MALAPART, ANDRÉ, soldat parisien qui servit en Acadie sous les ordres du capitaine Charles Daniel, de Dieppe, et publia, en y ajoutant ses propres notes, le rapport de Daniel sur la capture, en 1629, de James Stewart, Lord Ochiltree, et de la garnison du fort écossais du port de la Baleine.
En mai 1629, Daniel recevait de Richelieu l’ordre de mettre à la voile avec Isaac de Razilly à La Rochelle pour aller ravitailler Champlain à Québec. Razilly fut ensuite dépêché ailleurs, de sorte que la flotte de la Compagnie de la Nouvelle-France partit sans lui. Daniel perdit le contact avec les autres navires du groupe au milieu du brouillard et des tempêtes de l’Atlantique, de sorte que, le 28 août, il entrait seul dans la baie dite maintenant St. Ann’s, au Cap-Breton. Les pêcheurs français qu’il y trouva ne pouvaient lui communiquer aucune nouvelle au sujet de Québec, mais ils lui apprirent que Lord Ochiltree, après avoir occupé Port-Royal, s’était établi sur la côte occidentale du Cap-Breton en juin et avait exigé, de tous les navires français qui pêchaient dans le golfe, le dixième de leurs prises.
D’après le récit de Daniel, il attaqua immédiatement le fort écossais, qui s’élevait sur un rocher entouré d’eau sur deux côtés. Bien que Ochiltree eût armé le fort de canons et disposât d’une garnison de 60 hommes, le corps de troupe français, composé de 53 marins formés hâtivement au maniement des armes, s’empara de la place à la suite d’un attaque de front sous le couvert du bombardement assuré par leurs navires. Malapart perdit un oeil et une partie de la main au cours de l’échauffourée. Après avoir rasé le fort écossais et employé les matériaux tirés de cet ouvrage à la construction d’un nouveau fort, nommé Sainte-Anne, pour garder le passage, Daniel abandonna l’idée de se porter au secours de Québec, probablement parce que la saison était trop avancée, et il rentra en France. En route, il débarqua 42 de ses prisonniers à Falmouth : les autres, notamment Stewart, furent emprisonnés à Dieppe durant un mois.
Daniel rédigea le compte rendu de son expédition à l’intention du cardinal de Richelieu le 12 décembre 1629, document que Malapart publiait l’année suivante à Rouen sous ce titre : La prise d’un seigneur écossais et de ses gens qui pilloient les navires pescheurs de France, par Monsieur Daniel, dédié à M. de Lauzon par le sieur Malapart, parisien, soldat dudit sieur Danuel.
Malapart n’ajoute rien de remarquable au, rapport fort objectif de Daniel, bien que son texte couvre 13 pages à côté des 6 de Daniel. Il se proposait de suppléer aux omissions dues à la modestie de Daniel et au caractère sommaire du rapport. Il signale que les pêcheurs français avaient envoyé une pétition à Daniel pour le prier d’attaquer les Écossais. Son observation la plus importante a pour objet de faire connaître qu’environ 200 navires français se rendent chaque année sur ces côtes en quête de morue, de saumon et d’huile de baleine, et que cette industrie procure du travail à au moins 100 000 hommes tant en France qu’à l’étranger. Il rend hommage à l’œuvre accomplie par la compagnie, qui a rendu possible cette « action héroïque » et il termine par quelques vers louangeurs à l’adresse de Daniel.
On sait peu de chose de la vie subséquente de Malapart. Divers actes attestent sa présence à Québec en septembre 1634 et à Trois-Rivières en 1635, 1639 et 1649. Malapart fut commandant du fort de Trois-Rivières durant un certain temps. Il ne faut pas le confondre avec le Malepart qui arriva en juin 1636 avec Huault de Montmagny.
Le rapport de Daniel a été reproduit dans les Voyages de Champlain de 1632 (V. Champlain, Œuvres (Biggar), VI : 157 et Œuvres (Laverdière), 1 283–1 288), et sous le titre Voyage à la Nouvelle-France du Capitaine Charles Daniel de Dieppe, 1629, éd. J. Félix (Rouen, 1881).— La version anglaise des événements de 1629 se trouve dans PRO, CSP, Col., 1574–1660, 104–106.— ASQ, Séminaire, VI : 2, 40.— Biggar, Early trading companies.— Philéas Gagnon, Noms, propres au Canada-Français : transformations de noms propres, établies par les signatures autographes ou par les écrits de contemporains où ils sont mentionnés, BRH, XV (1909) : 143.— La Roncière, Histoire de la marine française, IV (1923) : 636.— P.-G. Roy, Les Familles de nos gouverneurs francais, BRH, XXVI (1920) : 258 ; La Ville de Québec, I : 143.— Benjamin Sulte, Les Gouverneurs, des Trois-Rivières, BRH, II (1896) : 67.— Tanguay, Dictionnaire.
Mason Wade, « MALAPART, ANDRÉ », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 8 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/malapart_andre_1F.html.
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Auteur de l'article: | Mason Wade |
Titre de l'article: | MALAPART, ANDRÉ |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1966 |
Année de la révision: | 1986 |
Date de consultation: | 8 déc. 2024 |