WRIGHT, GEORGE, fonctionnaire, homme d’affaires, officier de milice, juge de paix, homme politique et administrateur colonial, né le 29 décembre 1779 à Charlottetown, fils de Thomas Wright* et de Susanna Turner ; décédé le 13 mars 1842 dans la même ville.

Le père de George Wright, qui devint en 1773 le premier arpenteur général de l’île Saint-Jean (Île-du-Prince-Édouard), fonda l’une des nombreuses familles de fonctionnaires de cette colonie et laissa surtout, dans la mémoire de ses contemporains, le souvenir d’un homme qui avait eu beaucoup d’enfants. George travailla pour lui pendant des années à titre d’arpenteur adjoint. Le 28 décembre 1807, il épousa Phebe Cambridge, fille de l’influent propriétaire et marchand John Cambridge* ; le couple allait avoir six enfants. Charles*, son frère cadet, resserra par la suite les liens étroits qui unissaient les deux familles en épousant lui aussi une fille de Cambridge.

En 1808, George s’associa à Cambridge et à son fils Lemuel. Après la dissolution de la société en juin 1813, il garda la direction de la brasserie et des moulins du ruisseau Bird Island (ruisseau Wrights), près de Charlottetown. Apparemment, son affaire prospéra.

Entre-temps, Wright avait commencé à cumuler postes, nominations et émoluments, comme cela était courant dans l’île. Il fut shérif en chef en 1810–1811. Pendant la guerre de 1812, il passa rapidement du grade de capitaine de milice à ceux de major puis de lieutenant-colonel. En janvier 1824, il devint juge de paix, avec le titre de custos rotulorum, et, en 1828, juge suppléant à la Cour suprême. Il fut un éminent paroissien de St Paul, à Charlottetown, et il participa en 1827 à la fondation de la Central Agricultural Society, dont il devint président en 1830.

En outre, Wright avait accédé au conseil de la province le 10 juillet 1813, peu avant l’arrivée du lieutenant-gouverneur Charles Douglass Smith*. Dans les premières années du mandat de Smith, on considérait Wright comme un allié de James Bardin Palmer*. En 1815, comme il avait défié le lieutenant-gouverneur au sujet de cas d’insubordination dans la milice, celui-ci tenta en vain de le renvoyer du conseil. Durant les controverses qui entourèrent Smith au début des années 1820, Wright se fit discret ; il s’absenta fréquemment des réunions importantes du conseil, mais en général il appuya le gouvernement. À titre de doyen et de président du conseil, il administra la colonie à compter du 10 décembre 1825. Il allait assumer cette charge intérimaire quatre autres fois par la suite, notamment durant une période d’un an, pendant que le successeur de Smith, John Ready, était en Angleterre. En qualité d’administrateur, Wright s’occupait des affaires courantes, présidait les réunions du conseil, faisait parvenir des rapports au ministère des Colonies, accusait réception des dépêches et envoyait des requêtes et autres documents. Un de ses rares gestes fermes fut de suspendre James Luttrell DesBarres du poste de contrôleur des douanes pour négligence professionnelle, par suite de plaintes de Lemuel Cambridge et d’autres marchands de l’île.

Le 12 novembre 1827, un incendie qui avait pris naissance dans un séchoir rasa le complexe du ruisseau Bird Island, qui regroupait un moulin à farine, un moulin à orge, une scierie et une distillerie, tous bien équipés. Une bonne partie de la population de Charlottetown s’assembla sur les lieux pour combattre les flammes ou observer le spectacle ; des membres de la Fire Engine Company étaient là, en « casquettes et pèlerines », mais malheureusement sans leur pompe ; celle de la garnison ne suffit pas à éteindre le brasier. Selon des témoignages de l’époque, Wright, qui n’avait aucune assurance, subit des dommages évalués à £1 500. Heureusement pour lui, il prit la succession de son frère Charles, arpenteur général, qui mourut en avril suivant ; Wright devenait le troisième membre de la famille à occuper ce poste. Il demeura dans les affaires, ce qui, dans les années 1830, le mena à plusieurs reprises à Bristol, en Angleterre, mais il comptait surtout sur ses charges et ses terres pour maintenir son train de vie.

Wright administra la colonie du 19 mai au 29 septembre 1834, pendant que le lieutenant-gouverneur sir Aretas William Young* se trouvait en Angleterre, puis du 2 décembre 1835 au 30 août 1836, depuis la mort de Young jusqu’à l’arrivée de sir John Harvey*. En ces deux occasions, il veilla, semble-t-il, aux affaires courantes mais ne prit pas beaucoup d’initiatives. Dans les années 1830, à cause de la formation du parti de l’escheat de William Cooper*, la question foncière suscitait de violentes controverses, et rester au-dessus de la mêlée n’était pas facile. En 1837, dans l’une des rares déclarations politiques de Wright dont le texte existe encore, celui-ci se justifia d’avoir, à titre d’administrateur, concédé des terres dans Georgetown Royalty en dépit des résolutions des habitants du lieu et de la chambre d’Assemblée. Concéder des terres était pratique courante, disait-il, et les résidents n’avaient perdu aucun droit puisqu’ils n’avaient été admis au suffrage qu’après les concessions. En septembre 1838 par contre, avec d’autres délégués de l’île, il souligna à lord Durham [Lambton] les maux que suscitait la possession de terres par des propriétaires absentéistes et la nécessité d’une réforme.

Wright administra l’île pendant une courte période en 1837 et en 1841, avant et après le mandat de sir Charles Augustus FitzRoy*. Des lois spéciales vinrent entériner par la suite les mesures qu’il avait prises en 1841, mais il est faux de prétendre, comme l’a fait un historien, qu’il était « dépourvu d’autorité constitutionnelle ». En effet, une longue tradition voulait que le président du conseil dirige le gouvernement en l’absence du lieutenant-gouverneur.

George Wright ne fut pas vraiment un grand personnage politique de l’Île-du-Prince-Édouard, mais sa carrière montre très bien quelle importance pouvaient avoir les descendants de nombre des premiers fonctionnaires de l’île et à quel point ils s’attachaient à certains postes, ce qui équivalait à des droits héréditaires (le lendemain de sa mort, on nomma son fils George* arpenteur général à titre intérimaire). Elle illustre aussi, bien sûr, la pratique du cumul de postes et l’étroite alliance qui existait entre les fonctionnaires, les propriétaires et les hommes d’affaires de l’île. Ce qui étonne, c’est que Wright sortit relativement indemne des imbroglios politiques de son temps.

J. M. Bumsted

APC, MG 24, B133 (photocopies ; copies aux PAPEI).— PAPEI, Acc. 2810/12 ; Acc. 3466, marriage licence, 26 déc. 1807 ; RG 1, commission books, 72 ; RG 5, minutes, 10 juill 1813, 6 janv. 1824 ; petition, 1er juill. 1806.— P.E.I. Museum, File information concerning George Wright.— PRO, CO 226/43 : 243–245 (mfm aux PAPEI).— St Paul’s Anglican Church (Charlottetown), Reg. of baptisms, marriages, and burials (mfm aux PAPEI).— Lydia Cambridge Wright, « Lydia’s perilous landing at St. Georges Bay », N. J. de Jong, édit., Island Magazine (Charlottetown), n° 11 (printemps–été 1982) : 3.— Prince Edward Island Gazette, 16 août 1819, 17 févr. 1820.— Prince Edward Island Register, 20 déc. 1825, 12 déc. 1826, 13 nov. 1827.— Royal Gazette (Charlottetown), 15 mars 1842.— Duncan Campbell, History of Prince Edward Island (Charlottetown, 1875 ; réimpr., Belleville, Ontario, 1972), 77.— Canada’s smallest province ; a history of P.E.I., F. W. P. Bolger, édit. ([Charlottetown, 1973]), 110.— MacKinnon, Government of P.E.I., 89.— Elinor B. Vass, « The agricultural societies of Prince Edward Island », Island Magazine, no 7 (automne–hiver 1979) : 31–37.

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J. M. Bumsted, « WRIGHT, GEORGE (1779-1842) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/wright_george_1779_1842_7F.html.

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Auteur de l'article:    J. M. Bumsted
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1988
Année de la révision:    1988
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