MILETTE (Millette), ALEXIS, menuisier, sculpteur et architecte, né à Sainte-Anne-d’Yamachiche (Yamachiche, Québec) le 15 février 1793, fils de Joseph Milette et de Judith Leblanc ; le 15 février 1819, il épousa Marie, fille de Jean-Baptiste Hébert, qui lui donna 13 enfants, dont un seul, Joseph-Octave-Norbert, devint architecte et sculpteur ; décédé dans sa paroisse natale le 11 octobre 1869.

Aucun document ne nous renseigne précisément sur l’enfance et la formation d’Alexis Milette. On sait, d’une part, que son père était luimême sculpteur ; il a eu au moins un apprenti du nom d’Édouard Besse. Joseph Milette a-t-il formé lui-même son fils ? Il est actuellement impossible de l’affirmer avec certitude. D’autre part, Émile Vaillancourt* dans Une maîtrise d’art en Canada [...] affirme que Milette fréquenta l’atelier de Louis-Amable Quévillon* en même temps qu’Amable Gauthier*. Milette se joindra d’ailleurs à ce sculpteur en 1821 pour entreprendre la décoration de l’église de Sainte-Geneviève-de-Berthier ; ils peuvent très bien s’être connus à l’atelier de Quévillon à Saint-Vincent-de-Paul (Laval), endroit communément appelé Les Écorres. À cette école, les élèves apprenaient la menuiserie fine, la sculpture et la dorure, selon les styles alors en usage, en travaillant avec le maître et d’autres élèves plus avancés.

En 1815, Alexis Milette obtenait un contrat pour exécuter « les boiseries du sanctuaire et les ornements de l’intérieur » de l’église de Sainte-Anne-d’Yamachiche ; selon toute probabilité, il venait de sortir de chez Quévillon. Le principe du travail en équipe, de l’apprentissage et du compagnonnage tel qu’il existait aux Écorres semble avoir servi de modèle à Milette. À l’instar de plusieurs élèves de Quévillon, il organisa lui-même un atelier. Parmi les noms d’associés reliés aux travaux de Milette, le premier à apparaître est Joseph Milette, le père du sculpteur, qui lui aurait servi de bailleur de fonds en plus de lui fournir sa boutique. Il convient aussi de mentionner ses frères, Michel, Bénoni et Pierre, son fils Joseph-Octave-Norbert, et Joseph-Hengard Lapalice, qui construisit, entre autres, les églises de Sainte-Trinité-de-Contrecœur, de Saint-Paul-d’Abbotsford, de Saint-Simon et de Sainte-Cécile (à Valleyfield), Moïse Berthiaume, et les frères Joseph et Georges Héroux.

Tout au long de sa carrière, Alexis Milette mena plusieurs contrats de front ; ses clients faisaient généralement de nouveau appel à ses services après qu’il eut complété un premier contrat pour eux. Ses principaux clients furent les fabriques suivantes : Sainte-Anne-d’ Yamachiche (1815–1858), La Nativité-de-Notre-Dame-de-Bécancour(1817–1822), Saint-Antoine-de-la-Baie-du-Febvre (1818–1845), Saint-Geneviève-de-Berthier (1822–1829), Saint-Joseph-de-Maskinongé (1835), Sainte-Geneviève-de-Batiscan (1837), Saint-Aimé (1843), Saint-Michel-d’Yamaska (1843–1852), Saint-Jean, sur le Richelieu (1845–1855), Saint-François-du-Lac (1849–1856), Saint-Joseph-de-Lanoraie (1864) et Saint-Barnabé (1864).

Comme la plupart des artistes canadiens-français de l’époque, Alexis Milette dut s’adonner à toutes les variantes de son art. Sculpteur avant tout, il fut engagé à ce titre avec l’entrepreneur Jean-Baptiste Hébert pour l’église de Saint-Michel-d’Yamaska ; à d’autres occasions, il fut lui-même entrepreneur, comme pour l’église de Saint-Antoine-de-la-Baie-du-Febvre. De plus, il dut souvent fournir les plans pour des réparations, des modifications architecturales ou la décoration d’intérieurs et d’extérieurs d’églises.

« Le sculpteur en vogue du temps, de toute la région des Trois-Rivières » semblait jouir d’une excellente renommée parmi ses contemporains ; on vantait la solidité et l’élégance de ses édifices, de style Louis XV, et on lui reconnaissait le talent de faire des églises en rapport avec les moyens pécuniaires des paroisses. Milette, comme sculpteur ou entrepreneur, fut fortement influencé dans la décoration d’intérieurs d’églises par les plans des architectes qui concevaient l’édifice. Ainsi, à Baie-du-Febvre et à Saint-François-du-Lac, il travailla plutôt selon les principes de Thomas Baillairgé*, alors qu’à Lanoraie et à Maskinongé on retrouve l’architecture de Victor Bourgeau*. Dans ce sens, l’œuvre de Milette est largement comparable à celle d’Augustin Leblanc*, lui aussi tiraillé entre les zones d’influence de Québec et de Montréal.

Michel Cauchon

ANQ-TR, Greffe de Petrus Hubert, 8 mars 1855.— APC, MG 30, D62, 21, pp.678–681.— Archives judiciaires, Saint-Hyacinthe (Saint-Hyacinthe), Greffe de P.-P. Dutalmé, 26 juill. 1814.— Archives paroissiales, La Nativité-de-Notre-Dame-de-Bécancour (Bécancour, Québec), Livres de comptes, II ; Saint-Antoine-de-la-Baie-du-Febvre (Baieville, Québec), Livres de comptes, I (1734–1819) ; Sainte-Anne-d’Yamachiche (Yamachiche, Québec), Livres de comptes, 1789–1843 ; Sainte-Geneviève-de-Berthier (Berthierville, Québec), Livres de comptes, I, II ; Saint-François-du-Lac (Saint-François-du-Lac, Québec), Livres de comptes, III (1849–1882) ; Saint-Michel-d’Yamaska (Yamaska, Québec), Livres de comptes, I (1763–1843), II (1844–1907).— IBC, Centre de documentation, Fonds Morisset, Dossier Alexis Milette.— Le Courrier du Canada, 26 oct. 1864.— La Minerve, 17 janv. 1860.— Louis Carrier, Catalogue du Musée du château de Ramezay de Montréal, J.-J. Lefebvre, trad. et édit. (Montréal, 1962), 115.— Napoléon Caron, Histoire de la paroisse d’ Yamachiche (précis historique) (Trois-Rivières, 1892).— O.-M.-H. Lapalice, Histoire de la seigneurie Massue et de la paroisse de Saint-Aimé (s.l., 1930).— Émile Vaillancourt, Une maîtrise d’art en Canada (1800–1823) (Montréal, 1920), 91s.

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Michel Cauchon, « MILETTE (Millette), ALEXIS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 9 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/milette_alexis_9F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1977
Année de la révision:    1977
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