BEAUBIEN, MARGUERITE, supérieure des Sœurs de la charité de l’Hôpital Général de Montréal, née le 29 janvier 1797 à Nicolet, Bas-Canada, fille d’Alexis Beaubien, cultivateur, et de Marguerite Durocher ; décédée le 11 août 1848 à Montréal.

Les parents de Marguerite Beaubien étaient propriétaires d’une terre à l’île Moras, dans la région de Trois-Rivières. Cultivateurs aisés, ils surent donner à leur fille une éducation soignée. Marguerite entra à l’Hôpital Général le 12 juillet 1816 et y prononça ses vœux de religion le 17 juillet 1818. Sœur Beaubien devint hospitalière des orphelines et, en 1828, pharmacienne. En 1833, on la choisit pour remplacer mère Marie-Marguerite Lemaire qui venait de démissionner de son poste de supérieure. Contrairement à ses devancières, dont le mandat était d’une durée indéterminée, elle remplit cette fonction pendant cinq ans, puis fut réélue pour un second quinquennat.

Dès son entrée en fonction, mère Beaubien fit construire un lavoir contigu à l’Hôpital Général, où on amena l’eau courante afin de favoriser la santé des sœurs ; l’ancien lavoir devint un magasin au profit des pauvres. En vue d’orner la chapelle, elle fit peindre trois tableaux en France. Elle fit aussi construire un perron en pierre à l’entrée de cette chapelle, puis fermer le mur autour de la propriété par une barrière en fer forgé surmontée de ces paroles significatives tirées du psaume 27 : « Mon père et ma mère m’ont abandonné mais le Seigneur m’a recueilli. » La pauvreté de l’hôpital, déjà grande, s’accrut à la suite de l’inondation survenue en janvier 1838.

Les pauvres furent constamment l’objet de la sollicitude de mère Beaubien. En 1834, elle donna l’ordre à l’économe de la communauté de distribuer du blé à tous les nécessiteux de la seigneurie de Châteauguay, propriété de l’Hôpital Général, et de faire couper les chênes dans l’île Saint-Bernard pour ensuite les vendre au profit des pauvres. On rebâtit en 1836 le manoir seigneurial, devenu vétuste et trop exigu, et les religieuses y hébergèrent quelques familles dont les chefs participaient à la rébellion de 1837–1838. En 1838, mère Beaubien présenta à la chambre d’Assemblée un mémoire par lequel elle sollicitait une aide pécuniaire supplémentaire afin d’aider l’œuvre des enfants abandonnés et de rebâtir les loges pour les aliénés, devenues inhabitables. On accorda la subvention mais sans le supplément demandé, aussi les religieuses cessèrent-elles le soin des aliénés en 1844.

En 1840, mère Beaubien avait accepté qu’une maison des Sœurs de la charité soit fondée à Saint-Hyacinthe. Trois ans plus tard, la communauté se dota de nouvelles constitutions que rédigea le sulpicien Sauveur-Romain Larré, assisté de Mgr Ignace Bourget*. Aux élections qui eurent lieu en 1843 dans la communauté, mère Beaubien fut élue assistante. À l’automne de 1844, elle devint supérieure de la nouvelle communauté des Sœurs de la charité à Bytown (Ottawa). Malheureusement, une attaque de paralysie l’obligea à démissionner, et c’est mère Élisabeth Bruyère* qui la remplaça. Sœur Beaubien, trop malade, ne put assumer aucune autre fonction. Quatre années de souffrances devaient s’écouler avant son décès.

Selon un de ses biographes, Marguerite Beaubien « était d’un caractère doux et paisible, d’un esprit judicieux et pénétrant, d’un jugement sûr et solide ». Le sulpicien Jean-Baptiste Thavenet appréciait « l’exactitude et la précision avec lesquelles elle [faisait] les choses ». Durant son mandat de supérieure, la communauté avait atteint son premier siècle d’existence. Elle avait agrandi son aire d’apostolat et pouvait ainsi envisager l’avenir avec confiance.

Laurette Duclos

ANQ-M, CE1-51, 14 août 1848.— ANQ-MBF, CE1-13, 29 janv. 1797.— Arch. des Sœurs Grises (Montréal), Aliénés, historique ; Ancien journal, I ; Corr., J.-B. Thavenet ; Dossier de la communauté de Saint-Hyacinthe ; Dossier de sœur Marguerite Beaubien ; Maison mère, corr., chapelle ; Mémoire de sœur Saint-Jean-de-la-Croix ; Notices biographiques (1741–1848) ; Reg. des affaires temporelles, I ; Reg. des entrées, 1737–1889 ; Reg. des minutes du Conseil général.— P.-G. Roy, Inv. concessions. É.-J.[-A.] Auclair, Histoire de Châteauguay, 1735–1935 (Montréal, 1935).— Bellemare, Hist. de Nicolet. [Albina Fauteux et Clémentine Drouin], l’Hôpital Général des Sœurs de la charité (Sœurs Grises) depuis sa fondation jusqu’à nos jours (3 vol. parus, Montréal, 1916–  ).

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Laurette Duclos, « BEAUBIEN, MARGUERITE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 4 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/beaubien_marguerite_7F.html.

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Titre de l'article:    BEAUBIEN, MARGUERITE
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1988
Année de la révision:    1988
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