BOSTON, JOHN, avocat, homme d’affaires et shérif, né en Écosse en 1786, décédé à Montréal le 6 mars 1862.
John Boston, après avoir quitté ses parents en Écosse, vint s’installer à Montréal en juin 1802 et, avec l’aide de son frère aîné, Thomas, il se joignit sans tarder à l’élite des marchands où prédominaient ses compatriotes écossais. En mars 1805, « en vertu d’un contrat d’apprentissage écrit », il entra comme clerc chez David Ross, un membre éminent du barreau montréalais ; après cinq années d’apprentissage assidu et d’examens, il fut admis au Barreau du Bas-Canada et il ouvrit à Montréal une étude qu’il rendit prospère en s’occupant surtout de transactions foncières. Membre fondateur et quelquefois président de la St Andrew’s Society de Montréal, du Montreal Curling Club et du Brothers in Law Club, un groupe sélect de 15 avocats montréalais, Boston mit certainement à profit les rapports qu’il entretenait avec ses amis influents. Le 16 novembre 1826, il épousa en secondes noces Margaret Walker, la fille du riche marchand William Walker, et cette union affermit sa situation financière et sociale tout en lui permettant d’étendre le champ de ses intérêts commerciaux. (Sa première femme, Isabella Stewart, qu’il avait épousée le 17 décembre 1814, était décédée le 7 décembre 1821 en lui laissant deux filles.)
Par son intelligence, son talent, son travail et ses manières agréables, Boston gagna rapidement le respect de ses collègues et de ses concitoyens. Au cours d’une assemblée publique tenue en janvier 1827, il fut nommé au sein d’un comité de neuf membres qui était chargé de donner des avis sur l’érection de Montréal en municipalité. Officier dans la milice de la ville, il avait le grade de lieutenant en 1821. Il fut directeur de l’Advocates Library de 1833 à 1835 et il reçut le titre de conseiller de la reine en 1838. L’année suivante, il obtint le poste de shérif du district de Montréal, conjointement avec Hughes E. Barron. Il remplit seul cette fonction du mois de mars 1841 jusqu’à la nomination de William Foster Coffin* en février 1842, puis de 1851 – l’année où Coffin démissionna-jusqu’à sa mort. En sa qualité de shérif, il recevait un salaire annuel de £857 en 1855 et il disposait d’un compte de dépenses illimité – certaines années, ce compte atteignit pas moins de £4 231 – sans parler des honoraires provenant des tâches connexes à son poste. Les années d’élection, par exemple, il devenait ex officio directeur du scrutin dans le district et commissaire chargé de recevoir les déclarations sous serment. En outre de ses fonctions ordinaires, qui comprenaient la supervision d’un adjoint et de deux commis, le shérif devait administrer la prison de Montréal qui se vantait d’accueillir chaque année quelque 1 600 personnes, parmi lesquelles se trouvaient des gens arrêtés simplement pour désordre ou des sans-logis ayant besoin d’un abri pour la nuit. En 1852, Wolfred Nelson, inspecteur des prisons du Bas-Canada, critiqua la façon dont la prison de Montréal était administrée, particulièrement sur le plan financier. Les fournitures étaient souvent payées le double de leur valeur marchande et il y avait « un manque total de compétence dans la gestion ». Toutefois, le responsable de cette situation, selon l’inspecteur, était Thomas McGinn, le geôlier.
Cependant, Boston ne négligeait pas les intérêts qu’il avait dans les chemins de fer, les banques et les terrains. Il était actionnaire et administrateur, notamment de la Banque de Montréal, de la Banque d’Épargnes et de Prévoyance de Montréal, de la Compagnie du chemin à rails de Montréal et de Lachine, du chemin à lisses du Saint-Laurent et de l’Atlantique, et du chemin de fer du Grand Tronc du Canada. Il possédait de vastes terrains dans la ville et la région, dont les fiefs et seigneuries de Thwaite et de St James. S’il achetait des terrains surtout pour leur valeur et à cause du prestige qu’ils lui conféraient, il préconisait aussi la réforme de l’agriculture et tenta lui-même des expériences. En 1855, il envoya des échantillons de sa tourbe pressée à l’Exposition de Paris.
Reconnu pour son « urbanité », Boston s’intéressait à l’éducation. Il était membre de l’Institut des artisans de Montréal, de l’Association de la bibliothèque de Montréal et de la Société d’histoire naturelle de Montréal. Après avoir été l’un des principaux promoteurs de la Montreal High School, qui fut constituée juridiquement en 1845, il devint le premier président du conseil de l’institution.
Lorsque Boston mourut à l’âge de 75 ans, occupant toujours le poste de shérif de Montréal, le Barreau de Montréal décréta un mois de deuil, soulignant son intégrité, son sens de l’hospitalité et son civisme – qualités qui ne l’empêchaient pas, tel le roi Midas, de transformer en or tout ce qu’il touchait.
ANQ-M, État civil, Anglicans, Christ Church, 17 déc. 1814 ; Presbytériens, St Andrews (Montréal), 8 mars 1862 ; Greffe de J. C. Griffin, 7 avril 1853 ; Greffe de J.-M. Mondelet, 22 sept. 1823.— Atwater Library Archives (Montréal), Minutes Books of the Mechanics’ Institute of Montreal.— BUM, Coll. Baby, Corr. générale, lettres de John Boston, 13 avril 1835, 29 août 1836, 13 janv., 20 juill., 10 août 1838.— Musée McCord, The Brothers in Law minute book, 1827–1833.— Canada, prov. du, Legislative Assembly, Journals, 1852–1853, 1, app.B ; 4, app.H.H. ; 1854–1855, 3, app.B ; 6, app.D ; 9, app.F.F.— La Gazette de Québec, 10 juin 1802, 24 mai 1821.— Montreal Gazette, 16 juill., 10 déc. 1825, 20 nov. 1826, nov. 1861–mai 1862.— Montreal Transcript, 13 oct. 1844–1er mars 1845.— Pilot (Montréal), 15 août 1861–15 nov. 1861.— Quebec Mercury, 8 mars 1862.— Alphabetical list of merchants, traders, and housekeepers in Montreal (Doige).— Canada directory, 1851, 1857–1858.— Montreal directory, 1845–1851.— Montreal pocket almanack [...], 1859, 49.— Quebec directory, 1847–1848.— Atherton, Montreal, II : 381, 420–431.— A. W. P. Buchanan, The bench and bar of Lower Canada (Montréal, 1925).— Denison, Canada’s first bank, II : 86.— F.-J. Audet, Shérifs de Montréal, BRH, VIII (1902) : 200.— L.-P. Desrosiers, Mes tablettes, Cahiers des Dix, 12 (1947) : 75–92.— Victor Morin, Clubs et sociétés notoires d’autrefois, Cahiers des Dix, 14 (1949) : 187–222.
Carman Miller, « BOSTON, JOHN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 2 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/boston_john_9F.html.
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Auteur de l'article: | Carman Miller |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1977 |
Année de la révision: | 1977 |
Date de consultation: | 2 déc. 2024 |