JOHNSON, JOHN MERCER, avocat, homme politique et fonctionnaire, né en octobre 1818 à Liverpool, Angleterre, fils de John Mercer et d’Ellen Johnson ; il épousa le 9 octobre 1845 Henrietta, fille d’Adam Dixon Shirreff, shérif en chef du comté de Northumberland, et ils eurent 12 enfants dont six moururent en bas âge ; décédé le 8 novembre 1868 à Chatham, Nouveau-Brunswick.

John Mercer Johnson, père, était négociant à Liverpool ; il émigra à Chatham en 1818 et devint agent de commission et encanteur. Très engagé dans les affaires communautaires, détenteur à diverses époques des postes de magistrat, de coroner et de shérif en chef du comté de Northumberland, il présidait plusieurs organisations lorsqu’il mourut en 1859. John Mercer Johnson, fils, arrivé à Chatham en 1821, fit ses premières études à la Northumberland County Grammar School, puis étudia le droit dans l’étude de John Ambrose Street à Newcastle. Il fut admis au Barreau du Nouveau-Brunswick à titre d’avoué le 13 octobre 1838 et d’avocat en octobre 1840. Cette même année, il ouvrit un bureau d’avocat à Chatham en association avec C. A. Harding, de Newcastle ; tous deux possédaient leur étude dans leurs villes respectives, peu éloignées l’une de l’autre. En octobre 1847, il fit de même avec Peter Mitchell*, également de Newcastle ; leur association dura cinq ans. Plus tard, il eut pour associé juridique William Wilkinson.

En 1837, Johnson fut secrétaire de la Young Men’s Debating Society de Chatham. En 1846, il fut secrétaire du Mechanics’ Institute de l’endroit et donna plusieurs conférences sur la phrénologie. C’est plus peut-être par sens des responsabilités publiques que par inclination qu’en 1851 il donna un terrain à une société de tempérance pour y construire un local. En 1866, il était aussi dignitaire de l’Union Lodge of Good Templars. À diverses époques, il occupa des postes secondaires au niveau local : préposé à la mise en fourrière des porcs égarés, percepteur des impôts, évaluateur et garde-feu dans la paroisse de Chatham.

Dans le régime politique de l’époque où les partis n’étaient pas structurés, Johnson fut d’abord tenu pour conservateur, mais il fut élu à l’Assemblée du Nouveau-Brunswick en juillet 1850 comme libéral favorable à « un gouvernement pleinement responsable ». Il appuya également les projets d’érection civile des municipalités, de réduction des dépenses gouvernementales et de réciprocité avec les États-Unis. Il acquit rapidement à l’Assemblée la réputation « d’excellent orateur » doué d’un style très coloré dans les débats. Lorsque William Johnstone Ritchie*, chef de l’opposition, démissionna lors de la nomination des membres du Conseil exécutif par le lieutenant-gouverneur sir Edmund Walker Head en 1851, Johnson devint l’un des chefs de l’opposition affaiblie.

Le succès des réformistes aux élections de 1854 se traduisit par la création du gouvernement de Charles Fisher*. Johnson représenta la côte nord du Nouveau-Brunswick au Conseil de la province et fut nommé solliciteur général, poste qu’il conserva jusqu’à la dissolution du gouvernement, en mai 1856, par le lieutenant-gouverneur John Henry Thomas Manners-Sutton*, sur la question de la loi sur la prohibition votée en 1855. Johnson fut élu député lors des élections de juin 1856 puis en mai 1857, après le démembrement du gouvernement de John Hamilton Gray* et de Robert Duncan Wilmot*. Il fut de nouveau nommé au Conseil, cette fois comme maître général des Postes, charge qu’il détint de juin 1857 à novembre 1858, date à laquelle il fut contraint de démissionner. Johnson ne s’intéressait guère aux détails administratifs et laissait aux commis tout le travail du ministère. Il s’ensuivit beaucoup de désordre et un scandale public. Ses ennemis le traitèrent de « charlatan politique, escroc, imposteur, tonneau vide, crâneur sans énergie, empochant un salaire qu’il n’a pas gagné ».

Johnson demeura au Conseil, sans portefeuille, jusqu’à son élection comme orateur (président), le 11 février 1859. Il était fort à l’aise au milieu des débats passionnés et rudes de l’époque. Même le lieutenant-gouverneur Arthur Hamilton Gordon*, jeune Anglais de la haute société, trouvait que Johnson était « l’un des plus habiles hommes de la chambre, bon orateur à la parole facile, mais tristement dépourvu de cette impartiale sérénité et de cette dignité qui devaient caractériser l’homme occupant le fauteuil de l’orateur ». Son principal problème demeurait pourtant son incapacité de s’occuper des détails. « C’est toujours cet incorrigible Johnson qui reste notre pierre d’achoppement », se plaignait sans cesse le secrétaire qui avait besoin de sa signature.

Le nouveau premier ministre Samuel Leonard Tilley* avait bien meilleure opinion de Johnson et, après la démission du procureur général Albert James Smith* en 1862, le fit nommer à sa place, poste que Johnson conserva jusqu’en 1865.

Partisan résolu de la confédération, Johnson fit partie des délégués du Nouveau-Brunswick aux conférences de Charlottetown et de Québec à l’automne de 1864 avec Tilley, Edward Barron Chandler*, William Henry Steeves* et John Hamilton Gray. Il penchait plus en faveur d’une union législative que fédérale, tout en la croyant irréalisable. Aussi se fit-il à Québec l’avocat d’un gouvernement central fort. « Précisez leurs pouvoirs aux gouvernements locaux, déclara-t-il, et laissez le reste au gouvernement général, mais ne détaillez pas les deux. » Il s’avérait en même temps assez illogique, plaidant contre les droits fédéraux de réservation et de désaveu. Il s’intéressait tout spécialement au système judiciaire et pensait que le gouvernement fédéral devait avoir la haute main sur tous les tribunaux.

Johnson fut battu de peu en 1865 aux premières élections dont l’enjeu était la confédération lorsque le gouvernement Smith, adversaire du projet, prit le pouvoir. Toutefois, il fut élu lors des élections de mai 1866, qui ouvrirent la voie à la conférence de Londres, à laquelle il assista en décembre, et à la Confédération l’année suivante. Il démissionna de l’Assemblée provinciale en juin 1867 pour poser sa candidature à la chambre des Communes du Canada, et, le 4 septembre 1867, il fut le premier député fédéral du comté de Northumberland.

Un de ses contemporains parle de Johnson en ces termes : il était « élancé, svelte, altier ; il avait le teint brun, l’œil vif et perçant ». Son sens de l’humour acéré et son esprit vif lui furent fort utiles au sein du corps législatif, surtout dans son rôle d’orateur (président).

Johnson était déjà souffrant depuis plus d’un an lorsqu’il tomba gravement malade, deux mois avant sa mort qui survint en 1868. Il mourut « d’hydropisie stomacale » partiellement due à des « abus mondains ». D’après Gordon, c’était « un ivrogne et un joueur », ce qui peut expliquer certains de ses problèmes. Malgré ses défauts, Johnson était populaire parmi ses électeurs et ses collègues. Tilley a écrit de lui : « Si vous faites plus ample connaissance avec lui, vous ne perdrez pas votre respect pour ses dons et ses manières de gentleman. »

James A. Fraser et C. M. Wallace

APC, MG 27, I, D15 ; RG 31, 1851 and 1861 censuses, Chatham parish, Northumberland County, N.-B.— Old Manse Library (Newcastle, N.-B.), John Brown papers, J. M. Johnson, correspondence and legal papers.— PANB, J. C. and H. B. Graves, New Brunswick political biography, I ; Northumberland County marriage records, 2.— PRO, CO 188/143, Cordon to Cardwell, 8 mai 1865.— St Paul’s Anglican Church (Bushville, N.-B.), baptismal records (mfm aux PANB).— UNBL, MG H12a, Gordon to Newcastle, 31 déc. 1862 ; 1864.— Documents on the confederation of British North America [...], G. P. Browne, édit. (Toronto et Montréal, 1969).— The union of the British provinces : a brief account of the several conferences held in the Maritime provinces and in Canada, in September and October, 1864, on the proposed confederation of the provinces [...], Edward Whelan, compil. (Charlottetown, 1865 ; réimpr., Summerside, Î.-P.-É., 1949).— Daily Sun (Saint-Jean, N.-B.), 21 août 1902.— Gleaner (Chatham, N.-B.), 1845–1868.— Head Quarters, 28 juill. 1858.— Morning Freeman (Saint-Jean, N.-B.), 4 nov. 1858.— Morning News (Saint-Jean, N.-B.), 5 août 1850, 1er déc. 1854.— New Brunswick Courier, 6 nov. 1858.— Union Advocate (Newcastle, N.-B.), 12 nov. 1868.— Canadian directory of parl. (Johnson).

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James A. Fraser et C. M. Wallace, « JOHNSON, JOHN MERCER », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 12 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/johnson_john_mercer_9F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
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