Titre original :  Ignace-Michel-Louis-Antoine d'Irumberry de Salaberry

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IRUMBERRY DE SALABERRY, IGNACE-MICHEL-LOUIS-ANTOINE D’, officier dans l’armée et dans la milice, seigneur, homme politique, juge de paix et fonctionnaire, né le 4 juillet 1752 à Beauport (Québec), fils de Michel de Sallaberry*, officier de marine, et de Madeleine-Louise Juchereau Duchesnay de Saint-Denis ; le 18 février 1778, il épousa à Montréal Françoise-Catherine Hertel de Saint-François, et ils eurent dix enfants dont sept atteignirent l’âge adulte ; décédé le 22 mars 1828 à Québec.

Après la guerre de la Conquête, Michel de Sallaberry se retira en France avec sa femme. Ignace-Michel-Louis-Antoine demeura dans la colonie chez sa tante maternelle, Marie-Thérèse Juchereau Duchesnay. Il fréquenta le petit séminaire de Québec de 1765 à 1769. Au moment de l’invasion américaine de 1775 [V. Benedict Amold* ; Richard Montgomery*], il se porta volontaire pour défendre le fort Saint-Jean (Saint-Jean-sur-le-Richelieu). La garnison du fort capitula au début de novembre. Blessé à deux reprises pendant les hostilités, Salaberry fut hospitalisé à l’Hôtel-Dieu de Montréal. En mai 1777, il se joignit à l’armée du major général John Burgoyne*, qui subit la défaite près de Saratoga (Schuylerville, New York) en octobre. À la fin du conflit en 1783, il retira la demi-solde.

À l’instar de plusieurs membres de la petite noblesse seigneuriale, Salaberry figura en 1788 parmi les signataires d’une requête transmise au roi, laquelle s’opposait à la réforme constitutionnelle envisagée par la bourgeoisie marchande de la colonie. En 1791, il se lia d’amitié avec le fils du roi George III, le prince Edward* Augustus, et, par son intermédiaire, il bénéficia largement du favoritisme colonial et impérial. En juillet 1792, il demanda au prince et à sa maîtresse, Thérèse-Bernardine Montgenet, dite Mme de Saint-Laurent, d’être parrain et marraine de son fils cadet, Édouard-Alphonse*. Ses trois autres fils profitèrent aussi des faveurs du prince et obtinrent, entre autres, des commissions d’officiers dans des régiments de l’armée britannique.

De son côté, Salaberry reçut une commission de juge de paix pour le district de Québec en 1794, qui fut périodiquement renouvelée jusqu’en 1821. Il obtint pareille commission pour les districts de Trois-Rivières et de Saint-François en 1821, pour celui de Gaspé en 1824 et enfin pour le district de Montréal en 1826 et 1828. En 1796, il fut nommé major du 1er bataillon du Royal Canadian Volunteer Régiment, licencié en 1802. En janvier 1801, il fut appelé à remplacer Louis-Joseph de Fleury Deschambault au poste de surintendant adjoint des Abénaquis de Saint-François. Six ans plus tard, il fut nommé commissaire chargé de faire prêter le serment d’allégeance et commissaire responsable de la construction d’un nouveau marché et d’une nouvelle prison à Québec. En 1808, il obtint le poste d’inspecteur des forêts du Bas-Canada. Sa loyauté à la couronne britannique lui valut aussi d’être nommé au Conseil législatif en 1817.

Avec la constitution de la première chambre d’Assemblée à l’été de 1792, Salaberry brigua les suffrages dans les circonscriptions de Dorchester et de Québec, où il remporta la victoire. Obligé de choisir une seule circonscription, il opta pour celle de Dorchester qu’il représenta conjointement avec Gabriel-Elzéar Taschereau*. Il laissa alors le siège à pourvoir dans Québec à Michel-Amable Berthelot* Dartigny. Lors du vote sur le choix du président de la chambre d’Assemblée, Salaberry opta pour le marchand britannique William Grant* de préférence au Canadien Jean-Antoine Panet*, qui fut d’ailleurs élu. Puis pendant les sessions, ses votes allèrent en majorité au parti des bureaucrates.

Salaberry fut battu aux élections de 1796, mais il brigua de nouveau les suffrages en 1804, cette fois dans la circonscription de la Basse-Ville de Québec. Au cours de la quatrième législature, il se rangea d’emblée sous la bannière du parti canadien. Le projet de loi qui divisa alors le plus l’Assemblée fut certes celui sur le financement des prisons que présenta Salaberry. Dans son rapport, il recommanda que l’on construise une nouvelle prison dans chacun des districts, que le gouvernement supporte le coût de ces constructions qui ne devrait pas excéder £9 000 chacune, et que ce montant soit perçu par des droits sur les importations. Ce rapport déclencha une crise aiguë à l’Assemblée, accentuant la division entre les Canadiens, favorables au projet de loi, et les marchands britanniques qui, préférant financer ce projet par une taxe foncière, se sentaient lésés dans leurs intérêts et s’y opposaient farouchement. Après des débats fort agités, le projet de loi fut tout de même sanctionné par le lieutenant-gouverneur, sir Robert Shore Milnes*, en mars 1805. Salaberry essuya la défaite dans sa circonscription en 1808, mais il fut élu dans celle de Huntingdon qu’il représenta jusqu’en octobre 1809. Il se retira de la vie politique cette année-là, après avoir été battu dans la circonscription de la Basse-Ville.

Les 60 ans de Salaberry ne l’empêchèrent pas de vouloir participer à la guerre de 1812. En mai, il fut nommé lieutenant-colonel du 1er bataillon de la milice d’élite incorporée, mais il se retira en octobre à la suite d’une crise de paralysie. Il continua de servir dans la milice à titre de colonel du 1er bataillon de milice de la ville de Québec. Enfin, en octobre 1822, il présida le comité de Québec contre le projet d’union.

Salaberry mourut à Québec le 22 mars 1828, après une longue maladie. Il fut inhumé quatre jours plus tard dans l’église paroissiale de Beauport. Ses fils Maurice-Roch et François-Louis étaient décédés en service en Inde, tandis qu’Édouard-Alphonse avait succombé lors d’une campagne en Espagne. Charles-Michel hérita des biens de son père, qu’il partagea avec ses deux sœurs, restées célibataires, et son beau-frère, Michel-Louis Juchereau* Duchesnay, époux de feu Charlotte-Hermine-Louise-Catherine d’Irumberry de Salaberry. Les biens comprenaient une maison de pierre à deux étages située rue Sainte-Anne dans la haute ville de Québec, deux lots dans le canton de Godmanchester, 1 200 acres dans celui de Halifax, la seigneurie de La Guillaudière et le quart de la seigneurie de Beauport.

Ignace-Michel-Louis-Antoine d’Irumberry de Salaberry faisait partie de la petite noblesse seigneuriale qui, pour rehausser sa position sociale et s’assurer un certain niveau de vie, essayait de profiter intelligemment du favoritisme colonial et impérial. Le salon de Salaberry était un lieu de réunion très recherché où se côtoyaient des membres de la noblesse seigneuriale, du clergé et du gouvernement. Salaberry, fort paternaliste, tentait de mousser la carrière de chacun, de caser ses enfants et ses amis dans de bons emplois. Il y parvint souvent, surtout par l’intermédiaire du prince Edward Augustus, avec lequel il eut toujours d’excellentes relations.

Céline Cyr et Michelle Guitard

ANQ-M, CE1-51, 18 févr. 1778 ; P1000-4-461 ; P1000-44-877.— ANQ-Q, CE1-5, 5 juill. 1752, 26 mars 1828 ; P-289 ; P1000-93-1906.— APC, MG 24, G45 ; RG 68, General index, 1651–1841.— ASQ, Fichier des anciens.— The life of F.M., H.R.H. Edward, Duke of Kent, illustrated by his correspondence with the De Salaberry, family, never before published, extending from 1791 to 1814, W. J. Anderson, édit. (Ottawa et Toronto, 1870).— La Gazette de Québec, 20 nov. 1788.— F.-J. Audet, « les Législateurs du B.-C. ».— F.-M. Bibaud, le Panthéon canadien (A. et V. Bibaud ; 1891).— Desjardins, Guide parl.— Le Jeune, Dictionnaire.Officers of British forces in Canada (Irving).— Turcotte, le Conseil législatif.— Wallace, Macmillan dict.— Jacqueline Lefebvre, l’Abbé Philippe Desjardins, un grand ami du Canada, 1753–1833 (Québec, 1982).— Ouellet, Bas-Canada.— P.-G. Roy, la Famille d’Irumberry de Salaberry (Lévis, Québec, 1905).— Wallot, Un Québec qui bougeait.— F. [-J.] Audet et Édouard Fabre Surveyer, « Ignace-Michel-Louis-Ant. d’Irumberry de Salaberry », la Presse (Montréal), 26 nov. 1927 : 69.— Hare, « l’Assemblée législative du B.-C. », RHAF, 27 : 361–395.

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Céline Cyr et Michelle Guitard, « IRUMBERRY DE SALABERRY, IGNACE-MICHEL-LOUIS-ANTOINE D’ », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 3 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/irumberry_de_salaberry_ignace_michel_louis_antoine_d_6F.html.

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Auteur de l'article:    Céline Cyr et Michelle Guitard
Titre de l'article:    IRUMBERRY DE SALABERRY, IGNACE-MICHEL-LOUIS-ANTOINE D’
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1987
Année de la révision:    1987
Date de consultation:    3 déc. 2024