LA TOURASSE, CHARLES (connu aussi sous le nom de Chevalier), sergent de la garnison française de Port-Royal (Annapolis Royal, N.-É.), provisoirement commandant de cet établissement pour le compte des Anglais de 1690 à 1693, enseigne de marine dans la compagnie de Claude-Sébastien de Villieu*, en Acadie, mort en 1696.

Au printemps de 1690, Sir William Phips s’emparait de Port-Royal et faisait prisonnier le gouverneur français de l’Acadie, Louis-Alexandre Des Friches* de Meneval. Phips lui-même ne demeura à Port-Royal que de 10 à 12 jours après la capitulation. Toutefois, avant son départ, il rassembla le plus grand nombre d’habitants possible et leur fit prêter le serment d’allégeance à Guillaume et à Marie. Puis, afin d’assurer la paix à Port-Royal en attendant l’arrivée d’un gouverneur de Boston, Phips constitua un conseil dont La Tourasse fut nommé président ; les autres membres étaient six notables de Port-Royal, dont Alexandre Le Borgne de Belle-Isle. La Tourasse continua à commander Port-Royal pour le compte des Anglais pendant quelque temps, avec l’approbation de Joseph Robinau de Villebon, officier qui était revenu de France en Acadie au mois de juin 1690. Les Anglais n’établirent pas de garnison à Port-Royal. Selon Villebon, cette abstention de la part des Anglais tenait à ce que les habitants de Port-Royal avaient refusé, sur ses instances, de se porter garants, par écrit, de la conduite des Indiens, advenant l’envoi d’une garnison anglaise à Port-Royal.

A l’automne de 1691, Villebon, devenu gouverneur de l’Acadie, rentrait de France à Québec pour aller ensuite occuper son poste ; le navire à bord duquel il se trouvait captura un vaisseau de la Nouvelle-Angleterre qui avait à son bord le colonel Edward Tyng, nommé gouverneur de la Nouvelle-Écosse par les autorités de la Nouvelle-Angleterre, lesquelles réclamaient ce territoire par droit de conquête. À son arrivée à Port-Royal, le 26 novembre 1691, Villebon découvrit que le drapeau anglais flottait sur cet établissement, mais qu’il n’y avait là aucun Anglais pour le défendre. Le lendemain il rassembla les habitants et, en leur présence, prit officiellement possession de Port-Royal et de toute l’Acadie au nom du roi de France. Villebon ne jugea même pas nécessaire de modifier le gouvernement provisoire établi par Phips. Il se borna à donner l’ordre à La Tourasse de favoriser la cause des Français chaque fois qu’il pourrait le faire sans nuire à ses relations avec les Anglais, puis poursuivit sa route vers le fort Jemseg, où il installa le siège de son gouvernement. Villebon ordonna par la suite à La Tourasse de ne prendre aucune mesure sauf celles qu’il lui indiquerait. Lorsque Abraham Boudrot s’offrit à se rendre à Boston, sous prétexte d’y faire du commerce, afin de savoir ce qui s’y préparait, La Tourasse donna à entendre que sa propre femme, née Catherine Bugaret, qui avait la confiance des Anglais, pourrait peut-être accompagner Boudrot afin de démontrer à Villebon qu’elle était loyale à la cause de la France. Cette proposition fut agréée par Villebon, mais la femme mourut durant le voyage à Boston en 1693, et, après sa mort, La Tourasse abandonna le poste que les Anglais lui avaient confié.

Le 15 février 1694, La Tourasse recevait une commission d’enseigne et, le 13 mars suivant, dans un « mémoire pour servir d’instruction au Sieur de Villebon », établi alors au fort Naxouat (Nashwaak), le ministre écrivait que « Sa Majesté à fait équiper le vaisseau La Bretonne pour porter des secours [...] Ce vaisseau porte dix soldats pour remplacer ceux qui se trouveront manquer du nombre de 40 que Sa Majesté veut entretenir au dit fort avec le Sieur Chevallier [La Tourasse], que Sa Majesté à fait enseigne de la compagnie du Sieur de Villieu, en considération de sa fidélité et de l’affection qu’il à marquées pour son service depuis que les Anglais sont venus à l’Acadie ».

Lorsque Benjamin Church* voulut s’emparer de la baie Française (baie de Fundy) et assiégea le fort Naxouat, La Tourasse servit d’éclaireur sous les ordres de Villebon : il fut tué dans une embuscade le ou vers le 9 octobre 1696.

En collaboration avec C. Bruce Fergusson

Coll. de manuscrits relatifs à la Nouv.-France, II : 4s. (« de la Tourasse »), 146, 241–247 (« Chevalier »).— RAC, 1912, App. E, 54–66 ; App. F, 67–73 (« Latourasie » et « Lattoras »).— Recensement de 1693 (Acadie).— Murdoch, History of Nova-Scotia, I.— Parkman, Count Frontenac and New France (24th ed.).— Webster, Acadia.

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En collaboration avec C. Bruce Fergusson, « LA TOURASSE, CHARLES (Chevalier) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 4 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/la_tourasse_charles_1F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1966
Année de la révision:    1986
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