JEBB, sir JOSHUA, ingénieur militaire, né le 8 mai 1793, à Chesterfield, Derby, Angleterre, fils aîné de Joshua Jebb et de Dorothy Gladwin ; il épousa, en premières noces, Mary Legh Thomas, qui donna naissance à quatre enfants, et, en secondes noces, lady Amelia Rose Pelham ; décédé le 26 juin 1863, à Chesterfield.

Joshua Jebb sortit diplômé de la Royal Military Academy de Woolwich et reçut un brevet de lieutenant en second dans les Royal Engineers, en 1812. L’année suivante, il fut promu lieutenant en premier et reçut son affectation pour le Canada. Il fut cité à l’ordre du jour pour sa participation à la bataille de Plattsburgh, le 11 septembre 1814. Jebb demeura au Canada après la guerre et exerça différentes fonctions d’importance secondaire pour le compte de l’armée, à Brockville et à Québec ; il fut par exemple chargé, en tant que commissaire, de l’évaluation des bâtiments endommagés et de l’estimation des coûts de réparation et de construction.

Mais l’œuvre la plus marquante qu’il accomplit au Canada demeure le levé des plans d’un canal devant relier Kingston à la rivière Outaouais. La guerre de 1812 avait prouvé à sir George Prevost*, à sir Gordon Drummond* et à d’autres officiers que les troupes américaines pouvaient aisément couper la voie stratégique de ravitaillement et de communication entre le Haut et le Bas-Canada que représentait le Saint-Laurent. Il fallait donc une autre voie, loin de la frontière. En avril 1816, on demanda à Jebb de faire l’arpentage de la succession de lacs et de rivières qui constituaient le réseau hydrographique de la rivière Rideau, dans le but d’en faire, par des travaux de canalisation, une voie de communication intérieure sûre. Le cours de la rivière Rideau avait déjà fait l’objet de levés hydrographiques en 1783 et 1812 et la mission de Jebb consistait à établir, avec précision, les plans de construction d’un canal. Il fut également chargé de voir quelles étaient les possibilités de trouver des terres dans les environs, en particulier le long du Saint-Laurent, pour y établir des soldats britanniques à la retraite.

Dès le mois de juin 1816, Jebb avait terminé ses travaux d’arpentage. Il recommandait un tracé partant, vers l’ouest, de l’endroit où la rivière Rideau se jetait dans la rivière Outaouais jusqu’au ruisseau Irish, à environ cinq milles au sud de Smiths Falls. Le canal suivrait alors ce ruisseau jusqu’au lac Irish ; là, Jebb, qui tout en tenant à ne pas faire monter les coûts cherchait néanmoins à expérimenter des idées nouvelles lorsque l’occasion s’en présentait, proposait de construire, à la place du canal, un chemin de fer de cinq milles de long pouvant transporter des bateaux, qui aboutirait à un tronçon navigable de la peu profonde rivière Gananoque. On pourrait utiliser, pour fabriquer les rails, une forge abandonnée qui se trouvait non loin de là, et cette voie ferrée serait un atout économique important pour les gens qui s’établiraient dans la région. Par des canaux et des écluses, la Gananoque mènerait aux lacs Whitefish et Cranberry, puis jusqu’à Kingston, sur le lac Ontario, en empruntant la rivière Cataraqui.

Peu de temps après que Jebb eut remis son rapport, des établissements militaires furent fondés à March, Richmond et Perth. Mais le colonel John By* n’adopta pas le tracé proposé par Jebb, lorsque la construction du canal fut entreprise en 1826. By jugea que la trop faible profondeur du ruisseau Irish et l’irrégularité du débit de la rivière Cataraqui rendaient le projet de Jebb irréalisable.

En 1820, Jebb retourna en Angleterre où il se servit de ses talents d’ingénieur pour dresser les plans de plusieurs prisons, dont la plus connue est celle de Pentonville, considérée pendant longtemps comme un modèle du genre. Il exerça également une grande influence sur l’administration pénitentiaire, s’opposant à la déportation des condamnés et proposant, à la place, de les employer à des travaux publics, en Angleterre. Nommé inspecteur général des prisons en 1837, il devint commissaire en 1844, avec pour tâche d’enquêter sur les peines infligées pour crimes militaires ; la même année, il devint inspecteur général des prisons militaires.

Jebb quitta l’armée avec le grade de lieutenant-colonel en 1850, et fut nommé président du conseil d’administration de l’ensemble des maisons centrales de détention. On lui accorda les grades de colonel en 1854 et de major général en 1860 ; il fut nommé chevalier commandeur de l’ordre du Bain en 1859. Jebb mourut en 1863, après avoir exercé pendant deux ans les fonctions de commissaire chargé d’étudier le projet d’aménagement d’une partie des rives de la Tamise.

Kenneth E. Kidd

Les aquarelles de sir Joshua Jebb, peintes lors de son séjour au Canada, sont conservées dans la Bushnell Collection, au Peabody Museum, Harvard University, Cambridge, Mass. On trouve dans le DNB la liste des ouvrages de Jebb.

APC, RG 8, I (C series), nominal index ; RG 11, sér. 1, 38.— PRO, WO 55/857–887.— Encyclopedia Canadiana, V : 345s.— G.-B., WO, Army list, 1804–1839.— Hart’s army list, 1840–1864.— R. [F.] Legget, Rideau waterway (Toronto, 1955).— Ont., Dept. of Energy and Resources Management, History of the Rideau waterway (Toronto, 1970).

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Kenneth E. Kidd, « JEBB, sir JOSHUA », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 9 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/jebb_joshua_9F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1977
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