VIGER, DENIS, menuisier, sculpteur, marchand et homme politique, né le 6 juin 1741 à Montréal, fils de Jacques Viger, cordonnier, et de Marie-Louise Ridé (Riday-Beauceron) ; décédé le 16 juin 1805 à Montréal.
On ne sait pratiquement rien des années de formation de Denis Viger, mais on peut supposer qu’il fit son apprentissage à Montréal où il commença à exécuter quelques travaux de menuiserie. Le 30 juin 1772, à Saint-Denis, sur le Richelieu, il épousa en grande pompe Périne-Charles Cherrier, fille du notaire François-Pierre Cherrier*. Le couple s’établit à Montréal, à l’angle nord-est des rues Saint-Paul et Saint-Vincent, dans une maison de pierre appartenant à Viger. D’ailleurs, au moment de son mariage, Viger possédait déjà deux emplacements à Montréal, probablement hérités de son père.
En 1774, Viger reçut avec Jean-Louis Foureur, dit Champagne, la somme de 904# pour l’exécution de différentes sculptures dans l’église de Saint-Denis, que son beau-frère, François Cherrier, desservait. Ces œuvres comprenaient les tabernacles et des garnitures de chandeliers avec croix et christ sculptés pour les chapelles, le maître-autel, l’ornementation du banc d’œuvre et de celui des acolytes, un siège avec prie-Dieu en colonnes tournées pour le célébrant ainsi que deux autres sièges pour les deux premiers chantres.
Par la suite et jusqu’en 1783, Viger travailla principalement pour l’Hôtel-Dieu de Montréal où il effectua plusieurs travaux de menuiserie et de forge. D’ailleurs, ses comptes montrent la diversité de ses activités : réparation de carrioles, fabrication de cercueils et de caisses de transport, entre autres choses. De plus, dans les années 1790, il s’occupa du commerce de la potasse ; il en acheta, la fit inspecter et l’expédia en Angleterre.
Tout en poursuivant ses occupations, Viger se prit d’intérêt pour la politique. En 1792, il appuya publiquement Joseph Papineau* et Pierre Foretier, candidats à la chambre d’Assemblée dans la circonscription de Montréal. En 1796, il décida de se présenter avec son beau-frère, Papineau, dans la circonscription de Montréal-Est. Les deux hommes adressèrent alors une lettre aux électeurs, qui parut dans la Gazette de Montréal le 27 juin 1796 : « Le désir d’être utiles à notre patrie, précisaient-ils, est le seul retour que nous puissions offrir. » Élu député à la chambre d’Assemblée le 29 juillet 1796, Viger ne participa qu’à deux sessions, appuyant inconditionnellement le parti canadien, mais il demeura en fonction jusqu’au 4 juin 1800. Il mourut cinq ans plus tard ; son épouse lui survécut 20 ans, puis s’éteignit à Montréal le 3 février 1825.
Denis Viger connut une amélioration de sa situation sociale. Son mariage le lia aux grandes familles Papineau, Cherrier et Lartigue. Il put assurer à son fils, Denis-Benjamin*, futur avocat et homme politique influent, une éducation chez les sulpiciens, plutôt que de le garder avec lui comme les artisans avaient l’habitude de le faire. Il fut l’oncle de Jacques Viger*, premier maire de Montréal, et de Louis-Michel Viger*, avocat, député et président de la Banque du peuple.
ANQ-M, CE1-51, 6 juin 1741, 25 avril 1776, 18 juin 1805 ; CE2–12, 30 juin 1772 ; P-24.— AP, Saint-Denis, Livres de comptes, I (1755–1821), 1774 : f.20v.— Arch. des Religieuses hospitalières de Saint-Joseph (Montréal), Affaires temporelles de la communauté, Comptabilité, 1744–1783.— MAC-CD, Fonds Morisset, 2, V674/D395.— F.-J. Audet, Les députés de Montréal, 45s.— Tanguay, Dictionnaire, 7 : 465s.— É.-Z. Massicotte, « Les demeures de Denis-Benjamin Viger », BRH, 47 (1941) : 269s.
Louise Désy, « VIGER, DENIS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 8 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/viger_denis_5F.html.
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Auteur de l'article: | Louise Désy |
Titre de l'article: | VIGER, DENIS |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1983 |
Année de la révision: | 1983 |
Date de consultation: | 8 déc. 2024 |