ROBERT, ANTOINE-BERNARDIN (baptisé Antoine), prêtre catholique, professeur, administrateur scolaire et vicaire général, né le 7 février 1757 à Laprairie (La Prairie, Québec), fils de Pierre Robert, dit Lapommeraie, et de Marie Paquet ; décédé le 11 janvier 1826 à l’Hôpital Général de Québec et inhumé le surlendemain dans la chapelle du séminaire de Québec.

Antoine-Bernardin Robert fit ses classes d’abord au collège Saint-Raphaël à Montréal de 1769 à 1775, puis au séminaire de Québec jusqu’à son ordination par Mgr Jean-Olivier Briand* le 20 octobre 1782. Compte tenu de la pénurie de professeurs, le séminaire fit appel à ses services dès 1780 même s’il n’était encore que séminariste. D’abord régent d’une classe de méthode, il suivit ses élèves jusqu’à la rhétorique inclusivement.

Après avoir occupé le poste de préfet des études du petit séminaire pendant deux ans, Robert sentit le besoin de faire le point et, à sa requête, l’évêque de Québec, Mgr Louis-Philippe Mariauchau* d’Esgly, le nomma à la cure de Berthier (Berthier-sur-Mer) en 1786. Mais le ministère paroissial ne convenait pas à son tempérament et, en mars de l’année suivante, il demanda à réintégrer le séminaire. « Votre lettre ne peut qu’augmenter la grande opinion que j’avais déjà de vous, lui écrivit son évêque, je consens avec beaucoup de joie que vous laissiez la cure de Berthier pour aller au Séminaire, étant bien persuadé que vous y serez très utile pour former des sujets capables d’instruire et d’édifier mes diocésains. »

Robert fut agrégé en même temps qu’Edmund Burke*, le 13 août 1787, et tous deux entrèrent au conseil du séminaire le 22 novembre suivant. De nouveau préfet au petit séminaire, Robert succéda à Burke dans les classes de philosophie et de mathématiques en 1790. Nommé procureur au début de mai 1795, puis élu supérieur le 30 du même mois, il remplit alternativement ces deux fonctions jusqu’en 1816. Malgré son état de santé déplorable, il assuma une dernière fois la direction du petit séminaire de 1817 à 1820, et il termina sa carrière en qualité de premier assistant du supérieur. En plus, il avait été vicaire général de Mgr Joseph-Octave Plessis qui l’avait honoré de ce poste le 13 janvier 1813.

Robert exerça une profonde influence au petit séminaire, notamment sur la qualité de l’enseignement. Il introduisit, semble-t-il, le cours des écoles royales militaires, fondées en France en 1776, ainsi que les manuels composés à leur intention par Charles Batteux, disciple de l’éminent pédagogue Charles Rollin. Il laissa, sous le titre de « Plan d’éducation du séminaire de Québec », une description détaillée de ce programme tel qu’il était appliqué dans les classes de grammaire et de belles-lettres en 1790. Les écoliers y apprenaient progressivement à maîtriser la langue latine par l’étude de la grammaire, l’explication de textes, la version, le thème et la prosodie. Chaque professeur dictait son cours qui, quoique rédigé en latin, contenait d’abondantes citations tirées des meilleurs écrivains français des xviie et xviiie siècles. Durant son supériorat, Robert s’appliqua, avec l’aide de ses confrères Jérôme Demers* et Antoine Parant*, à combler les lacunes du cours de 1790 en introduisant de nouvelles matières telles que la grammaire française, l’anglais, l’histoire et la géographie.

Robert était surtout un scientifique. « Né avec de grandes dispositions pour les sciences exactes, écrivit l’auteur de la notice nécrologique parue dans la Gazette de Québec le 12 janvier 1826, M. Robert a su faire usage de ses talens pendant plusieurs années qu’il a professé, avec le plus grand succès, les différentes branches de la philosophie et des mathématiques dans ce séminaire. » Ses nombreux traités manuscrits et ses recueils de notes attestent de l’étendue de ses connaissances et de sa prédilection pour l’astronomie. Il est permis de juger de la valeur de ses cours par la mémorable soutenance présentée au public le 30 avril 1792. Cinq de ses élèves eurent l’honneur de défendre 63 thèses de mathématiques et de physique en présence du prince Edward* Augustus, du lieutenant-gouverneur du Bas-Canada, Alured Clarke, du lieutenant-gouverneur du Haut-Canada, John Graves Simcoe*, des officiers de la garnison et d’un grand nombre de personnages les plus distingués. Les étudiants se montrèrent à la hauteur de la situation. Le 3 mai, la Gazette de Québec souligna « la manière satisfaisante avec laquelle ces jeunes Messrs » répondirent à toutes les questions qui leur furent posées et cela, après un travail de huit mois seulement.

Antoine-Bernardin Robert fut le digne successeur de ses confrères Thomas-Laurent Bédard*, Charles Chauveaux et Edmund Burke. C’est à ces quatre éducateurs que revient le mérite d’avoir doté le petit séminaire de Québec d’un véritable cours de mathématiques pures et appliquées dès le xviiie siècle. Lorsque de nouvelles fonctions obligèrent Robert à renoncer au professorat, l’enseignement des sciences à Québec ne le cédait que de peu à celui des meilleurs collèges de France.

Noël Baillargeon

AAQ, 12 A ; 210 A.— ANQ-M, CE1-2, 8 févr. 1757.— ASQ, mss, 7 ; 12 ; 13 ; 432 ; mss-m, 134 ; 148 ; 151 ; 185 ; Polygraphie, XXXVIII ; Séminaire, 3, no 5a ; 5, no 67 ; 92, nos 2–6, 8 ; 178, no 2 ; Séminaire de Québec, Thèses, 1775–1815.— Le Séminaire de Québec : documents et biographies, Honorius Provost, édit. (Québec, 1964).— La Gazette de Québec, 3 mai 1792, 12 janv. 1826.— Tanguay, Répertoire (1893).— Claude Galarneau, les Collèges classiques au Canada français (1620–1970) (Montréal, 1978).— Marc Lebel et al., Aspects de l’enseignement au petit séminaire de Québec (1765–1945) (Québec, 1968).

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Noël Baillargeon, « ROBERT, ANTOINE-BERNARDIN (baptisé Antoine) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 5 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/robert_antoine_bernardin_6F.html.

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Auteur de l'article:    Noël Baillargeon
Titre de l'article:    ROBERT, ANTOINE-BERNARDIN (baptisé Antoine)
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1987
Année de la révision:    1987
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