SAMSON, JAMES HUNTER, avocat, homme politique et fonctionnaire, né vers 1800 en Irlande, fils de James Samson, qui allait devenir officier dans l’armée britannique ; le 4 mars 1828, il épousa à Londres Alicia Fenton Russell, nièce et pupille de sir John Harvey*, et ils n’eurent pas d’enfants ; décédé le 26 mars 1836 à Belleville, Haut-Canada.

James Hunter Samson arriva probablement au Canada en 1813, soit au moment où le régiment de son père, le 70th Foot, y entreprit son tour de service. À l’âge de 16 ans, il tenta en vain d’obtenir un poste d’enseigne dans ce régiment. Étudiant à York (Toronto) en 1818, il devint l’ami intime de Robert Baldwin*, avec qui il entretint une correspondance régulière dès l’année suivante, quand il commença à étudier le droit dans le cabinet de Christopher Alexander Hagerman à Kingston. Ses lettres montrent qu’il s’exprimait bien, qu’il était sensible, passionné de poésie, travailleur et ambitieux, mais aussi inquiet, parfois dépressif et d’une extrême jalousie envers quiconque menaçait de s’interposer entre Baldwin et lui.

Admis au barreau en novembre 1823, Samson devint le premier avocat résidant de Belleville. Vivre dans ce village forestier, commerçant et agricole de moins de 500 habitants n’était pas facile. Samson soutint avoir eu « maintes batailles et tempêtes » avec un juge et il connut à l’occasion des difficultés financières. Malgré tout, il irait par se tailler une réputation de « barrister au talent exceptionnel », ce que reconnut la Law Society of Upper Canada, qui l’élut membre de son conseil en 1835. Ardent défenseur de la toute nouvelle congrégation presbytérienne de Belleville, il en fut l’un des administrateurs, écrivit en son nom des lettres à la presse et à divers fonctionnaires et hébergea son premier pasteur lorsqu’il arriva d’Écosse. En 1832, au moment où l’on craignait une épidémie de choléra, il contribua au fonds de construction du premier hôpital de Belleville et supervisa lui-même les travaux, achevés en une quinzaine de jours. En outre, il fut membre du bureau local de santé et du conseil du village.

De 1828 à sa mort, Samson représenta la circonscription de Hastings à la chambre d’Assemblée. Au début, il affirmait être un modéré favorable aux « principes des whigs » mais, au cours de la première session de 1829, il dévoila ses véritables couleurs. Après avoir tenté sans succès de faire rayer de la réponse au discours du trône des commentaires très critiques à l’endroit de l’exécutif, il se retrouva seul, parmi les députés, à voter contre ce texte. Son geste s’explique probablement par ses antécédents militaires, son attachement à Hagerman (que des historiens considérèrent comme un pilier du family compact), les liens avec l’aristocratie que lui conférait son mariage, et sa méfiance foncière envers le républicanisme.

La manière dont Samson vota par la suite amena William Lyon Mackenzie* à le qualifier de « créature égoïste et intolérante » et à le mettre en bonne place sur sa « liste noire » de 1830. Piqué par cette attaque, Samson contribua largement à faire accuser Mackenzie de diffamation et d’atteinte aux privilèges de la chambre en décembre 1831. Selon lui, les articles publiés par le réformiste dans le Colonial Advocate étaient des « écrits diffamatoires choquants, scandaleux et malveillants – conçus délibérément pour jeter le discrédit sur la chambre et le gouvernement de la province ». L’Assemblée déclara Mackenzie coupable de diffamation et adopta en outre la proposition de Samson selon laquelle il s’était rendu « coupable d’une atteinte grave aux privilèges de la chambre » par sa tactique de défense. Ensuite, Samson fit adopter une motion pour expulser Mackenzie de l’Assemblée et une autre pour réclamer une nouvelle élection.

Les partisans de Mackenzie tinrent alors une série de rassemblements de protestation, et Samson assista à celui de Belleville pour étaler « la fausseté, l’absurdité et l’incohérence » de la position de Mackenzie. Dans la résolution de loyauté qu’il y présenta, s’il reconnaissait que les institutions haut-canadiennes étaient imparfaites, il maintenait : « nous avons moins de motifs de nous plaindre que tout autre peuple de la terre ; et redresser la situation est en notre pouvoir ».

De 1832 à 1835, James Hunter Samson ne joua plus qu’un rôle modeste à l’Assemblée. Il présida plusieurs comités, dont le comité spécial sur les griefs qui examina en 1832 la question des droits civils et préconisa la création de nouvelles banques dans la province. En outre, il fit publiquement valoir la nécessité d’améliorer la navigation sur le Saint-Laurent. En 1836, comme il se trouvait dans l’incapacité de siéger en chambre, les éditorialistes de la région se lancèrent dans des remarques sur sa santé et son état mental. La mort de son père, en 1832, lui avait porté un dur coup, et les différends politiques avaient refroidi son amitié avec Baldwin, jadis si essentielle et chère à ses yeux. Samson trouva refuge dans l’alcool, ce qui hâta sa fin ; il mourut en mars 1836, à l’âge de 36 ans.

Gerald E. Boyce

AO, MU 2008, no 21 ; RG 22, sér. 155.— APC, MG 24, C12 ; RG 8, I (C sér.), 6 : 967.— Lennox and Addington County Museum (Napanee, Ontario), Lennox and Addington Hist. Soc. Coll., Benson family papers.— MTRL, Robert Baldwin papers, particulièrement A69 : 19–76.— H.-C., House of Assembly, Journal, 1825–1836.— British Whig, 1834–1836.— Chronicle & Gazette, 1833–1836.— Colonial Advocate, 1828–1834.— Kingston Chronicle, 1820–1833.— G.-B., WO, Army list, 1810–1833.— The service of British regiments in Canada and North America [...], C. H. Stewart, compil. (Ottawa, 1962).— R. M. et Joyce Baldwin, The Baldwins and the great experiment (Don Mills [Toronto], 1969).— G. E. Boyce, Historic Hastings (Belleville, Ontario, 1967) ; Hutton of Hastings : the life and letters of William Hutton, 1801–61 (Belleville, 1972).

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Gerald E. Boyce, « SAMSON, JAMES HUNTER », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 2 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/samson_james_hunter_7F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1988
Année de la révision:    1988
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