BEDOUT, JACQUES, officier de marine, né le 13 janvier 1751 à Québec, fils de Jean-Antoine Bedout, négociant et membre du Conseil supérieur de Québec, et de Françoise Barolet ; il épousa probablement à Saint-Domingue (île d’Haïti) Marie-Jeanne Daigre, puis le 31 mai 1804, à Bordeaux, France, Jeanne Pécholier, née Lafont, et aucun enfant ne naquit de ces unions ; décédé le 17 avril 1818 à Pauillac, France.

Jacques Bedout commença de naviguer comme mousse dès 1763 sur des navires marchands et, jusqu’en 1776, il effectua 16 voyages en Amérique, en Angleterre, aux Antilles, en France et sur les côtes de Guinée. Il acquit ainsi la connaissance des mers et gravit les échelons de la marine marchande devenant sous-lieutenant en 1768, lieutenant en 1770 et capitaine en 1772.

Venu en France au début de 1777, Bedout reçut le 25 janvier un brevet temporaire de lieutenant de frégate dans la marine royale et partit pour les Antilles sur le Coursier. En Amérique, il se rallia aux insurgés et prit, le 30 juillet 1777, le commandement du corsaire Défense armé à Boston sous pavillon américain, sur lequel il livra, le 10 août, un combat à un corsaire britannique. Le 13 décembre de la même année, il arma en guerre à Bordeaux le corsaire Congrès avec lequel, le 14 février 1778, il combattit deux navires britanniques à l’ouvert dans la baie de Chesapeake. Après trois heures de canonnade, il dut baisser pavillon, puis fut fait prisonnier et conduit à New York d’où il s’évada pour embarquer comme second sur la frégate américaine Vengeance avec laquelle il revint en France. Bedout reprit alors du service dans la marine royale à la demande du chef d’escadre Louis-Charles Du Chaffault de Besné qui appréciait ses talents. Bedout servit donc comme officier auxiliaire sur le Diadème en juin 1778, puis en octobre sur le Neptune dans l’escadre commandée par le comte d’Orvilliers. En mars 1779, il travailla à l’armement du Protée, puis passa en avril sur la Couronne pour prendre part à la campagne de la Manche. Il partit pour les Antilles en février 1780 sur la frégate Railleuse, et participa à la prise de Tobago. Il embarqua ensuite à Saint-Domingue, traversa les Bahamas et arriva, en octobre 1781, dans la baie de Chesapeake où il prit part au combat au cours duquel l’escadre française du comte de Grasse repoussa les forces britanniques du contre-amiral Thomas Graves et provoqua la capitulation de Yorktown, en Virginie, assurant ainsi la victoire des insurgés et l’indépendance des colonies américaines.

En juillet 1782, Bedout reçut le commandement de la corvette Saint-Louis qui devait escorter des convois aux Antilles. Revenu en France en décembre 1782 à bord de la Railleuse, il passa en janvier suivant sur l’Andromaque chargée d’aller porter en Amérique le traité de paix signé à Versailles. Promu sous-lieutenant de vaisseau le 1er mai 1786 et ainsi intégré définitivement dans la marine française, Bedout utilisa la permission qui était alors donnée aux officiers de son grade et commanda au commerce la Pourvoyeuse, en campagne sur les côtes de Guinée de janvier 1786 à mai 1787.

Bedout fut élevé au rang de lieutenant le 1er mai 1792, puis à celui de capitaine de vaisseau le 27 août 1793. Il reçut alors le commandement du Terrible, vaisseau de 110 canons, dans l’escadre commandée à Brest, en France, par le comte de Villaret de Joyeuse. En juin 1794, il passa sur le Tigre et prit part aux combats de l’île de Groix, au cours desquels Villaret de Joyeuse tenta vainement de desserrer le blocus des côtes de Bretagne. Quatre fois blessé, ayant perdu près de la moitié de son équipage et son bâtiment se trouvant hors d’état de manœuvrer et de combattre, Bedout dut amener son pavillon et fut fait prisonnier. Rapidement libéré, il fut acquitté par un conseil de guerre le 22 juin 1796 et reçut les armes d’honneur – sabre, épée, paire de pistolets, sextant, longue-vue – auxquelles le Directoire ajouta une gratification de 18 000#. On lui confia aussitôt le commandement de l’Indomptable dans l’escadre chargée de convoyer le corps expéditionnaire qui devait tenter un débarquement en Irlande.

Promu contre-amiral le 12 avril 1798, Bedout commanda l’année suivante la 2e escadre, pavillon sur le Républicain, aux ordres de l’amiral Eustache Bruix. Quittant Brest en avril 1799, cette flotte gagna Toulon, alla ravitailler l’armée d’Italie à Gênes et rentra à Brest en juillet sans avoir rencontré l’ennemi. En novembre suivant, Bedout prit le commandement d’une escadre de cinq vaisseaux et de trois frégates qui passa de Lorient à Rochefort pour protéger la région contre d’éventuelles attaques britanniques. Relevé par l’amiral Denis Decrès, Bedout offrit sa démission qui fut refusée.

En octobre 1802, Napoléon Bonaparte confia à Bedout le commandement d’une nouvelle escadre de cinq vaisseaux, pavillon sur l’Argonaute, qui quitta Brest en janvier 1803 à destination de Gênes où elle embarqua 5 000 soldats polonais pour les transporter à Saint-Domingue. Bedout s’acquitta de cette mission et reprit le chemin de l’Europe. Pendant la traversée du retour, son escadre prit un corsaire britannique et en détruisit un second. Épuisé par la maladie, Bedout dut débarquer à El Ferrol, en Espagne, au mois de novembre 1803 et quitter son commandement. Sa carrière active était terminée. Il continua cependant à figurer sur les listes et ne fut admis à la retraite qu’à compter du 1er janvier 1816. À son décès, en 1818, il ne laissait en héritage que les deux tiers d’une propriété viticole peu considérable.

Jacques Bedout fut toujours très bien noté par ses chefs qui ne cessèrent de louer ses talents, son zèle, son activité, ses connaissances nautiques, son habileté manœuvrière. Il était à l’évidence un excellent officier.

Étienne Taillemite

AN, Marine, C1, 159 : f.301v. ; C7, 147 (dossier Bedout).— ANQ-Q, CE1-1, 14 janv. 1751.— Louis Nicolas, La puissance navale dans l’histoire (3 vol., Paris, 1958–1960), 1.— Georges Six, Dictionnaire biographique des généraux et amiraux français de la Révolution et de l’Empire [...] (2 vol., Paris, 1934), 1 : 72.— P.-G. Roy, « Le contre-amiral Jacques Bedout », BRH, 34 (1928) : 641–655.

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Étienne Taillemite, « BEDOUT, JACQUES », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 5 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/bedout_jacques_5F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1983
Année de la révision:    1983
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