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CALDWELL, BILLY (peut-être baptisé Thomas et quelquefois appelé Sagaunash), fonctionnaire et marchand, né un 17 mars, vers 1780, dans le voisinage du fort Niagara (près de Youngstown, New York) ; décédé le 27 septembre 1841 à Trader’s Point (près de Council Bluffs, Iowa).
Billy Caldwell est l’un de ces personnages de la frange pionnière qui naquirent de liaisons passagères entre des Britanniques et des femmes autochtones et qui ne s’intégrèrent jamais tout à fait aux institutions soit indiennes, soit britanniques ou américaines. Fils naturel de William Caldwell*, capitaine des Butler’s Rangers, et d’une Agnière dont le nom est inconnu (elle était la fille de Rising Sun), il fut abandonné très tôt par son père envoyé vers l’ouest, à Detroit, et il passa son enfance chez les Agniers, d’abord près du fort Niagara puis à la rivière Grand (Ontario). Vers 1789, son père le reprit et l’amena dans la famille qu’il avait fondée avec sa femme, Suzanne Baby, à Detroit. Caldwell y reçut une instruction rudimentaire qui visait à le mettre au service de la famille à titre de régisseur de la ferme, située du côté sud de la rivière. Cependant, il refusa d’être traité comme un fils de second ordre et passa en territoire américain pour se lancer dans la traite des fourrures.
En 1797, Caldwell entra au service de la société de traite de Thomas Forsyth et de John Kinzie ; il allait y demeurer 37 ans. Il travailla d’abord dans le sud-ouest du Michigan et le long de la rivière Wabash, puis dans le nord de ce qui est aujourd’hui l’Illinois où, en 1803, il fut promu commis en chef du nouveau poste de la compagnie, à Chicago. Sa première femme fut La Nanette, de la tribu des Potéouatamis, qui appartenait au puissant clan du Poisson ; elle mourut peu de temps après leur mariage. Caldwell épousa ensuite la fille de Robert Forsyth et d’une femme de la tribu des Sauteux. Après la mort de sa deuxième épouse, il se maria de nouveau, cette fois à une femme connue simplement sous le nom de La Française et qui était probablement la fille d’un influent trafiquant métis de Chicago. Il eut de huit à dix enfants dont aucun ne vécut jusqu’à l’âge adulte ou ne lui survécut.
Jusqu’en 1820 Caldwell se définissait comme un « vrai Britannique ». Il demeurait fidèle aux valeurs qui lui avaient été inculquées dans les communautés frontalières de la rivière Detroit où il avait grandi et ce, même si son père ne le reconnut jamais de plein droit comme son fils aîné. Au début de 1812, on le disait particulièrement influent auprès des puissantes communautés de Potéouatamis, d’Outaouais et de Sauteux installées sur les bords du lac Michigan, de sorte que les autorités tant américaines que britanniques tentèrent d’obtenir sa collaboration dans la guerre qui s’annonçait. Il rejeta les offres du gouverneur de l’Ohio, William Henry Harrison, et pendant l’hiver de 1812–1813 se rendit à Amherstburg, dans le Haut-Canada, où il obtint une commission de capitaine au département des Affaires indiennes. Le premier combat auquel il participa se déroula sur les bords de la rivière Raisin (Michigan) en janvier 1813 ; il subit une grave blessure en tentant de secourir un officier américain blessé. Par la suite, pendant le siège du fort Meigs (près de Perrysburg, Ohio) et du fort Stephenson (Fremont), à la bataille de Moraviantown et sur la frontière du Niagara, il servit d’officier de liaison avec les troupes indiennes.
Lorsque Matthew Elliott* mourut, en 1814, on tenta de faire de Caldwell son successeur au poste de surintendant des Indiens du district de Western, mais on nomma plutôt son père tandis que lui devenait son assistant. Par la suite, il aida le lieutenant-colonel Reginald James, commandant de la garnison au fort Malden (Amherstburg), à déloger son père ; il s’assurait ainsi le poste de surintendant. Cependant, il se montra incompétent en matière administrative et fut congédié par le département des Affaires indiennes en septembre 1816. Devenu marchand à Amherstburg et dans les environs, il n’y connut aucun succès. Dès 1820, il avait quitté le Haut-Canada pour de bon. Installé dans la région de Chicago, il fit de la traite avec les Indiens et devint bientôt citoyen américain.
C’est à Chicago, entre 1827 et 1833, que naquirent au sujet des ancêtres, du rang et de la position sociale de Caldwell diverses légendes qui allaient faire de lui un « grand chef sang-mêlé » des Potéouatamis. Certains éléments de ces inventions – il aurait été chef, Potéouatami et sauveur des Blancs qui avaient survécu à la bataille livrée près du fort Dearborn (Chicago) en 1812 – n’ont aucun fondement historique. Ils provenaient de ses employeurs, qui l’avaient embauché comme un chef reconnu par les Américains pour mieux servir leurs intérêts commerciaux. D’autres éléments, par exemple la fable selon laquelle il était secrétaire particulier de Tecumseh*, sont de son cru. Transmises par tradition orale, ces légendes furent sanctionnées à la fin du xixe siècle par leur publication dans des ouvrages de référence sérieux. Quant à son prétendu nom potéouatami, Sagaunash, il appert que ce n’était pas du tout un nom propre mais une étiquette ethnique, sakonosh, par laquelle les Potéouatamis l’identifiaient comme « le Canadien de langue anglaise ».
Par son influence, Billy Caldwell facilita la négociation de la dernière série de traités que signèrent les bandes unies de Potéouatamis, d’Outaouais et de Sauteux du Wisconsin et de l’Illinois et qui prirent fin en 1833, avec le traité de Chicago, en vertu duquel ils cédaient leurs dernières terres. Ses services n’étant plus requis, il fut abandonné – par ses protecteurs américains et entra à plein temps au service des bandes unies. Il migra avec elles dans l’ouest du Missouri et de l’Iowa, où il s’établit définitivement ; il géra leurs affaires commerciales et négocia en leur nom avec les autorités américaines jusqu’à ce qu’il meure du choléra en 1841.
Une bibliographie exhaustive des sources manuscrites concernant Billy Caldwell et une liste des différentes notices biographiques traditionnelles publiées à son sujet se trouvent dans les articles de James A. Clifton, « Merchant, soldier, broker, chief ; a corrected obituary of Billy Caldwell », Ill. State Hist. Soc., Journal (Springfield), 71 (1978) : 185–210, et « Personal and ethnic identity on the Great Lakes frontier : the case of Billy Caldwell, Anglo-Canadian », Ethnohistory (Tucson, Ariz.), 25 (1978) : 69–94.
Parmi les sources manuscrites les plus importantes, on consultera : BL, Add. mss 21885 : 121 (copie aux APC) ; Chicago Hist. Soc., Billy Caldwell à Francis Caldwell, 17 mars 1834 ; et Wis., State Hist. Soc., Draper mss, 17S229–235, 238–240 ; 21574–88. Aux APC, RG 10, A1, 4, et A2, 28, 30–34, on trouve une grande partie de la vaste correspondance au sujet de ou envoyée ou reçue par Caldwell à l’époque de son passage au département des Affaires indiennes ; d’autres informations relatives à cette période ou à celle de 1816–1819 se trouvent dans les papiers Caldwell, APC, MG 24, B 147 (photocopies).
James A. Clifton, « CALDWELL, BILLY (peut-être baptisé Thomas) (Sagaunash) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 9 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/caldwell_billy_7F.html.
Permalien: | https://www.biographi.ca/fr/bio/caldwell_billy_7F.html |
Auteur de l'article: | James A. Clifton |
Titre de l'article: | CALDWELL, BILLY (peut-être baptisé Thomas) (Sagaunash) |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1988 |
Année de la révision: | 1988 |
Date de consultation: | 9 nov. 2024 |