ARNOLDI, PHEBE (rebaptisée Apolline), dite de Sainte-Angèle (Diehl), professeure, marchande et ursuline, née le 22 mai 1767 au fort Saint-Jean (Saint-Jean-sur-Richelieu, Québec), fille de Peter Arnoldi, militaire originaire de Hesse (République fédérale d’Allemagne), et de Philipina Maria (Phébé) Horn ; décédée le 16 mai 1825 à Trois-Rivières, Bas-Canada.
Phebe Arnoldi avait 15 ans lors de son mariage avec John Justus Diehl le 22 février 1783. Ce marchand allemand de Québec, que son père l’avait forcée à épouser, était âgé de 32 ans, peu fortuné, raide de caractère et d’humeur sombre. De ce mariage naquit un fils, Peter, qui fut baptisé le 4 juin 1786. Mais déjà les époux ne s’entendaient plus. Diehl, grand amateur de transactions, était malheureux en affaires et de plus en plus mélancolique. En 1787, Phebe se réfugia avec son fils chez son frère Michael*, orfèvre à Saint-Philippe-de-Laprairie.
Les époux se séparèrent légalement le 15 janvier 1789. Phebe récupéra ses meubles, bijoux et vêtements, obtint la garde de son enfant, mais renonça au douaire de 1 000# que lui garantissait son contrat de mariage. Elle parvint ensuite à s’assurer un modeste revenu en donnant des cours d’anglais, de français et de couture à Montréal. En novembre 1794, Michael lui fournit l’argent pour acquérir une propriété rue Notre-Dame, à Trois-Rivières. En retour, elle s’engageait à l’entretenir sa vie durant.
Phebe ouvrit un magasin d’étoffes et, en 1796, elle acheta un autre terrain rue Notre-Dame. Toutefois, ses affaires ne furent guère fructueuses de sorte qu’en 1799 elle se désista de ses deux propriétés en faveur de sa mère, qui tenait une auberge à Trois-Rivières. Dès lors, elle liquida son commerce et en céda les revenus à son fils. Elle entra au monastère des ursulines de Trois-Rivières et y demeura malgré les objurgations de sa mère. Elle abjura la foi protestante et fut rebaptisée Apolline le 3 mai 1802. Elle prit l’habit trois mois plus tard et fit profession le 6 août 1804. Devenue Appoline de Sainte-Angèle, elle enseigna aux externes. Sa nouvelle condition de convertie et son passé de femme d’affaires devaient lui rendre très difficile la vie commune dans un monastère semi-cloîtré.
Appoline de Sainte-Angèle perdit son frère Michael en 1807 et sa mère l’année suivante. En 1810, elle devint économe de la communauté. Comme elle était atteinte d’hydropisie et qu’elle souffrait du foie, elle obtint en août 1813 l’autorisation d’aller se rétablir chez son frère Charles, à Saint-Sulpice. Au bout de quelques mois, elle refusa de rentrer à Trois-Rivières. Il fallut les pressions du vicaire général François-Xavier Noiseux et l’intervention de l’évêque de Québec, Mgr Joseph-Octave Plessis, pour l’inciter à réintégrer le monastère en janvier 1814. Elle y mourut le 16 mai 1825 et fut inhumée sous le chœur de la chapelle.
ANQ-M, CE1-63, 22 mai 1767, 22 févr. 1783.— Les Ursulines des Trois-Rivières.— Édouard Fabre Surveyer, « Une famille d’orfèvres », BRH, 46 (1940) : 310–315 ; « Une ursuline d’origine allemande aux Trois-Rivières », le Canada français (Québec), 2e sér., 28 (1940–1941) : 117–130.
Hermann Plante, « ARNOLDI, PHEBE (rebaptisée Apolline), dite de Sainte-Angèle (Diehl) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 8 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/arnoldi_phebe_6F.html.
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Auteur de l'article: | Hermann Plante |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1987 |
Année de la révision: | 1987 |
Date de consultation: | 8 déc. 2024 |