LE COQ DE LA SAUSSAYE, RENÉ, agent et lieutenant d’Antoinette de Pons, marquise de Guercheville, en Acadie, résidant ordinairement à Gaillon-sur-Seine (Eure) et décédé après 1613.
René Le Coq apparaît dans l’histoire comme l’agent de la marquise de Guercheville, associée de Jean de Biencourt de Poutrincourt dans le commerce de la Nouvelle-France. Le Factum de Poutrincourt, n’osant pas s’attaquer à la grande dame, impute systématiquement aux Jésuites toutes les misères subies par ce gentilhomme. Nous manquons ici d’espace pour discuter les confusions du Factum. Résumons seulement les faits. Le 17 août 1612, La Saussaye s’engageait devant notaire à fréter et à faire gréer une barque au Hâvre-de-Grâce (Le Havre) pour secourir Port-Royal, Poutrincourt versant 750# en argent et madame de Guercheville devant en fournir autant. Le seigneur de Port-Royal devait cet argent à un marchand de Rouen sur obligation payable en deux mois. À l’arrivée en France du frère Du Thet, au début d’octobre 1612, l’association fut rompue par la marquise. Poutrincourt tenta de poursuivre La Saussaye pour recouvrer l’argent ou les marchandises achetées. Mais comme il devait, le 17 octobre, payer lui-même l’obligation, il fut poursuivi à son tour par le marchand rouennais, jeté en prison, puis condamné à acquitter sa dette avant d’avoir les marchandises, qu’il semble avoir obtenues à la fin.
La marquise de Guercheville nomma La Saussaye son lieutenant pour la fondation d’une nouvelle colonie en Acadie. Parti de Honfleur le 12 mars 1613, ce dernier atterrit, le 16 mai, à La Hève et y prit possession de toute la côte américaine au nom de la marquise, Port-Royal seul excepté. Il retira ensuite les pères Biard et Massé de Port-Royal et longea le littoral jusqu’à la baie Frenchman, dans le Maine. L’entêtement de l’équipage le força à s’arrêter à cet endroit, que l’on appela Saint-Sauveur. La Saussaye, au lieu de presser les constructions, se mit à cultiver la terre, malgré les protestations des notables, et spécialement de son lieutenant, Nicolas de La Mothe, que l’on retrouvera à Québec en 1618–1619.
Le 29 juin 1613, on eut avis qu’un vaisseau anglais, armé en guerre, faisait la pêche près de l’embouchure du Penobscot ; mais la nouvelle ne troubla pas La Saussaye. Le 2 juillet, les Anglais parurent dans la baie ; le navire français était toujours ancré et chargé dans la rade. Le capitaine Fleury s’y jeta avec le frère Du Thet et quelques hommes pour le défendre. Mais La Saussaye retint la plupart des défenseurs à terre. Argall, le commandant anglais, s’empara du vaisseau et débarqua à terre, tandis que La Saussaye se sauvait dans les bois avec sa troupe. L’Anglais pilla le camp et subtilisa les commissions du commandant enfermées dans un coffre. Quand La Saussaye reparut, il ne put justifier sa présence en ce lieu et Argall affecta de le traiter en pirate. Ce dernier consentit, toutefois, à abandonner aux 30 Français une chaloupe, pour aller à la recherche d’un navire de pêche dans la péninsule acadienne. La Saussaye accepta, mais le père Biard intervint et démontra qu’un tel expédient équivalait à exposer les Français à un naufrage certain. On divisa donc ceux-ci en deux groupes et La Saussaye s’embarqua dans la chaloupe avec le père Massé et 13 autres. Il arriva en France dans le cours du mois d’octobre 1613 et l’on perd ensuite sa trace. Mais il est assez évident par cette histoire que La Saussaye n’était pas de la race des fondateurs.
[Une version différente des événements de 1612 et 1613 est donnée dans les biographies de Jean de Biencourt et Argall.]
AN, Minutier, VI, 413, contrat entre Jean de Biencourt et René Le Coq, 17 août 1612.— BN,
Lucien Campeau, « LE COQ DE LA SAUSSAYE, RENÉ », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 8 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/le_coq_de_la_saussaye_rene_1F.html.
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Auteur de l'article: | Lucien Campeau |
Titre de l'article: | LE COQ DE LA SAUSSAYE, RENÉ |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1966 |
Année de la révision: | 1986 |
Date de consultation: | 8 déc. 2024 |