HOGG, JAMES, poète et journaliste, né le 14 septembre 1800 à Leitrim (République d’Irlande), décédé le 12 juin 1866 à Fredericton, Nouveau-Brunswick.

James Hogg arriva à Saint-Jean, Nouveau-Brunswick, en 1819 après avoir fait des études en Irlande. Au milieu des années 20, Henry Chubb* l’engagea au New Brunswick Courier, où plusieurs éminents journalistes de la province firent leurs premières armes. C’est au Courier que Hogg apprit son métier et dans ce journal qu’il fit paraître ses premiers poèmes. En 1825, Chubb publia un ouvrage de Hogg intitulé Poems : religious, moral and sentimental ; cette œuvre de 228 pages, groupant 67 poèmes, constitue probablement, comme on l’a affirmé, le premier recueil de poésies paru au Nouveau-Brunswick.

Un peu plus tard, Hogg alla s’installer à Fredericton, et il se peut qu’il ait exercé un certain temps les métiers de fermier et de commerçant. En 1844, il lança sa propre feuille, le New Brunswick Reporter and Fredericton Advertiser auquel il consacra le reste de sa vie. Les pages du journal nous le révèlent comme un journaliste de marque au Nouveau-Brunswick et un poète respecté.

Si la poésie de Hogg n’éveille guère aujourd’hui que des sentiments de curiosité, elle paraissait s’élever bien au-delà du commun au xixe siècle. Cependant, on ne manquait jamais d’établir un rapport entre lui et le « berger d’Ettrick », un contemporain qui était son homonyme et son parent éloigné, et il est possible que des observateurs aient confondu certains de leurs travaux. Quoique la poésie de Hogg ait été surtout lyrique, il composa également quelques poèmes narratifs. Sous le titre « The Hermit of Woodford », on trouve dans ses Poems un long récit concernant le « Seigneur de Leitrim », un roman médiéval à la manière de sir Walter Scott. Ses poèmes lyriques qui traitent des rêves et des femmes montrent également une tendance à l’imitation, bien qu’ils séduisent souvent par leur style imagé et sentimental. Hogg composa aussi des odes et des élégies, mais ces œuvres lui valurent ce commentaire de William Godsoe MacFarlane en 1895 : « Chaque vers de l’élégie de Gray est une pierre précieuse qui a été polie. Ceux de Hogg sont des pierres précieuses, mais à l’état brut. » Même dans ses derniers poèmes, publiés en brochures ou dans le Reporter, on ne peut vraiment dire que Hogg rédigea des vers dignes d’être retenus ni qu’il innova en ce qui concerne les thèmes ou la forme. Le journalisme et l’édition étaient devenus plus importants pour lui.

Contrairement à d’autres journaux fondés au cours des années 40 et 50, le Reporter survécut et devint l’hebdomadaire le plus prospère de la province. Une des raisons pour lesquelles Hogg avait lancé le journal, affirma-t-on plus tard, était son engagement dans la cause du gouvernement responsable. Durant les années 40, il ne cessa jamais de soutenir Charles Fisher* et Lemuel Allan Wilmot* dans leur lutte contre le « Family Compact », et lorsque Fisher forma le premier gouvernement réformiste en 1854, Hogg salua l’avènement « de la liberté, du progrès et de la véritable réforme ». Il appuya les différentes réformes du nouveau gouvernement, en particulier les mesures financières introduites par Samuel Leonard Tilley*, le secrétaire de la province, qui donnaient, notamment, au Conseil exécutif le pouvoir de présenter des projets de loi concernant les dépenses. Bien qu’il ne fût certes pas un démocrate, Hogg approuva le régime de suffrage limité contenu dans le projet de loi réformiste de 1855. Il se fit le champion du mouvement qui prônait un système d’écoles publiques non confessionnelles, mais il donna également dans l’anticatholicisme propre à son temps. En 1859, par exemple, il provoqua une longue controverse en publiant une rumeur selon laquelle un prêtre catholique avait donné le fouet à un garçon du comté de Northumberland pour avoir lu une bible protestante. Reconnu comme un protestant convaincu, Hogg avait publié le British North American Wesleyan Magazine de juin 1846 à mai 1847, et c’est à lui que John Medley*, l’évêque anglican de Fredericton, avait confié l’impression du New Brunswick Churchman de 1850 à 1852. Ce fut probablement la foi protestante de Hogg qui l’amena à adhérer au mouvement en faveur de la prohibition ; il fut, en effet, un ardent défenseur de la loi sur la prohibition que Tilley avait fait adopter en 1855.

Les presses de Hogg furent utilisées à toutes sortes de fins, et cette diversité contribua au succès de l’entreprise. En 1846, par exemple, il publia le Young Aspirant, un journal destiné exclusivement aux enfants ; dans les années 50, il imprima le Journal de la New Brunswick Society for the Encouragement of Agriculture, Home Manufactures, and Commerce.

À cette époque, les journaux avaient un ton assez direct ; l’esprit de parti, qui était très répandu, provoqua un conflit entre Hogg et le Reporter d’une part, et Thomas Hill* et le Head Quarters de Fredericton d’autre part. Hill savait être brillant et acerbe et il en fit la preuve quand il s’attaqua au gouvernement de Fisher et à Hogg. Ce dernier eut le dessous dans une querelle de mots suscitée parla publication, dans le Reporter du 11 juillet 1856, d’une lettre mettant en doute la loyauté de Hill, mais il finit par l’emporter : à l’issue d’un procès en diffamation intenté par Hill, le juge Lemuel Allan Wilmot donna gain de cause à Hogg. Le 3 mars 1858, Hill résigna ses fonctions au Head Quarters, qui subit un déclin rapide, tandis que l’influence de Hogg s’accrut en même temps que celle du Reporter.

Le projet de confédération allait faire l’objet du dernier combat de Hogg. Depuis les années 40, il avait plaidé de façon intermittente en faveur de l’union de l’Amérique du Nord britannique. En 1864 et 1865, alors que le projet était violemment battu en brèche au Nouveau-Brunswick, le Reporter ne cessa jamais d’appuyer Tilley qui en était le défenseur. Parmi les raisons motivant cet appui, la moindre n’était pas l’espoir que Hogg entretenait de voir le chemin de fer Intercolonial passer par Fredericton. Lorsque les partisans de la confédération furent battus aux élections de 1865, le journal n’y vit pas la mort du projet, évoquant le printemps dont l’arrivée « [pouvait] être retardée un certain temps par des éléments défavorables, mais [dont] la venue [était] néanmoins sûre et certaine ». Le 12 juin 1866, au milieu d’une seconde campagne électorale qui allait aboutir à l’acceptation du projet, Hogg mourut subitement. Il était souffrant depuis quelques mois, et son fils Thomas avait progressivement assumé la direction du Reporter. Thomas Hogg poursuivit le travail de son père jusqu’au moment de sa mort tragique, le 25 octobre 1875, à la suite d’un accident de chasse.

La publication d’un journal hebdomadaire avait donné à Hogg le loisir de clarifier sa pensée et d’assouplir sa prose. C’est ainsi que le New Brunswick Reporter assura à la province un journalisme plutôt modéré durant une période qui était portée aux excès. Hogg contribua également, dans une certaine mesure, à « l’épanouissement de la poésie » à Fredericton. À son décès, un confrère journaliste affirma qu’il était « l’un des rédacteurs en chef les plus compétents et les plus intelligents de la province ».

C. M. Wallace

James Hogg, Poems : religious, moral and sentimental (Saint-Jean, N.-B., 1825).

N.B. Museum, Robert Wilson scrapbook.— Hill v Hogg (1858), 9 New Brunswick Reports 108.— Morning News (Saint-Jean, N.-B.), 15 juin 1866.— Morning Telegraph (Saint-Jean, N.-B.), 16 juin 1866.— New Brunswick Courier, 1820–1830.— New Brunswick Reporter and Fredericton Advertiser (Fredericton), 1844–1875, plus particulièrement 22 juin 1866, 3 nov. 1875.— Harper, Hist. directory.— C. C. James, A bibliography of Canadian poetry (English) (Toronto, 1899).— W. G. MacFarlane, New Brunswick bibliography : the books and writers of the province (Saint-Jean, N.-B., 1895).— Morgan, Bibliotheca Canadensis.— Wallace, Macmillan dictionary.— A. G. Bailey, Culture and nationality [...] (Toronto et Montréal, 1972), 44–57.— D. R. Jack, Acadian magazines, SRC Mémoires, 2e sér., IX (1903), sect. ii : 173–203.— W. G. MacFarlane, New Brunswick authorship, introduction, Dominion Illustrated (Montréal), VII (1891) : 401s.

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C. M. Wallace, « HOGG, JAMES », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 3 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/hogg_james_9F.html.

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Année de la publication:    1977
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