KERBY (Kirby), JAMES, officier de milice, homme d’affaires, juge de paix, fonctionnaire et homme politique, né en 1785 à Park Farm, près de Sandwich (Windsor, Ontario), fils de John Kerby et d’Alison Donaldson ; en 1811, il épousa Jane Lambert, et ils eurent trois enfants ; décédé le 20 juin 1854 à Fort Erie, Haut-Canada.

Avant la guerre de 1812, selon l’historien John Mackay Hitsman, « l’obtention d’un brevet d’officier dans la milice était le premier pas vers une carrière en politique ou un poste avantageux dans la fonction publique ». Pour James Kerby, toutefois, ce fut beaucoup plus qu’un premier pas. Son intérêt pour les affaires militaires, qui allait durer toute sa vie et se mêler constamment à ses activités civiles, fut probablement éveillé pendant son jeune âge par les événements qui menacèrent la sécurité de la presqu’île du Niagara [V. John Graves Simcoe*]. En 1805, Kerby prit un emploi de commis-comptable à Kingston, chez Thomas Clark*, qui, en plus de diriger plusieurs entreprises lucratives, était un officier supérieur dans la milice. Lorsque Clark devint officier commandant du 2e régiment de milice de Lincoln, le 9 juillet 1809, Kerby fut nommé adjudant dans ce corps de troupe. En 1810, Kerby et Robert Grant, un autre employé de Clark, fondèrent une compagnie d’expédition. L’ouverture des hostilités avec les États-Unis à l’été de 1812 interrompit le commerce le long de la frontière et mit un terme aux activités de leur entreprise. Les deux hommes se consacrèrent immédiatement à la milice.

En plus de conserver son poste d’adjudant au sein du 2 e régiment de milice de Lincoln, Kerby commanda un corps d’artillerie qui servait d’appui au régiment. Au matin du 9 octobre 1812, tandis que ses artilleurs s’occupaient d’armer les batteries britanniques sur la rivière Niagara, en face de Black Rock (Buffalo, New York), il reçut l’ordre d’ouvrir le feu sur les navires Detroit et Caledonia qui avaient été capturés par les Américains lors d’un raid. Kerby se comporta bien, semble-t-il, au cours de cette première expérience au combat. Après la mort de sir Isaac Brock* à Queenston Heights, les Américains lancèrent une nouvelle offensive le 28 novembre. L’attaque fut repoussée, et Kerby reçut sa première citation officielle pour sa tenue durant l’engagement. À la suite de l’offensive ratée, les Britanniques continuèrent de faire feu sur les troupes qui se déplaçaient sur l’autre rive, et, pendant qu’ils tiraient ainsi, le 2 décembre 1812, « un canon de vingt-quatre » explosa, blessant sérieusement Kerby à la main droite.

Habituellement, lorsque l’hiver mettait fin aux hostilités sur le terrain, les miliciens regagnaient habituellement leurs foyers, mais la gravité de la situation qui prévalait au début de 1813 amena la création du Volunteer Incorporated Militia Battalion, groupe essentiellement composé de volontaires en service actif à plein temps ; Kerby se joignit à eux sans tarder le 25 mars en qualité de capitaine. À la fin de mai 1813, les Américains attaquèrent le fort George (Niagara-on-the-Lake) où ils s’installèrent, puis ils occupèrent toute la rive canadienne de la rivière Niagara. Kerby accompagna les troupes britanniques dans leur mouvement de retraite devant les Américains et, durant l’été et l’automne, il commanda un petit groupe de volontaires qui unirent leurs forces à celles de l’avant-garde de la division du major général John Vincent*. À la fin de l’année, les Britanniques avaient repris la région frontalière et, en décembre, ils s’emparèrent du fort Niagara (près de Youngstown, New York) sur la rive américaine. Lors de cette bataille, Kerby dirigea l’embarquement des troupes qui se lançaient à l’assaut et il fut « la première personne à débarquer » en territoire américain. Les dépêches officielles firent état de sa conduite dans un des groupes d’assaut et, plus tard, le 14 mars 1814, l’Assemblée adopta une résolution ordonnant qu’« une épée d’une valeur de cinquante guinées soit présentée au capitaine Kerby ».

Au début de juillet 1814, une troupe d’envahisseurs américains traversa la rivière Niagara, débarqua au fort Erie (Fort Erie) et se dirigea vers Queenston. Envoyé dans cette région en toute hâte, le bataillon de Kerby participa à la bataille de Lundy’s Lane. Kerby venait d’être promu major et lorsque son officier commandant, le lieutenant-colonel William Robinson, fut blessé, il prit le commandement du bataillon. Les pertes s’élevèrent à 142 hommes, mais il reçut les louanges du lieutenant général Gordon Drummond pour la façon dont il avait dirigé les troupes. Kerby demeura à la tête du bataillon pendant le siège du fort Erie ; blessé à l’épaule et à la hanche, il fut encore une fois cité dans les dépêches. Après plusieurs semaines de repos, il reprit le commandement du Volunteer Incorporated Militia Battalion. Cette unité ne participa à aucun autre engagement et, avec la ratification de la paix, en février 1815, elle fut licenciée. Après avoir connu deux pleines années de service militaire, Kerby pouvait reprendre sa carrière civile.

Les affaires de Kerby avaient été anéanties par la guerre, et son associé, qui avait été capturé en juillet 1814, ne fut pas rapatrié avant plusieurs mois. Kerby et Grant adressèrent sans tarder une série de requêtes au gouvernement afin de recevoir une indemnité pour les dommages subis durant la guerre. Kerby rédigea plusieurs pétitions en son propre nom pour demander une concession de terre et au nom du corps de milice pour l’obtention d’une demi-solde. En 1817, Kerby fut nommé juge de paix, et, à la fin de cette année-là, l’entreprise des deux associés « avait prospéré à tel point qu’ils envisageaient de construire leur propre entrepôt et leur propre quai à Queenston ». En février 1820, Kerby et Grant achetèrent un moulin situé aux « rapides du fort Erie » et, deux ans plus tard, Kerby alla s’établir dans le petit village de Waterloo (Fort Erie), près du moulin. En janvier 1823, Benjamin Hardison acquit un tiers de l’établissement, mais il mourut en juillet ; dès lors, Kerby « semble avoir pris en main la gestion du moulin ».

En 1813, pendant qu’il servait au sein de la troupe d’avant-garde, Kerby avait commandé un groupe qui avait saisi deux chevaux chez un sympathisant américain résidant alors dans le Haut-Canada ; en 1824, tandis que Kerby était en voyage aux États-Unis, cet homme lui intenta un procès. Après une longue querelle judiciaire, la cause fut entendue devant un tribunal itinérant. Kerby affirma qu’il aurait été traduit en conseil de guerre s’il avait désobéi aux ordres, mais le tribunal se prononça contre lui le 8 janvier 1827. Lorsque la Cour suprême de l’état de New York confirma ce jugement, Kerby obtint rapidement du gouvernement du Haut-Canada un dédommagement pour ses frais.

Kerby consacrait encore beaucoup de temps à la milice, car il s’était joint une nouvelle fois au 2e régiment de milice de Lincoln après le licenciement du Volunteer Incorporated Militia Battalion. Il fut promu major en février 1822, lieutenant-colonel en mars 1823 et il devint commandant du régiment en juin suivant avec le grade honorifique de colonel. En 1826, Kerby fut nommé préfet du canton de Bertie, dont il devint plus tard le premier maître de poste. Il joua un rôle de premier plan dans la fondation de l’église anglicane St Paul, à Waterloo, et il fut marguillier de cette église jusqu’à sa mort.

Pour des raisons qui ne sont pas tout à fait claires, Kerby rompit son association avec Robert Grant à la fin de 1830 ; il continua toutefois d’exploiter le moulin. Dans les années 1830, sa santé lui causa souvent des ennuis, ce qui, semble-t-il, nuisit à la rentabilité de son moulin et à son assiduité au Conseil législatif, dont il devint membre en 1831. Le 20 décembre 1837, peu de temps après l’échec de la rébellion dirigée par William Lyon Mackenzie*, Kerby fut autorisé à recruter parmi les miliciens une troupe spéciale ayant pour tâche de repousser toute attaque que le chef rebelle pourrait lancer à partir du territoire américain. Commandés par Kerby, les hommes de cette troupe furent appelés les Queen’s Niagara Fencibles et ils demeurèrent en service durant une année et demie. Du 5 avril au 2 juin 1838, Kerby fut à la tête de toutes les troupes qui défendaient la frontière du Niagara et, durant tout l’été ainsi que l’hiver suivant, il joua un rôle important dans les conseils de guerre et les efforts de pacification qui suivirent la rébellion de Mackenzie. En septembre 1834, Kerby avait été nommé receveur des douanes au port de Fort Erie ; il suscita une vive hostilité en appliquant la loi d’une manière rigide. En 1840, il devint également concessionnaire d’un traversier à Fort Erie, ce qui allait entraîner, espérait-il, un accroissement considérable de ses revenus. Il semble toutefois que le cumul des deux fonctions augmenta ses problèmes et son impopularité plutôt que ses revenus. Selon un témoignage, il était « l’un des hommes les plus détestés à la frontière du Niagara ». Non seulement faisait-il du zèle lorsqu’il percevait les droits de douane, mais encore, en cherchant à « s’assurer un bénéfice personnel dont il avait grandement besoin et qui lui revenait en toute justice, Kerby saisissait les traversiers de ses rivaux et souvent les mettait en vente ».

Durant les dernières années de sa vie, il semble que James Kerby était sérieusement à court d’argent. Il vendit son moulin en 1843, mais il continua d’exercer ses fonctions de maître de poste et de receveur des douanes. Sa santé ne s’améliorait pas. Il était souvent malade et, en 1839, il perdit sa femme et sa mère. En 1846, son fils s’éteignit à l’âge de 24 ans, et, lorsque l’un de ses gendres mourut, il dut s’occuper de sa fille et du jeune enfant de celle-ci. Néanmoins, il poursuivit ses activités au sein de la milice. La réorganisation qui suivit l’adoption de la loi sur la milice en 1846 amena là création du régiment de Welland. Kerby devint officier commandant du 1er bataillon et il demeura le doyen des officiers de milice dans le district de Niagara. Il fit partie d’un comité formé en vue de surveiller la construction d’un nouveau monument dédié à sir Isaac Brock, qui fut conçu par William Thomas. Lors de la pose de la pierre angulaire du monument, on transféra le cercueil de Brock, et, à cette occasion, Kerby fut l’un des dignitaires qui tenaient les cordons du poêle. Kerby mourut le 20 juin 1854, victime, semble-t-il, du choléra qu’il aurait attrapé en mangeant des légumes verts. Il fut enseveli à l’église St Paul, à Fort Erie, où un vitrail commémoratif et une pierre tombale rappellent son souvenir.

A. M. J. Hyatt

AO, MS 500 ; MU 2109, 1845, no 7 ; MU 2110, 1846, no 8 ; RG 1, C-I-3, 32 : 24, 47 ; 33 : 68 ; 132 : 14 ; C-I-4, 4 : 100.— APC, MG 24, 131.— Doc. hist. of campaign upon Niagara frontier (Cruikshank).— « Journals of Legislative Assembly of U.C. », AO Report, 1912 : 147–149.— « The register of Saint Paul’s Church at Fort Erie, 1836–1844 », E. A. Cruikshank, édit., OH, 27 (1931) : 77–192d.— M. F. Campbell, Niagara : hinge of the golden arc (Toronto, 1958).— E. A. Cruikshank, A memoir of Colonel the Honourable James Kerby, his life in letters (Welland, Ontario, 1931).— J. M. Hitsman, The incredible War of 1812 : a military history (Toronto, 1965).— B. A. Parker, « The Street-Clark business of Niagara to 1844 : a study of a commercial dynasty » (thèse de m.a., Univ. of Western Ontario, London, 1978).— Janet Carnochan, « Inscriptions and graves in the Niagara peninsula », Niagara Hist. Soc., [Pub.] (Niagara-on-the-Lake, Ontario), no 19 ([2e éd.], s.d.).— R. K. T. Symons, « The Brock Monument and a visitors’ book, 1829 and 1830 », OH, 29 (1933) : 72–75.

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A. M. J. Hyatt, « KERBY (Kirby), JAMES », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 7 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/kerby_james_8F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1985
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