Titre original :  Ramsey Crooks

Provenance : Lien

CROOKS, RAMSAY, trafiquant de fourrures, né le 2 janvier 1787 à Greenock, Écosse, fils de William Crooks, cordonnier, et de Margaret Ramsay ; le 10 mars 1825, il épousa Marianne Pelagie Emilie Pratte, et ils eurent cinq fils et quatre filles ; décédé le 6 juin 1859 à New York.

Ramsay Crooks immigra aux Canadas en 1803 avec sa mère, qui était veuve, et quelques enfants issus des deux mariages de son père ; deux de ses frères, dont l’aîné, James, et un demi-frère s’étaient établis dans le Haut-Canada au cours de la décennie précédente. À son arrivée, il fut employé durant quelque temps par une maison de commerce de Montréal, puis il partit vers l’ouest, à Michillimakinac (Mackinac Island, Michigan), à titre de commis pour le trafiquant de fourrures Robert Dickson*. De 1805 à 1810, il fit son apprentissage sur les bords du Missouri, « apprenant le dur labeur quotidien, les menus détails et les rivalités implacables » de la traite des fourrures. Il passa les hivers de 1805–1806 et de 1806–1807 au même endroit, au service de la Robert Dickson and Company. Après une association infructueuse avec Robert McClellan (McLellan), durant laquelle il fit la traite dans la région du haut Missouri, Crooks se laissa convaincre par Wilson Price Hunt de se joindre aux membres de l’expédition que John Jacob Astor*, de l’American Fur Company, se proposait de conduire par voie de terre à l’embouchure du Columbia. Le 23 juin 1810, avec Astor, Duncan McDougall*, Donald McKenzie, Alexander MacKay*, Hunt et d’autres, il devint l’un des associés fondateurs de la Pacific Fur Company. Au cours du voyage, qui commença peu de temps après, la maladie obligea Crooks à s’arrêter dans le territoire de l’Oregon, tandis que les autres membres de l’expédition poursuivaient leur chemin, et il atteignit finalement Astoria en mai 1812. Quelques jours plus tard, épuisé par les efforts accomplis durant le voyage, il renonça aux intérêts qu’il avait dans la Pacific Fur Company. Au retour d’Astoria, il franchit le col South (Wyoming), devenant un des premiers Blancs à passer par cet endroit.

Visiblement impressionné par les aptitudes du jeune homme, Astor offrit à Crooks, en 1813, le tiers des intérêts dans une entreprise de la région de Michillimakinac, alors sous domination britannique, pour qu’il s’occupe de recueillir les fourrures appartenant à la South West Fur Company, firme mise sur pied en 1811 par l’American Fur Company d’Astor et par la North West Company [V. William McGillivray*]. Utilisant Michillimakinac comme point central de ses activités, Crooks fit de nombreux voyages durant les cinq années qui suivirent et il assuma des responsabilités de plus en plus importantes au service de l’American Fur Company dans le secteur des Grands Lacs. Il devint l’un des agents principaux de la compagnie en 1817, quand Astor eut acquis les intérêts que la North West Company avait dans la South West Fur Company. La confiance qu’Astor mettait dans un homme aussi jeune et relativement peu expérimenté montre bien les dons naturels de Crooks pour le commerce, son vaste talent pour l’administration, son honnêteté et sa fiabilité.

Astor étant souvent à l’étranger, Crooks prit la direction des affaires de l’American Fur Company et instaura une politique d’expansion vers l’ouest. En 1827, il obtint une association avec la firme Bernard Pratte and Company de St Louis, au Missouri (dirigée par son beau-père) ; les deux compagnies se divisaient à parts égales le commerce sur les bords du Mississippi au sud de Prairie du Chien (Wisconsin) et le long du Missouri. Au cours de la même année, il organisa une fusion avec la Columbia Fur Company qui exerçait son activité dans les régions des Grands Lacs, du Mississippi et surtout du haut Missouri. En vertu des nouvelles ententes, la Bernard Pratte and Company prenait la direction du Western Department de l’American Fur Company, et le nouveau sous département de cette compagnie, l’Upper Missouri outfit, était dirigé par d’anciens employés de la Columbia Fur Company. Partout où cela était possible, Crooks aimait mieux absorber les concurrents ou s’entendre avec eux plutôt que de leur faire la lutte : « Je préfère la paix, écrivait-il en 1828, pourvu que les termes en soient équitables. » Il obtint ses papiers de naturalisation en 1830.

Le 3 juin 1834, Crooks et trois autres actionnaires achetèrent d’Astor le Northern Department de l’American Fur Company et continuèrent d’utiliser le nom de cette dernière. Crooks fut élu à la présidence et peu après il transféra le quartier général de Michillimakinac à La Pointe, dans une des îles Apostle (Wisconsin). Ix Western Department fut acheté par la firme Pratte, Chouteau and Company, mais les relations commerciales, renforcées par les liens familiaux, demeurèrent étroites. Sous la ferme direction de Crooks, l’American Fur Company diversifia ses entreprises après l’effondrement du marché du castor et livra une lutte sans merci pour avoir la haute main sur les fourrures de la vallée de l’Ohio. Lutteur infatigable, Crooks refusa pourtant de réduire le niveau de ses règles de conduite pour obtenir quelque avantage ; il mit ses chefs d’équipe en garde contre l’utilisation de méthodes malhonnêtes et il interdit de se servir des boissons alcooliques pour faire la traite. « Si nous ne pouvons vaincre [nos concurrents] avec des principes capables de supporter l’examen le plus rigoureux, nous préférons abandonner la lutte », écrivait-il en 1840. Ayant pris trop d’engagements par rapport à ses moyens financiers et faisant face à un encombrement du marché européen, l’American Fur Company suspendit ses paiements en 1842. Sauvant ce qu’il pouvait, Crooks continua jusqu’à sa mort de diriger la compagnie, qui s’occupait désormais d’expédier des stocks de fourrures à partir de New York. Homme d’affaires toujours doué de sens pratique, il observait ce dicton : Faute de grives on mange des merles.

Crooks, qui écrivait beaucoup, laissa une abondante correspondance qui révèle son caractère aimable et les raisons de son succès. Affligé de malaises chroniques, il ne se ménagea jamais dans l’accomplissement de ses tâches. C’était un homme d’une rare douceur, et les seuls défauts qu’il nota jamais chez les autres furent l’indolence, l’inefficacité et l’impertinence. Grâce aux lettres qu’il recevait chaque jour, il connaissait le prix courant des fourrures en Europe et, dans les moindres détails, les conditions qui régnaient dans les postes éloignés. Il utilisa sa grande facilité à écrire pour tenter d’obtenir des faveurs politiques au profit de la compagnie et de ses employés. À la fois méticuleux et plein de tact, il gagna le respect et l’amitié de ses associés.

S’il manquait peut-être un peu d’éclat et d’humour, Ramsay Crooks était néanmoins un homme chaleureux. Il aimait tendrement sa famille, « la seule véritable consolation de [son] existence », disait-il, mais les longs voyages d’affaires l’obligeaient fréquemment à se séparer d’elle. Il s’occupa attentivement de l’instruction de sa fille Hester, née en 1817 d’une femme d’origine sauteuse et blanche, et il fut un grand-père affectueux et dévoué pour les enfants de cette fille. Crooks était vu comme un homme d’une honnêteté irréprochable et les historiens ont adhéré à cette opinion. Dans une allusion aux années 1820–1840, James LeRoy Clayton affirme qu’il était « le marchand le plus important de l’histoire du commerce américain des fourrures durant la période la plus faste ».

Tanis C. Thorne

Minn. Hist. Soc. (St Paul), Biog. file, Ramsay Crooks and family.— Mo. Hist. Soc. (St Louis), Chouteau coll., American Fur Company letter-books, 1 (1816–1820) ; letters of Ramsay Crooks, John Jacob Astor, and the American Fur Company, 1813–1846 (copie dactylographiée, 1918) ; miscellaneous letters of Ramsay Crooks.— DAB.— A. T. Andreas, History of Chicago, from the earliest period to the present time (3 vol., Chicago, 1884–1886), 1.— H. L. Carter, « Ramsay Crooks », The mountain men and the fur trade of the far west [...], L. R. Hafen, édit. (10 vol., Glendale, Calif., 1965–1972), 9 : 125–131.— J. L. Clayton, « The American Fur Company » (thèse de ph.d., Cornell Univ., Ithaca, N.Y., 1964).— Washington Irving, Astoria ; or, anecdotes of an enterprise beyond the Rocky Mountains (éd. rév., New York, 1882).— D. [S.] Lavender, The fist in the wilderness (Garden City, N.Y., 1964) ; « Ramsay Crooks’s early ventures on the Missouri River : a series of conjectures », Mo. Hist. Soc., Bull. (St Louis), 20 (1963–1964) : 91–106.— G. L. Nute, « The papers of the American Fur Company : a brief estimate of their significance », American Hist. Rev. (New York et Londres), 32 (1926–1927) : 519–538 ; « Wilderness Marthas », Minn. Hist. (St Paul), 8 (1927) : 247–259.— J. W. Ruckman, « Ramsay Crooks and the fur trade of the northwest », Minn. Hist., 7 (1926) : 18–31.

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Tanis C. Thorne, « CROOKS, RAMSAY », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 7 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/crooks_ramsay_8F.html.

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Auteur de l'article:    Tanis C. Thorne
Titre de l'article:    CROOKS, RAMSAY
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1985
Année de la révision:    1985
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