SMALL, JAMES EDWARD, avocat, homme politique et juge, né en février 1798 à York (Toronto), fils de John Small* et d’Eliza Goldsmith, décédé le 27 mai 1869 à London, Ontario.

James Edward Small était anglican et membre d’une des premières familles à s’établir dans le Haut-Canada ; sa carrière, comme celles de Robert Baldwin* et de George Ridout*, allait cependant suivre un cours imprévu eu égard à sa condition sociale. Il s’allia avec les réformistes plutôt qu’avec la classe dirigeante ou le « Family Compact ».

Après 1807, Small et Baldwin fréquentèrent la Home District Grammar School que dirigeait le révérend George Okill Stuart, ce qui n’était pas de nature à créer des liens politiques avec le très influent John Strachan. Small servit comme midshipman sur le St Lawrence durant la guerre de 1812 ; il entra à l’étude de William Warren Baldwin* et fut reçu au barreau en janvier 1821. Au mois de mai suivant, il épousa Frances Elizabeth, la fille de l’arpenteur général Thomas Ridout*. Ils eurent quatre fils qui étudièrent tous à l’Upper Canada College.

Le 12 juillet 1817, Small avait été le témoin de John Ridout, tué dans un duel avec Samuel Peters Jarvis*. Seul ce dernier avait été accusé de meurtre et il avait été acquitté. En 1827, toutefois, Small et Henry John Boulton, le témoin de Jarvis, furent accusés par le rédacteur radical Francis Collins* d’avoir été les complices du meurtre de Ridout. Ils furent tous deux déclarés non coupables par le juge John Walpole Willis*. L’année précédente, Small, Alexander Stewart, de Niagara, et Marshall Spring Bidwell*, avocats de William Lyon Mackenzie, avaient obtenu une indemnisation à leur client lors d’un procès qu’il avait intenté aux jeunes tories qui avaient détruit son imprimerie.

Small joua un rôle social et professionnel de premier plan. À compter de 1829, il fut élu plusieurs fois au sein de la Law Society of Upper Canada. En 1830–1831, il fut membre du comité qui formula les nouvelles règles d’admission au barreau et, en 1833, il devint magistrat. Il fut également l’un des vice-présidents de la York Auxiliary (plus tard Upper Canada) Bible and Tract Society, depuis sa fondation en 1828 jusqu’en 1846. Il ne parvint pas, cependant, à obtenir la succession de son père au poste de greffier du Conseil exécutif.

Réformiste modéré, Small entreprit sa carrière politique (qui allait se révéler complexe) aux élections de 1828, lorsque Robert Baldwin et lui furent battus par Mackenzie et Jesse Ketchum dans le comté d’York, une circonscription où deux sièges étaient à pourvoir. L’année suivante, Small fut candidat indépendant, lors d’une élection partielle tenue dans la ville d’York ; stigmatisé comme partisan du gouvernement tory par Mackenzie – qu’il attaqua plus tard en diffamation mais sans succès – il fut défait par Baldwin.

En janvier 1832, il se présenta de nouveau contre Mackenzie dans une élection partielle, quand celui-ci fut expulsé de la chambre d’Assemblée pour la première fois, mais il fut nettement battu. Il connut finalement la victoire aux élections générales d’octobre 1834, remportées de manière écrasante par les réformistes, en défaisant de justesse le shérif William Botsford Jarvis dans la ville de Toronto. Il s’avéra un député inefficace et il fut battu facilement par William Henry Draper* en 1836. Après les élections, Small, William Warren Baldwin et George Ridout, qui avaient attaqué le lieutenant-gouverneur sir Francis Bond Head* lors d’une réunion de la Constitutional Reform Association, furent démis de leurs diverses fonctions au gouvernement. Small perdit son poste de commissaire de la Cour des requêtes. Dans l’intervalle, il avait été élu échevin du quartier St David en 1836, mais il ne fut pas réélu en 1837.

Loin de se décourager, il se fit élire en 1839 dans la 3e circonscription d’York (plus tard York East) lorsque le député Thomas David Morrison* perdit son siège en raison de sa participation à la rébellion de 1837. En 1841, il fut réélu en défaisant John Simcoe Macaulay* malgré les efforts des tories et des radicaux. Il subit une autre défaite, cependant, quand il voulut reprendre le poste d’échevin de St David.

À la législature, Small appuya Robert Baldwin dans sa tentative d’obtenir le gouvernement responsable. John Charles Dent* affirma que si « sa voix était faible et sa constitution délicate », les rares discours qu’il prononça furent accueillis avec respect. Lorsque Baldwin, Louis-Hippolyte La Fontaine et leurs partisans furent invités à entrer dans le gouvernement par sir Charles Bagot* en septembre 1842, Small succéda au tory Henry Sherwood* comme solliciteur général du Haut-Canada. Il battit à nouveau Macaulay à l’élection partielle qui fut tenue quand il entra au Conseil exécutif. Il n’occupa ce poste que jusqu’en novembre 1843, date à laquelle le conseil tout entier, à l’exception de Dominick Daly, démissionna pour signifier son désaccord avec sir Charles Metcalfe*, le successeur de Bagot, sur la question du patronage. Aux élections de 1844, Small remporta la victoire aux dépens de George Monro*, mais il fut privé de son siège, un comité parlementaire à majorité tory ayant établi qu’il n’était pas habilité à occuper le poste. Il refusa de se présenter aux élections de 1847.

En 1839, Small avait ouvert un bureau d’avocat avec James Robert Gowan*, son ancien élève ; leur association dura jusqu’en janvier 1843, alors qu’il fit nommer Gowan au poste de juge du nouveau district de Simcoe. C’est au cours des années 40 que Small obtint ses plus hautes distinctions en tant qu’homme de loi : il fut l’avocat de King’s College de 1841 à 1849 ; il devint conseiller de la reine en 1842 et il fut élu trésorier de la Law Society of Upper Canada en 1849.

Vers la fin de la même année, il fut nommé juge du comté de Middlesex par Baldwin ; il accepta, tout en formulant le vœu que le poste ne fût pas un obstacle à une fonction plus élevée. Le juge David John Hughes, qui rédigea avec une plume trempée dans le vitriol l’histoire du barreau dans Middlesex, décrivit Small comme « un homme qui était meilleur juge d’un bon dîner que de la loi ». Hughes affirma en outre que Small se vantait de n’avoir jamais lu le Common Law Procedure Act et il l’accusa d’avoir mal administré les cours de division. Un journal de l’époque évalua son travail administratif de façon plus indulgente en soulignant son « âge avancé et ses infirmités de plus en plus nombreuses ». Après que Baldwin eut pris sa retraite en 1849, Small ne put plus accéder à un poste plus élevé et les demandes qu’il adressa pour obtenir un assistant ne furent agréées, par l’administration conservatrice de John A. Macdonald*, que peu de temps avant son décès.

Small connut des succès qu’il faut attribuer autant à sa condition sociale qu’à ses aptitudes personnelles même s’il était sans grande force de caractère et affligé d’une mauvaise santé. Comme Baldwin, il fut néanmoins de ceux qui ne choisirent pas la voie tracée aux gens de leur rang. Sans exercer une action prépondérante, il contribua à l’avènement du gouvernement responsable par sa loyauté à Baldwin et son attitude modérée en politique.

Frederick H. Armstrong

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Frederick H. Armstrong, « SMALL, JAMES EDWARD », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 10 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/small_james_edward_9F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1977
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