JENKINS, WILLIAM, ministre presbytérien, né le 26 septembre 1779 à Kirriemuir, Écosse ; il épousa en Écosse Jane Forrest puis, aux États-Unis, Mary Hatfield Stockton, et de ce mariage naquirent probablement neuf enfants ; décédé le 25 septembre 1843 à Richmond Hill, Haut-Canada.

Durant sa jeunesse, William Jenkins eut l’intention de devenir ministre de l’Associate Synod de l’Église scissionniste d’Écosse, et il fréquenta l’University of Edinburgh, sans toutefois obtenir de diplôme. Vers 1800, il immigra aux États-Unis où il poursuivit ses études de théologie ; il se révéla alors un helléniste et un hébraïsant remarquable. Il étudia en outre les langues de plusieurs nations indiennes de la région. L’Associate Reformed Presbytery de Saratoga l’autorisa à prêcher en 1807 et l’ordonna peu de temps après, présume-t-on, car il fut appelé à desservir à titre de missionnaire un groupe d’Onneiouts à Oneida Castle, dans l’état de New York. Apparemment, il avait déjà travaillé auprès de ce groupe en qualité de missionnaire stagiaire, avec l’aide d’un interprète.

En raison de certaines difficultés avec la Northern Missionary Society, Jenkins alla s’établir dans le Haut-Canada en 1817 et acheta une ferme dans le canton de Markham. En 1819, il se joignit au consistoire des Canadas, organisme canadien indépendant fondé l’année précédente par Robert Easton* et d’autres. Élevé dans l’Église scissionniste, Jenkins était un partisan des contributions volontaires ; à son avis, accepter de l’argent du gouvernement constituait « dans une certaine mesure une approbation tacite » de l’union de l’Église et de l’État, « cause de nombreuses guerres, persécutions et injustices » dans toute la chrétienté. En 1834, il se retira donc de l’United Synod of Upper Canada (qui avait succédé, dans la province, au consistoire des Canadas) parce que l’organisme acceptait des fonds gouvernementaux. On l’admit en 1837 au sein du Missionary Presbytery of the Canadas, affilié à l’United Associate Synod de l’Église scissionniste d’Écosse, formé trois ans plus tôt par William Proudfoot* et d’autres missionnaires de l’Église scissionniste et qui préconisait clairement la séparation de l’Église et de l’État ainsi que les contributions volontaires.

À son arrivée dans le Haut-Canada, Jenkins avait constitué une assemblée de fidèles à Mount Pleasant (Richmond Hill), son point d’attache, et d’autres également dans les cantons environnants. Il allait exercer son ministère jusqu’à Peterborough, la baie de Quinte et la rivière Grand. Selon son registre de mariages, il célébra en tout 852 unions à divers endroits. L’énergie qu’il déployait n’empêcha pas Proudfoot et le révérend Thomas Christie de faire l’observation suivante, en 1835, dans un rapport sur ses assemblées de fidèles : « toutes les congrégations dont s’occupe M. Jenkins dépérissent, en partie parce qu’il ne peut leur apporter son soutien que rarement et irrégulièrement ».

Jenkins était réputé pour son honnêteté, sa charité, sa rigueur morale et son radicalisme politique. Ami et admirateur de William Lyon Mackenzie*, il forma en décembre 1830, notamment avec William Warren Baldwin, Robert Baldwin*, Egerton Ryerson* et Jesse Ketchum*, un comité qui préconisait l’égalité religieuse dans le Haut-Canada. Leur pétition, acheminée au gouvernement impérial en 1831 au nom des « Amis de la liberté religieuse », exigeait que les ecclésiastiques n’occupent plus de poste politique, que les ministres de toutes les confessions aient des droits égaux, qu’on modifie la charte du King’s College et qu’on sécularise les réserves du clergé. Des partisans du family compact attaquèrent Jenkins aussi bien verbalement que physiquement, et en 1832 des inconnus tuèrent son cheval en le mutilant sauvagement. Il écrivit alors au Christian Guardian : « Croient-ils que pareil traitement m’intimidera au point que je me soustrairai à mon devoir ? J’aimerais mieux mourir en l’accomplissant que vivre en le négligeant. » Ses lettres à son fils James Mairs Jenkins, accusé de participation à la rébellion de 1837 et réfugié aux États-Unis, commentent les suites du soulèvement dans le Haut-Canada. « Quel triste pays, s’exclamait-il en 1839. Quand veillera-t-on à faire régner la justice entre les hommes ? »

Durant les trois dernières années de sa vie, William Jenkins souffrit d’une maladie qui l’obligea peu à peu à réduire ses déplacements et à abandonner certaines de ses assemblées de fidèles, mais il continua de prêcher jusqu’à deux semaines avant sa mort, survenue le 25 septembre 1843. De son vivant, ce personnage haut en couleur avait inspiré plusieurs anecdotes, peut-être inauthentiques cependant. Il aurait un jour réveillé un homme qui ronflait pendant l’office en lui donnant un coup de Bible sur la tête et en lançant « Vous ne voulez pas entendre la parole de Dieu alors sentez-la ! » À l’archidiacre John Strachan* qui le taquinait en raison de son manteau râpé, il aurait rétorqué : « Eh oui, Jock, je n’ai pas encore viré [mon capot] de bord. »

John S. Moir

Une partie de la correspondance de William Jenkins a été conservée par des particuliers et elle constitue la base de l’article de Mariel Jenkins, « Grace seasoned with salt : a profile of Reverend William Jenkins, 1779–1843 », OH, 51 (1959) : 95–104. On trouvera de courtes biographies dans « Memoir of the late Rev. Wm. Jenkins, minister of the United Secession Congregation, Richmond Hill », Presbyterian Magazine (London, Ontario), 1 (1843) : 277–279 ; « Sketches from the life of the Rev. William Jenkins, late of Richmond Hill », Canadian United Presbyterian Magazine (Toronto), 4 (1857) : 321–324 ; 5 (1858) : 136–138 ; et « Rev. William Jenkins of Richmond Hill », A. J. Clark, édit., OH, 27 (1931) : 15–76, qui reproduit le registre des mariages de Jenkins. La UCC-C et les Presbyterian Church in Canada Arch. (Toronto) conservent quelques informations éparses dont des copies des lettres de Jenkins à son fils James.

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John S. Moir, « JENKINS, WILLIAM », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 6 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/jenkins_william_7F.html.

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Auteur de l'article:    John S. Moir
Titre de l'article:    JENKINS, WILLIAM
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1988
Année de la révision:    1988
Date de consultation:    6 déc. 2024