DE LISLE, JEAN-GUILLAUME, marchand, notaire et officier de milice, né vers 1757 à New York, fils de Jean De Lisle et d’Ann Denton ; le 26 juillet 1779, il épousa à Montréal Radegonde Berthelet, fille de Joachim Berthelet, avocat et juge de paix, et ils eurent quatre fils et trois filles ; décédé le 4 juillet 1819 à Montréal.

Jean-Guillaume De Lisle, arrivé dans la province de Québec vers 1764, fut l’un des 16 premiers élèves inscrits à l’école d’enseignement secondaire fondée en juin 1767 par le sulpicien Jean-Baptiste Curatteau*, à Longue-Pointe (maintenant partie de Montréal), et qui deviendra le collège Saint-Raphaël. Il termina ses études en 1771 mais ne garda de l’école qu’un piètre souvenir ; son père, par contre, tenait le directeur en très haute estime. Jean-Guillaume compléta sa formation sous la direction de son père, auprès duquel il fut clerc et apprenti notaire durant cinq ans.

En 1785, De Lisle s’associa au marchand montréalais Maurice-Régis Blondeau pour garantir un des voyages de traite de Jean-Baptiste Cadot à Sault-Sainte-Marie (Ontario). Cette même année, il signa une pétition que des marchands et trafiquants de fourrures adressèrent au lieutenant-gouverneur Henry Hamilton* pour qu’il leur facilite le commerce. Après cette date, cependant, on ne trouve plus trace de l’activité de De Lisle dans le commerce. Le 15 novembre 1787, il reçut une commission de notaire pour le district de Montréal, et prit alors la relève de son père qui abandonnait l’exercice de cette profession. En décembre 1792, De Lisle obtiendra une autre commission qui l’habilitera à exercer dans toute la province.

Le 27 décembre 1788, De Lisle remplaça Simon Sanguinet* comme greffier de la fabrique de Notre-Dame de Montréal, fonction qu’il occupera jusqu’en 1798. C’est à ce titre qu’il rédigea les propositions du marguillier en charge, Louis Cavilhe, faites lors d’une assemblée tenue le 6 septembre 1789 afin de choisir un nouveau directeur pour le collège Saint-Raphaël, à la suite de la démission de Curatteau. La fabrique étant propriétaire du château de Vaudreuil où logeait le collège, les marguilliers se permirent d’intervenir dans la régie interne de cette institution en suggérant la nomination de Charles Chauveaux au poste de directeur. Ils proposèrent aussi l’adoption d’un programme d’études plus libéral et plus étendu car, selon eux, si le collège préparait bien ceux de ses élèves qui se destinaient à l’état ecclésiastique, il laissait les autres peu préparés à réussir dans le monde [V. Gabriel-Jean Brassier*]. Enfin, les marguilliers souhaitaient que le collège offre des cours de philosophie, alors uniquement dispensés au séminaire de Québec, ce qui entraînait de lourds déboursés pour les Montréalais qui y envoyaient leurs fils. Les sulpiciens ne se rendirent pas à toutes les demandes de la fabrique, puisque Jean-Baptiste Marchand* fut préféré à Chauveaux comme directeur du collège. Toutefois, la fabrique obtint un professeur de philosophie, Ignace Leclerc, qui entra en fonction dès 1790. L’année suivante, le collège diversifia son enseignement en offrant des cours d’anglais et de mathématiques. En 1790, De Lisle signa la requête des notables montréalais qui appuyaient la demande des sulpiciens à lord Dorchester [Guy Carleton] d’une charte pour fonder un collège-université à Montréal ; ce projet visait à faire contrepoids à celui de la création d’une université non confessionnelle, mis de l’avant par une commission sous la présidence du juge en chef William Smith* [V. Jean-François Hubert*].

De Lisle participa également à la vie sociale, culturelle et militaire de la communauté montréalaise. Ainsi, en novembre 1789, il avait fondé avec Louis Dulongpré*, Joseph Quesnel, Pierre-Amable De Bonne, Jacques-Clément Herse, Joseph-François Perrault* et François Rolland, le Théâtre de société de Montréal. Dès décembre, il joua avec la troupe une comédie que condamna le curé de Montréal, François-Xavier Latour-Dézery, en précisant que l’Église refuserait l’absolution à quiconque assisterait à ces représentations théâtrales [V. Joseph Quesnel]. Le 10 décembre 1790, De Lisle fut constitué maître des Frères du Canada, dont il avait été maître de la loge montréalaise deux ans auparavant. Cette société probablement maçonnique, créée en 1766, comptait de six à sept membres dont Herse, Jean-Philippe Leprohon et Philippe-François Rastel de Rocheblave. En 1797, De Lisle présida la Société du feu de Montréal. Il habitait le faubourg Saint-Antoine et possédait, à Côte-des-Neiges (maintenant partie de Montréal), un verger et un potager dont le père de Michel Bibaud* s’engagea, le 22 février 1798, à prendre soin. En 1799, sous le nom de l’apôtre Jean, il fit partie du Club des apôtres, fondé cette année-là, et dont les 12 membres se préoccupaient de gastronomie en organisant un souper chaque mois ; ce club ne vécut que quelques mois.

En 1805, De Lisle fit partie du 2e bataillon de milice de la ville de Montréal comme adjudant-capitaine. En 1812, il fut promu capitaine, et c’est à ce titre qu’il participa à la guerre de 1812 au cours de laquelle il obtint le grade de major. En 1815, il était lieutenant-colonel. C’est à cette époque qu’il dédia à Pierre Guy, son supérieur dans la milice, un ouvrage sur l’administration des fabriques dont il disait avoir commencé la rédaction lorsqu’il occupait le poste de greffier ; cet ouvrage demeura sous forme de manuscrit.

Le 21 juillet 1817, Jean-Guillaume De Lisle rédigea un testament olographe, désignant son épouse comme légataire universelle de ses biens et exécutrice de ses dernières volontés ; celle-ci avait obtenu la séparation des biens par une décision de la Cour du banc du roi en 1803. De Lisle mourut à Montréal deux ans plus tard, le 4 juillet.

Léon Lortie

Le minutier de Jean-Guillaume De Lisle, 1787–1819, est conservé aux ANQ-M, sous la cote CE1-121.

ANQ-M, CE1-51, 26 juill. 1779, 6 juill. 1819.— La Gazette de Québec, 16 juin 1785, 15 juin 1815.— Almanach de Québec, 1805 ; 1810 ; 1815.— [François Daniel], Nos gloires nationales ; ou histoire des principales familles du Canada [...] (2 vol., Montréal, 1867), 2 : 253–255.— Maurault, Le collège de Montréal (Dansereau ; 1967).— Morisset, Coup d’œil sur les arts, 55s.— Ægidius Fauteux, « Jacques-Clément Herse », BRH, 35 (1929) : 219–221.— J. E. Hare, « Le Théâtre de société à Montréal, 1789–1791 », Centre de recherche en civilisation canadienne-française, Bull. (Ottawa), 16 (1977–1978), no 2 : 22–26.— « Le livre de M. Delisle », BRH, 12 (1906) : 255.— É.-Z. Massicotte, « La famille de Jean De Lisle de la Cailleterie », BRH, 25 (1919) : 175–186 ; « Les Frères du Canada », 23 (1917) : 219–221 ; « Jean De Lisle et Jean-Guillaume De Lisle », 25 (1919) : 150–152 ; « Notre-Dame-des-Neiges », Cahiers des Dix, 4 (1939) : 141–166 ; « Une page de l’histoire du collège de Montréal », BRH, 23 (1917) : 207–211.— Victor Morin, « Clubs et sociétés notoires d’autrefois », Cahiers des Dix, 13 (1948) : 117–127.

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Léon Lortie, « DE LISLE, JEAN-GUILLAUME », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 13 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/de_lisle_jean_guillaume_5F.html.

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Auteur de l'article:    Léon Lortie
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1983
Année de la révision:    1983
Date de consultation:    13 déc. 2024