CASEY, WILLIAM REDMOND, ingénieur, né vers 1805 ou 1808, probablement à Brooklyn, New York ; décédé le 6 août 1846 à Montréal.

William Redmond Casey commença sa carrière au début des années 1830 à titre de sous-ingénieur adjoint pour la construction du Philadelphia, Germantown and Norristown Railroad. Il occupa par la suite un poste analogue lorsqu’on fit l’aqueduc de Croton, dans l’État de New York, puis assuma les fonctions de sous-ingénieur durant la construction du Long Island Rail Road. Au printemps de 1834, il arriva aux chantiers de construction du canal de Chambly, dans le Bas-Canada, comme sous-ingénieur.

En 1832, la Compagnie des propriétaires du chemin à lisses de Champlain et du Saint-Laurent, fondée dans le but de relier Dorchester (Saint-Jean-sur-Richelieu) à Laprairie (La Prairie), sur le Saint-Laurent, avait été constituée légalement. La loi l’obligeait à présenter un tracé de la voie avant décembre 1834. Comme on n’avait encore rien fait deux mois avant la date d’échéance, Jason C. Pierce, commerçant de Dorchester et membre de la compagnie, décida de produire le plan à ses frais. Il s’adressa alors aux commissaires du canal de Chambly afin d’obtenir les services de leur ingénieur en chef, W. R. Hopkins, pour faire le levé nécessaire, mais ils lui envoyèrent plutôt Casey. Assisté d’un arpenteur, ce dernier produisit en moins d’un mois le plan de la ligne projetée. À la fin de novembre, on forma officiellement la compagnie et on approuva le plan de Casey. Dès janvier 1835, la compagnie s’était assuré l’appui financier dont elle avait besoin en faisant appel à des investisseurs tels que Peter McGill* et George Simpson*, et elle avait engagé Casey pour diriger les travaux. À Montréal, cet hiver-là, celui-ci « s’occupa de fournir les renseignements et devis nécessaires au comité [de direction] afin de lui permettre, sans plus tarder, de passer des contrats pour le bois d’œuvre, le fer et les autres matériaux [requis] pour les clôtures ». On donna les premiers coups de pioche en avril 1835 et, dès décembre, Casey déclara que « les clôtures, le nivellement, la maçonnerie, les ponts, le grand quai de Laprairie et la charpente des gares étaient achevés ». On avait tout réalisé, notait-il, « avec un respect de l’ordre et de l’harmonie [...] rarement vu dans les travaux publics ». Les membres du conseil d’administration précisaient dans leur rapport que cet esprit de corps était attribuable au « tact et à l’attention » de Casey. À cette époque où les relations entre les deux ethnies s’avéraient de plus en plus tendues, seule l’attitude de Casey permettait d’expliquer son succès. « Les Canadiens, écrivit-il, formaient la très grande majorité des ouvriers et, fidèles à leur réputation, ils savaient, lorsqu’ils étaient nombreux à travailler ensemble, faire preuve d’une bonhomie et d’un sens de l’ordre qu’aucun autre peuple ne peut égaler. »

Au printemps de 1836, les travaux reprirent pour la dernière étape de la construction, l’infrastructure et la pose de la voie. Les fonds étaient restreints, mais les dépenses de Casey n’outrepassèrent pas les limites fixées. Pour la pose de la voie, il adopta la méthode américaine, reconnue comme « le procédé bon marché », qui consistait à faire grand usage de rails de bois recouverts de fer en bandes d’un demi-pouce d’épaisseur. Ces voies ferrées étaient moins solides que le modèle britannique qui utilisait des rails de fer, mais jusqu’en 1848, année où l’on remplaça le dernier rail construit par Casey, aucun accident sérieux ne survint sur cette ligne à cause d’une défectuosité de la voie. Pendant neuf ans, ce fut d’ailleurs le seul chemin de fer pour passagers au Canada.

Lord Gosford [Acheson] inaugura le chemin à lisses de Champlain et du Saint-Laurent le 21 juillet 1836. Au cours de ces cérémonies, à Dorchester, on rendit tout particulièrement hommage à Casey. Les membres du conseil d’administration le louangèrent pour son travail ; les ouvriers lui offrirent une médaille d’or en signe d’appréciation de sa « courtoisie envers eux » ; Gosford, pour sa part, porta un toast à l’ingénieur « dont la compétence avait été louée par ses employeurs, et la conduite applaudie par ses subalternes ». Quelques jours plus tard, Thomas Storrow Brown* écrivait dans le Vindicator and Canadian Advertiser : « Au Canada, nous sommes tellement habitués de voir des choses mal faites qu’un travail bien fait tient du miracle. »

Comme il n’y avait pas d’autre chemin de fer à construire au Canada, William Redmond Casey s’en retourna à New York. Au cours de la décennie suivante, il effectua « de nombreux levés [...] dans différentes régions du Haut et du Bas-Canada », mais ce n’est qu’en 1846 qu’il revint pour construire une voie ferrée, celle de la Compagnie du chemin à rails de Montréal et de Lachine qui venait de recevoir sa charte. Il travaillait à ce projet à Montréal, au cours de l’été, lorsque la tuberculose l’emporta. Le ministre unitarien John Cordner* présida à sa sépulture. Il repose dans une tombe sans inscription sur le flanc de la montagne, à Montréal.

John Beswarick Thompson

ANQ-M, CE1-132, 8 août 1846.— APC, RG 30, 281.— Canada, prov. du, Assemblée législative, App. des journaux, 1842, app. Z.— Montreal Gazette, 4 déc. 1834, 25 janv. 1845, 11 août 1846, 24 janv. 1848.— Morning Courier (Montréal), 23 juill. 1836.— Vindicator and Canadian Advertiser, 26 juill. 1836.— 1836–1986, a tribute to Canada’s first railway on its sesquincentennial (Saint-Constant, Québec, 1986). R. R. Brown, « The Champlain and St Lawrence Railroad », Railway and Locomotive Hist. Soc., Bull. (Boston), 39 (avril 1936) : 6–61.— E. A. Collard, « Of many things [...] », Gazette (Montréal), 30 mai 1970 : 6.— J. B. Thompson, « William R. Casey, the forgotten engineer », Engineering Journal (Montréal), 54 (1971), nos 1–2 : 8–9.

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John Beswarick Thompson, « CASEY, WILLIAM REDMOND », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 5 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/casey_william_redmond_7F.html.

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Auteur de l'article:    John Beswarick Thompson
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1988
Année de la révision:    1988
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