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PEACHEY (Peachy, Pitchy), JAMES, arpenteur, dessinateur, officier et artiste, probablement d’origine britannique, décédé le 24 novembre 1797, vraisemblablement à la Martinique.
Les documents ne commencent à faire état de James Peachey qu’au moment du premier de ses trois séjours en Amérique du Nord. On n’a rien trouvé sur ses origines ni sur ses années de formation. En 1773 ou 1774, il commença à travailler dans le bureau bostonnais de Samuel Jan Holland*, arpenteur général de la province de Québec et du district nord de l’Amérique du Nord, qui, lui, travaillait sous les auspices du Board of Trade. Ce dernier voulait se doter de cartes générales, les plus à jour possible, de l’Amérique du Nord, en particulier à l’approche de la Révolution américaine. Il se peut que Peachey ait été engagé spécialement pour réaliser ce projet. Vers la fin de 1775, Holland l’envoya en Angleterre avec deux arpenteurs adjoints. Logés dans des appartements à Londres, ils devaient préparer des cartes en vue d’une publication qui ne fut jamais réalisée. Le Board of Trade apporta toutefois son aide financière à Joseph Frederick Wallet DesBarres* pour mettre au point un ouvrage rival, l’Atlantic Neptune [...], dans lequel les relevés de Holland furent incorporés. En 1777, Peachey, et il n’y a pas lieu de s’en étonner, avait disparu des listes de paye de Holland. Notant la similarité, sur le plan visuel, entre les relevés topographiques complémentaires de l’Atlantic Neptune et les travaux de Peachey, Michæl Bell a suggéré que peut-être on avait eu recours aux talents de ce dernier pour la réalisation de cet ouvrage.
En 1780, Peachey avait de nouveau traversé l’Atlantique. Il passa quelques années dans la région de Québec, comme le montrent les plus anciennes pièces datées de sa production artistique. Grâce à ses paysages à l’aquarelle, exécutés d’une façon exquise, où figuraient des personnages entourant le gouverneur Haldimand* et des habitants dans le cadre idyllique de scènes locales, Peachey retint l’attention et s’attira la protection du gouverneur et de William Tryon, ancien gouverneur de New York. Dans ses lettres à ce dernier en 1784, Holland parle de Peachey comme étant « pour quelque temps dessinateur pour le général Haldimand » et « sur le pied d’un gentleman, ce dont il s’est lui-même rendu digne, aussi bien par sa conduite que par l’amélioration de son dessin et de sa peinture ».
En mai 1783, Peachey était employé à titre d’arpenteur adjoint sous les ordres de Holland. Ses tâches avaient trait à l’arpentage et au tracé des lots destinés aux soldats licenciés et aux réfugiés loyalistes dans le futur Haut-Canada. Peachey et ses collègues René-Hippolyte Pepin*, dit Laforce, et Lewis Kotte (Koth, Cotté) reçurent instructions d’examiner là rive nord du lac Ontario jusqu’au fort Niagara (près de Youngstown, New York). Peachey passa l’hiver dans les environs du fort Cataracoui (Kingston), où, en association avec Kotte jusqu’en 1784, il continua l’arpentage des cantons d’Adolphustown et de Fredericksburgh (maintenant North Fredericksburgh et South Fredericksburgh) commencé par John Collins l’année précédente. En novembre, Peachey accompagna Haldimand en Angleterre.
Entre autres œuvres, Peachey exécuta alors deux belles séries de paysages canadiens, souvent de sujets identiques. La première, représentée dans les collections des Archives publiques du Canada, consiste en plusieurs belles aquarelles à échelle réduite et comportant des renvois alphabétiques ; elles étaient probablement destinées, à un moment donné, à orner un plan à grande échelle de la vallée du Saint-Laurent qu’on se proposait peut-être de publier. Une deuxième série, datée de 1785 et maintenant dispersée, a peut-être été commandée par Haldimand. Peachey eut recours pour quelques œuvres, toutes d’un très beau fini, à la technique du ponçage pour reproduire les éléments de son ébauche. Parfois, il copiait les travaux de ses associés Kotte, James Hunter et Peter Couture.
Peachey chercha à tirer profit de son modeste succès à Londres en donnant à ses compositions des formats et des dimensions variés, et en utilisant divers matériaux. Il prépara des profils gravés à l’eau-forte de relevés topographiques rapportés de son deuxième voyage, puis il les coloria lui-même ou les fit colorier. Il fit aussi appel à des professionnels pour la production d’aquatintes qui furent publiées à Londres en 1785 et en 1786, et qui représentaient ses paysages canadiens. Vivant dans le district de Mayfair, il exposa des scènes de Montréal et de Québec à la Royal Academy en 1786 et trois autres sujets canadiens en 1787. Selon toute vraisemblance, son succès fut avivé par ses liens avec Haldimand. Ses œuvres ont pu influencer la conception que les Anglais se faisaient du Canada.
Peachey s’essaya aussi à illustrer des livres, en collaboration avec un imprimeur de Londres, C. Buckton. Il grava le frontispice de A primer, for the use of the Mohawk children [...] (2e éd., Londres, 1786) de Christian Daniel Claus, de même que le frontispice et 18 scènes bibliques de The Book of Common Prayer [...] translated into the Mohawk language [...] to which is added the gospel according to St. Mark, translated into the Mohawk language by Captn. Joseph Brant [...] (4e éd., Londres, 1787).
Le 3 octobre 1787, Peachey obtint une commission d’enseigne dans le 60e d’infanterie sous les ordres de Haldimand. Il arriva à Québec en août 1788 pour rallier le 1er bataillon, alors rassemblé au fort Niagara. Sa correspondance avec Haldimand mentionne une représentation des chutes Niagara et un portrait de Catharine Brant [Adonwentishon*], femme de Joseph Brant [Thayendanegea*] ais il ne nous reste aucune œuvre canadienne clairement datée de ce troisième séjour. En 1790, le 60e avait été transféré dans la région de Montréal, et Peachey exerça les fonctions d’arpenteur provincial adjoint sous les ordres de Holland. On lui demanda de corriger des plans et levés antérieurs et d’en faire de nouveaux, dont un arpentage des rives du Saint-Laurent et de l’Outaouais en amont de Repentigny en 1793 ; quelques-uns de ces travaux furent incorporés dans des plans plus généraux. Le 31 octobre 1793, il fut promu lieutenant et muté au 7e d’infanterie, alors stationné à Québec. Un an après, le régiment partit pour Halifax, puis retourna en Angleterre en 1795. Peachey fut promu capitaine le 29 juillet 1795 et transféré au 43e d’infanterie le 2 février 1797. Sa mort la même année, fut vraisemblablement due à une épidémie qui décima le régiment stationné alors à la Martinique.
Les noms Wm Peachy et W. Peachy, inscrits sur deux aquatintes après l’inscription Peachey, sont probablement erronés. Des exemples représentatifs des ouvrages de Peachey se trouvent aux APC, aux ASQ, à la BL, à la Metropolitan Toronto Library, à la Galerie nationale du Canada (Ottawa), à la New York Public Library, aux PAO, au Royal Ontario Museum (Toronto) et dans des collections privées.
APC, RG 1, E15, A, 25, 2 ; 27, 2 ; 45, 1.— BL, Add. mss 21 737, pp.183s. ; 21 784, pp.34–37 ; 21 892, ff.13–14 (copies aux APC).— PAO, RG 1, A-I-6, 1 (copie des instructions à M. James Peachey, 15 févr. 1793) ; Peachey à Holland, 28 févr. 1793 ; Holland à Peachey, 17 mars 1793.— PRO, AO 3/140, pp.52–57, 73, 81 ; CO 42/16, pp.230–233 ; CO 323/29, pp.20–22 ; WO 12/5 563, f.79 ; WO 17/1 500–1 505.— [Frederick Haldimand], Private diary of Gen. Haldimand, APC Report, 1889, 175, 243.— James Peachey (active/connu 1773–1797), B. G. Wilson, compil., Archives Canada Microfiches (Ottawa), 2 (1975–1976).— Mary Allodi, Canadian watercolours and drawings in the Royal Ontario Museum (2 vol., Toronto, 1974).— Catalogue of the manuscript maps, charts, and plans, and of the topographical drawings in the British Museum (3 vol., Londres, 1844–1861 ; réimpr., Bruxelles, 1962), III.— W. M. E. Cooke, Catalogue of paintings, watercolours and drawings in the W. H. Coverdale collection of Canadiana (à paraître).— G.-B., WO, Army list, 1788–1799.— Algernon Graves, The Royal Academy of Arts : a complete dictionary of contributors and their works from its foundation in 1769 to 1904 (8 vol., Londres, 1905–1906 ; réimpr., 8 vol. en 4, East Ardsley, Angl., 1970).— Image of Canada, documentary watercolours and drawings from the permanent collection of the Public Archives of Canada, introd. par Michæl Bell ([Ottawa, 1972]).— Landmarks of Canada [...] a guide to the J. Ross Robertson historical collection in the Public Reference Library, Toronto [...] (2 vol., Toronto, 1917–1921 ; [nouv. éd.], 2 vol. en 1, 1967), I.
Les auteurs tiennent à remercier Michael Bell, Douglas Schoenherr, Mme J. M. White et Peter Winkworth pour leur aide. [w. m. e. c. et b. g. w.]
W. Martha E. Cooke et Bruce G. Wilson, « PEACHEY (Peachy, Pitchy), JAMES », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 9 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/peachey_james_4F.html.
Permalien: | https://www.biographi.ca/fr/bio/peachey_james_4F.html |
Auteur de l'article: | W. Martha E. Cooke et Bruce G. Wilson |
Titre de l'article: | PEACHEY (Peachy, Pitchy), JAMES |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1980 |
Année de la révision: | 1980 |
Date de consultation: | 9 déc. 2024 |