AULDJO, GEORGE, homme d’affaires, officier de milice, fonctionnaire et juge de paix, né le 2 avril 1790 à Aberdeen, Écosse, fils de George Auldjo, marchand, et de Susan Beauvais ; décédé le 11 avril 1846 à Montréal.

George Auldjo fit au moins une partie de ses études à l’Aberdeen Grammar School avant d’immigrer à Montréal pour rejoindre son oncle Alexander Auldjo*, associé de William Maitland dans l’Auldjo, Maitland, and Company. En 1815, cette société était devenue la Maitland, Garden, and Auldjo ; Maitland et peut-être Alexander Auldjo la représentaient à Londres tandis que George Auldjo et George Garden* la dirigeaient à Montréal. En 1816, Auldjo était représentant de la Phoenix Assurance Company de Londres et, six ans plus tard, Garden et lui avaient, semble-t-il, une entreprise à Québec, la Garden, Auldjo and Company.

Entre-temps, la Maitland, Garden, and Auldjo était devenue l’une des principales maisons d’import-export de Montréal et faisait de nombreuses transactions dans le Haut-Canada avec des marchands de Kingston et de Niagara (Niagara-on-the-Lake). Dès 1825, elle importait de grandes quantités de vin, de porto, de brandy, d’articles de mercerie, d’indigo, de poudre à canon, de verrerie, d’huile ainsi que des cordages et d’autres matériaux pour la construction navale. La compagnie faisait venir du rhum de Demerara (Guyane), de la toile de Greenock, en Écosse, de la bière d’Aberdeen, du charbon de Liverpool ainsi que toute une gamme d’objets de cuivre et de fer de Londres et de Dundee, en Écosse ; elle recevait également, de Halifax, des envois de mélasse, de café, de cuir et de sucre. Elle expédiait vers ces ports et ailleurs des pièces de bois, des douves et fonds de tonneau de même que des barils de jambon, de saumon, de morue et d’essence d’épinette.

Souvent, Auldjo achetait et vendait à son propre compte certains de ces produits. Il agissait aussi à titre d’agent d’embauche pour des hommes d’affaires haut-canadiens tels James*, Mathew et William Crooks, qui employaient des Canadiens et des immigrants dans leurs magasins et leurs moulins. À trois reprises au début des années 1820, Auldjo projeta avec Horatio Gates*, entre autres, des travaux dans la région de Montréal : la construction d’un nouveau marché, l’aménagement d’une route à péage jusqu’à Longue-Pointe et le prolongement de la rue Saint-Pierre jusqu’au Saint-Laurent. En 1822 au moins, et peut-être jusqu’en 1825, il fut membre du conseil d’administration de la Banque de Montréal.

Comme il appartenait à une compagnie importante, Auldjo occupait dans le milieu des affaires montréalais une position éminente qui se trouva consolidée par son mariage, le 5 octobre 1816, avec Helen Richardson, âgée de 17 ans ; elle était la fille de l’un des membres les plus influents des cercles d’affaires et du milieu politique de l’époque, John Richardson*. Le couple allait avoir deux fils et trois filles. Tout comme son beau-père, Auldjo joua un rôle de chef de file dans la promotion des intérêts commerciaux. Il se joignit à ceux qui protestaient contre les Corn Laws britanniques à cause du tort qu’elles faisaient aux exportations de blé vers la mère patrie et, en 1822, avec Richardson, Gates et d’autres, il organisa le Committee of Trade parce que « les conséquences ruineuses que mena[çaient] d’engendrer les difficultés croissantes du commerce canadien ne [pouvaient] plus être prévenues ni même retardées par des efforts individuels ». On le nomma président du comité de 1825 à 1833 puis en 1835–1836. Il avait fait du service militaire pendant la guerre de 1812 à titre d’enseigne dans le 1er bataillon de milice de la ville de Montréal et, en 1821, on le promut capitaine dans le 2e bataillon ; en 1831, il était encore actif dans la milice. En 1824, il devint examinateur des candidats au poste d’inspecteur de potasse et de perlasse dans le district de Montréal, fut chargé, à titre de commissaire, de faire rapport sur l’état du port de Montréal et reçut une commission de juge de paix. Il était aussi un membre influent de la congrégation Scotch Presbyterian, connue plus tard sous le nom de congrégation St Gabriel Street. Dans sa vie privée, Auldjo se montrait un homme généreux et fidèle. Ainsi, en 1825, il accompagna son cousin Thomas Thain* qui retournait en Angleterre dans un état voisin de la dépression nerveuse. « II est impossible de rendre compte du dévouement [...] du jeune Auldjo », fit savoir Edward Ellice* à John Forsyth ; « il est demeuré aux côtés de Thain jour et nuit, l’entourant d’une tendre et incessante attention ».

Au cours des années 1820, grâce à des emprunts contractés en Grande-Bretagne, Auldjo investit massivement dans le transport maritime au nom de la Maitland, Garden, and Auldjo. En 1823, il se joignit à un consortium qui commanda la construction d’un moteur marin à vapeur à l’Eagle Foundry de John Dod Ward à Montréal. La Maitland, Garden, and Auldjo baillait également une grande partie des fonds qui servaient à construire, à Montréal, à William Henry (Sorel) et à Québec, des voiliers qu’on exportait ensuite en Grande-Bretagne. On estime que de 1824 à 1827 ses investissements furent à l’origine de 29,4 % (en termes de tonnage) des voiliers construits dans les chantiers montréalais, ce qui correspondait à une valeur de £40 000. Cependant, en raison du resserrement du marché monétaire britannique et du déclin que connut la demande de navires à compter de 1824, ces énormes investissements ruinèrent la compagnie, qu’on confia à un syndic de faillite en 1826. Sur ses £242 624 d’actif, on recouvra dix ans plus tard quelque £70 800.

L’échec de la compagnie ne fit pas d’Auldjo un citoyen moins en vue. Il conserva ses commissions, devint administrateur à vie du Montréal General Hospital en 1829, syndic de la Maison de la Trinité de Montréal en 1832, commissaire chargé d’améliorer la navigation intérieure l’année suivante, commissaire chargé de surveiller la construction du canal de Lachine en 1835 et, en 1838, inspecteur des cendres destinées à l’exportation. Sa situation financière se redressa quelque peu en 1833 quand sa femme racheta une partie de ses dettes. Lorsqu’elle mourut, en 1837, il hérita des précieux biens immobiliers qu’elle possédait au cœur du district commercial de Montréal et peut-être aussi de ses grands terrains dans le Haut-Canada.

Il existe une analogie curieuse entre le sort que connut l’entreprise de George Auldjo et les voyages qu’il fit pour elle. En juillet 1831, le Lady Sherbrooke heurta des rochers dans le golfe du Saint-Laurent ; Auldjo fut tout de même parmi les survivants. Sept ans plus tard, il voyageait à bord du vapeur Sir Robert Peel quand celui-ci fut pris d’assaut et incendié à l’île de Wells (île Wellesley, New York) par des patriotes haut-canadiens que dirigeait William Johnston* ; cette fois, on le délesta de tous ses effets ainsi que de £600 qu’il transportait pour un collègue. Nullement découragé par ces incidents, il fit en juillet 1843, avec d’autres passagers, à bord du vapeur North America, une excursion qui le mena à Kamouraska et à Rivière-du-Loup, dans le Bas-Canada, puis sur le Saguenay. Heureusement, cette traversée fut sans histoires. Par contre, son voyage sur cette terre ne s’acheva pas dans la félicité. Frappé par de nouvelles difficultés commerciales, Auldjo en fut réduit à passer ses dernières années dans un hôtel déclassé de la rue Saint-Paul, à Montréal.

Gerald J. J. Tulchinsky

L’auteur tient à remercier George A. Mackenzie qui l’a aidé dans une partie de la recherche sur cette biographie.  [g. j. j. t.]

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Gerald J. J. Tulchinsky, « AULDJO, GEORGE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/auldjo_george_7F.html.

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Auteur de l'article:    Gerald J. J. Tulchinsky
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1988
Année de la révision:    1988
Date de consultation:    1 déc. 2024