccupée, ou celle pour laquelle les résidants n’avaient pas de titre incontesté, en graves pour la pêche saisonnière. À l’automne de 1766, par exemple, il signala qu’un bon nombre de « sans travail » avaient construit des maisons et planté des jardins dans des graves de pêche saisonnière dans le port de St John’s. Ils furent avertis de se retirer avant la saison suivante, alors que tout devait être démoli pour « recevoir les pêcheurs de passage qui ne [devaient] jamais être désappointés à cause du manque de graves ». Palliser essaya également d’appliquer les articles de la loi de 1698 en vertu desquels les propriétaires des bateaux de pêche devaient ramener tous leurs matelots dans les îles Britanniques à la fin de la saison. À maintes reprises, il réprimanda Andrew Pinson*, négociant du sud-ouest de l’Angleterre ; ce dernier avait l’habitude de laisser son équipage, sans argent, à St John’s à la fin de la saison, ne fournissant aux matelots que de l’alcool et d’autres marchandises pour toute rétribution. En 1767, Palliser publia une proclamation détaillée destinée à débarrasser Terre-Neuve des milliers de pauvres pêcheurs abandonnés pour l’hiver ; les patrons devaient s’assurer que leurs hommes puissent retourner chez eux en ne leur remettant pas plus de la moitié de leur paye pendant la saison. Palliser ne réussit pas entièrement à faire appliquer cette mesure mais, pendant son mandat, le nombre de gens restant à Terre-Neuve l’hiver venu diminua. Les objectifs qu’il poursuivait pour la pêche à Terre-Neuve se reflétèrent dans une loi adoptée par le parlement en 1775 (Act for the Encouragement of the Ship Fishery). Elle était connue sous le nom de Palliser’s Act car, comme le note l’historien de Terre-Neuve Daniel Woodley Prowse*, « on retrouve la griffe de sir Hugh à chaque ligne ». La loi accordait des primes aux bateaux de pêche qui allaient au Grand-Banc, récapitulait les règlements de 1698 et incorporait le fond même de l’arrêté de Palliser de 1767.
Un des projets les plus chers de Palliser était de créer une pêcherie britannique saisonnière sur la côte du Labrador. Il espérait que la pêche avait des chances d’y prospérer, tout comme on l’avait espéré à Terre-Neuve dans les débuts, puisque la région avait peu de colons et qu’il suffisait d’établir des rapports amicaux avec la population autochtone et d’exclure les intrus des colonies et d’ailleurs. Lors de son voyage à Terre-Neuve en 1765, Palliser était accompagné de quatre missionnaires moraves, dont Christian Larsen Drachart et Jens Haven, qui devaient aller au Labrador comme interprètes ; ils étaient chargés d’empêcher les Inuit de trafiquer avec les Français et de s’opposer aux pêcheurs britanniques. Lorsque le gouverneur en personne arriva à la baie des Châteaux en août, les missionnaires avaient rassemblé plus de 500 Inuit pour le rencontrer ; on noua des relations d’amitié, et l’on poursuivit un trafic lucratif de fourrures. Palliser traita les gens pris à faire du commerce illicite de façon à servir d’exemple aux autres. En 1765, un de ses officiers fit une descente dans le poste des marchands de Québec, Daniel Bayne* et William Brymer, au cap Charles ; il y découvrit des marchandises françaises. Palliser ordonna alors que le poste fût fermé et que le représentant de Bayne et de Brymer fût banni de la côte. Il publia aussi une proclamation interdisant aux habitants de Terre-Neuve et des colonies situées sur la terre ferme de fréquenter la côte. Cependant, il fut par la suite harcelé pendant des années de procès que les marchands courroucés avaient intentés pour se faire indemniser et qu’il finit par régler à l’amiable en 1770. À l’été de 1766, on construisit une casemate en bois à la baie des Châteaux pour protéger la propriété des pêcheurs britanniques de passage contre les Inuit et les équipages en provenance des colonies. Palliser lui-même passa une bonne partie de l’été de 1767 à la baie des Châteaux à cultiver de bonnes relations avec les Inuit et à encourager les pêcheurs de passage en leur assurant une sécurité accrue dans les nouveaux postes qu’ils occupaient. Ses efforts furent couronnés de succès : alors que pendant la saison de 1764 il n’y avait pas eu de bateau de pêche britannique sur la côte du Labrador, 23 s’y rendirent pendant la saison de 1768.
Même avant d’être nommé gouverneur, Palliser avait travaillé étroitement avec Cook qui avait été master’s mate sur l’Eagle et qui, en 1763, fut désigné pour faire un relevé hydrographique des côtes de Terre-Neuve. Bien que Thomas Graves fût celui qui obtint la première nomination de Cook et lui fournit le vaisseau hydrographe Grenville, ce fut Palliser qui obtint que Cook fût nommé capitaine du navire avec son propre équipage. Toujours grâce à Palliser, on consigna sur les cartes manuscrites de Cook de nombreux renseignements utiles à la pêche : le gouverneur, désireux d’agrandir le rayon d’action des pêcheurs de passage, avait ordonné à Cook de saisir toutes les occasions pour indiquer les havres et les rivages susceptibles de devenir de nouvelles graves. Les relevés de Cook comprenaient les côtes où les Britanniques avaient le plus à craindre de la rivalité française. Étant donné les directives que Palliser avait reçues en 1764, la première instruction que celui-ci donna à Cook fut évidemment de faire l’étude systématique de l’hydrographie du large de la côte nord qui était vivement contestée. En 1765, il donna également ordre à Cook de dresser la carte de la côte près de Saint-Pierre et Miquelon pour aider les patrouilles de son escadre et inciter les pêcheurs britanniques à s’y rendre. Palliser obtint de l’Amirauté le permission que Cook publiât ses cartes et, en août 1766, il signala que la pêche britannique sur la côte sud était bien établie et qu’il était probable qu’elle se développerait rapidement, pêche « à laquelle les relevés pris récemment de cette côte et publiés sous les ordres de leurs Seigneuries contribuer[aie]nt grandement ».
Comme on pouvait s’y attendre, Palliser ne prisait guère la population locale de Terre-Neuve mais, en général, il administrait la justice avec bonté et impartialité et, à l’occasion, se montrait prêt à protéger les pêcheurs contre les marchands haut placés. Son attitude à l’égard de la population autochtone de Terre-Neuve et du Labrador fut celle de son temps : il voyait dans les Inuit du Labrador des barbares qu’il fallait convertir en bons sujets britanniques et en chrétiens. Mais, au moins, il avait adopté une politique de conciliation plutôt qu’une tactique d’extermination, et devant les attaques des équipages des baleinières contre les Inuit il se révoltait franchement. Il se méfiait des Micmacs catholiques qui venaient de la Nouvelle-Écosse chasser et pêcher sur la côte sud de Terre-Neuve car il croyait qu’ils étaient sous la domination des Français de Saint-Pierre et Miquelon. À plusieurs reprises, il confisqua aux Indiens les passeports que les autorités de la Nouvelle-Écosse et de l’île du Cap-Breton leur avaient remis et il avertit les fonctionnaires fautifs de ne plus en délivrer. Les Indiens de Terre-Neuve, les Béothuks, étaient en voie de disparition, et Palliser offrit des récompenses pour tout Béothuk amené vivant : en 1768, on prit un petit garçon mais il était « tellement jeune qu’il ne pouvait servir à rien, pas même à en tirer un mot de leur langue ». Vers la fin de la même année, une petite expédition conduite par le lieutenant John Cartwright et son frère George* fut envoyée dans l’intérieur pour découvrir le principal établissement des Béothuks et créer des liens amicaux ; bien que le groupe eût remonté la rivière des Exploits jusqu’au lac Red Indian, les recherches restèrent vaines.
La période de 1764 à 1768, pendant laquelle Palliser fut gouverneur, amena des changements considérables à Terre-Neuve. Alors qu’en 1764, 238 bateaux britanniques seulement, ayant à bord un peu plus de 7 000 hommes, étaient venus dans les pêcheries de Terre-Neuve, il y en eut 389 en 1768, avec un équipage dépassant 12 000 hommes. En revanche, le total des pêcheurs résidants tomba d’un peu plus de 10 000 à quelque 7 000, et – donnée capitale – le nombre des matelots qui retournaient tous les ans dans les îles Britanniques fit plus que doubler, passant de 5 562 en 1764 à 11 811 en 1768. Quant à la pêche rivale française, le nombre des pêcheurs et la totalité de leurs prises se situaient bien en deçà des totaux atteints par les pêcheurs britanniques de passage et les habitants de Terre-Neuve.
Palliser quitta Terre-Neuve pour la dernière fois en novembre 1768. En février 1769, John Byron fut nommé gouverneur et Palliser commença une carrière politique qui s’ajoutait à sa carrière navale. À titre de contrôleur de la Marine de 1770 à 1775, il mit sur pied et équipa plusieurs voyages d’exploration, y compris ceux de son vieil ami Cook. Le 6 août 1773, il fut créé baronnet et, à l’automne de 1774, fut élu député de Scarborough au parlement. L’année suivante, il fut promu contre-amiral et bientôt après devint un des lords de l’Amirauté ; en outre, il reçut le grade de lieutenant général des troupes de marine après la mort de Saunders. Quand les hostilités éclatèrent dans les colonies américaines, Palliser se vit confier l’organisation du transport et de l’intendance des troupes britanniques et prépara l’expédition de secours qui leva le siège de Québec en mai 1776 [V. sir Charles Douglas].
En 1778, Palliser fut promu vice-amiral et devint commandant en troisième de la flotte métropolitaine sous les ordres de l’amiral Augustus Keppel. Lors d’un combat contre une flotte française au large de l’île d’Ouessant, France, le 27 juillet, il y eut soit un malentendu, soit un désaccord entre Palliser et Keppel à propos de tactique, ce qui contribua à l’indécision du résultat. L’incident fut relevé par des hommes politiques partisans, et les conseils de guerre devant lesquels furent ensuite traduits les deux amiraux qui avaient été des amis personnels divisèrent amèrement la marine. Lorsque Keppel fut exonéré de tout blâme en février 1779, la foule londonienne qui exultait pilla la demeure de Palliser. Il devint si impopulaire que le gouvernement fut forcé de le destituer et il renonça à son siège au parlement. Même lorsqu’il fut acquitté lui aussi, le comte de Sandwich, ministre de la Marine, n’osa pas le réintégrer dans ses fonctions mais affronta cependant les invectives des hommes politiques de l’opposition en le nommant gouverneur de Greenwich Hospital en 1780, confortable sinécure où Palliser mit une fin honorable à sa longue carrière. Il siégea de nouveau au parlement comme député de Huntingdon de 1780 à 1784 et fut promu amiral en 1787.
Palliser mourut dans son manoir du Buckinghamshire à l’âge de 73 ans. Il laissait le plus gros de sa fortune à son fils illégitime George Thomas ; ce fut son petit-neveu Hugh Walters qui hérita de la dignité de baronnet ainsi que de ses domaines en Irlande et qui prit le nom de Palliser. Dans son testament, Palliser léguait £30 par an pour éduquer et vêtir 40 enfants d’une école qu’il avait mise sur pied dans sa paroisse en 1780. Par ailleurs, Palliser était un inlassable collectionneur de documents ayant trait à la marine ; pourtant, ni ceux-ci ni ses papiers personnels, qu’il avait sûrement dû conserver, n’ont subsisté jusqu’à nos jours.
Hugh Palliser servit admirablement l’État. Tout en étant un officier de marine courageux et entreprenant, c’était un homme d’affaires méthodique et assidu. Prowse fait remarquer que son mandat à Terre-Neuve eut une durée inhabituelle de cinq ans – sans doute parce que le gouvernement britannique ne manquait pas d’approuver sa ligne de conduite – et que ses archives sont les plus volumineuses de celles ayant appartenu aux gouverneurs du xviiie siècle. Il est presque certain que, dans ce petit monde qu’étaient St John’s et les petits villages de pêcheurs, la mesquinerie, les faux-fuyants et le désœuvrement l’irritaient ; ses lettres et ses ordres explosent parfois d’exaspération. S’il était sévère, il était cependant énergique et juste. Il tenta de préserver les Béothuks et les Inuit, et il se préoccupa vraiment des pêcheurs rémunérés en marchandises, dont la valeur était surestimée, et abandonnés sans ressources sur le rivage après une saison de dangereux labeur. Ami d’hommes tels que Cook, Saunders et Joseph Banks*, il ne pouvait être qu’intelligent et plein de zèle.
À Terre-Neuve, Palliser maintint la pêche française dans les limites du traité et les deux pêches – anglaise et française – sous sa ferme surveillance. Quant à sa tentative de conserver Terre-Neuve et le Labrador pour les pêcheurs qui étaient de passage tous les ans, elle n’eut qu’un succès mitigé malgré des gains substantiels à court terme. Essayer de faire observer les règlements de pêche de 1698 ainsi que les siens propres, c’était tenter l’impossible. On se rappelle peut-être plus et mieux Palliser à cause de l’appui qu’il donna à Cook. Pour sa part, ce dernier se souvint de son « estimable ami » en nommant en son honneur les îles Palliser du Pacifique Sud et le cap Palliser qui garde l’entrée ouest du détroit de Cook en Nouvelle-Zélande.
Le dernier baron Palliser, à la fin du xixe siècle, possédait un portrait de sir Hugh, par Nathaniel Dance. Une copie de ce portrait se trouve exposée dans le Painted Hall du Greenwich Naval Collège.
APC, MG 23, A1, sér. 1, 13 ; A4, 17.— BL, Add.
William H. Whiteley, « PALLISER (Pallisser), sir HUGH », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 3 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/palliser_hugh_4F.html.
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Auteur de l'article: | William H. Whiteley |
Titre de l'article: | PALLISER (Pallisser), sir HUGH |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1980 |
Année de la révision: | 1980 |
Date de consultation: | 3 déc. 2024 |