SMITH, HOLLIS, homme d’affaires et homme politique, né le 24 juin 1800 à Plainfield, New Hampshire, fils de Levi Smith et de Sally Wright, décédé le 29 mars 1863 à Sherbrooke, Bas-Canada.
« Issu d’une famille de pionniers de vieille souche » de la région frontalière du nord de la Nouvelle-Angleterre, Hollis Smith passa ses premières années dans le canton de Hatley (fondé en 1803), au sud de Sherbrooke. Élevé suivant les préceptes baptistes, il fréquenta les écoles publiques locales, devint un fermier prospère, occupa certaines charges dans les sociétés agricoles puis alla s’installer à Compton. « Franc-tenancier » et « commerçant », Smith vivait en 1831 dans une ferme près de Lennoxville, dans le canton d’Ascot, et tenait des « magasins généraux » à Compton, Lennoxville et Eaton. En 1832, avec Samuel Brooks à Lennoxville et avec Alder W. Kendrick à Compton, il établit « des relations commerciales » consistant « à tenir un assortiment de marchandises habituellement en demande dans un magasin de campagne ».
Smith fit progressivement l’acquisition de terrains dans plusieurs cantons de l’Est et dans la ville de Sherbrooke. La British American Land Company, société constituée en Angleterre en 1834, envoya Alexander Tilloch Galt* à Sherbrooke ; en 1835, Brooks, à titre d’agent de la société, s’engagea par contrat avec Smith, son associé, à construire un tronçon de 24 milles du « chemin du roi » au nord de Sherbrooke et traversant le canton de Stoke. En 1841, Smith souscrivit avec d’autres au projet de construction de Bishop’s College à Lennoxville et, en 1845, fut désigné comme l’un des premiers membres du conseil d’administration [V. Lucius Doolittle ; Jasper Hume Nicolls*]. Avec Kendrick et Galt, il était membre de la Compagnie du chemin à lisses du Saint-Laurent et de l’Atlantique, et, avec Galt, de la Fabrique de coton de Sherbrooke, toutes deux constituées juridiquement en 1845. En 1849, Kendrick, Smith et Galt se prononcèrent publiquement en faveur du Manifeste annexionniste de Montréal.
En 1856, bien qu’il conservât sa ferme dans le canton d’Ascot, Hollis Smith était installé à Sherbrooke où, le reste de sa vie, il fut secrétaire de la Mutual Fire Insurance Company et fit partie, avec sa famille, de l’élite « épiscopalienne » (anglicane). Le Conseil législatif étant devenu électif en 1856, Smith fut choisi comme candidat de l’opposition libérale, dans la nouvelle division de Wellington, par John Sewell Sanborn*, également du New Hampshire, et par John McConnell, de Hatley ; il reçut également l’appui d’Antoine-Aimé* et de Jean-Baptiste-Éric Dorion. Il était en fait le candidat d’anciens annexionnistes. Le candidat du gouvernement conservateur était William Hoste Webb*, un « Anglais » nommé par l’implacable adversaire tory de Sanborn, John Henry Pope*, et solidement appuyé par le secrétaire provincial, Timothy Lee Terrill*. Les affinités de Smith avec les colons américains du sud de sa circonscription, ses relations plus récentes avec des hommes d’affaires et des anglicans lui permirent de rafler 58 p. cent du scrutin pour tout le comté de Wellington et 82 p. cent du scrutin de la ville de Sherbrooke. Il fit son entrée au Conseil législatif le 19 mars 1857 et s’associa immédiatement à d’autres libéraux qui préconisaient des réformes d’inspiration américaine, dont l’élection de l’orateur (président) du Conseil législatif.
Lors des élections de 1857 à l’Assemblée, les conservateurs remportèrent tous les sièges de la division de Wellington, sauf celui de Sherbrooke ; même dans cette circonscription, Galt abandonna soudainement les libéraux pour devenir indépendant. Smith en fit autant à la Chambre haute. Le 2 août 1858, il déclara avec deux autres députés que le nouveau gouvernement libéral de George Brown* et d’Antoine-Aimé Dorion n’avait « pas suffisamment précisé sa politique » et que « la présence d’un seul ministre de la couronne au Conseil législatif ne pouvait suffire à la poursuite efficace du programme législatif à ce palier de la législature ». Néanmoins, il vota contre la motion de censure adoptée par la majorité conservatrice. À l’Assemblée cependant, la motion fut appuyée par tous les députés de la division de Wellington : Christopher Dunkin*, Galt, Pope, Terrill et Webb. Quatre jours plus tard, Galt faisait partie du nouveau cabinet conservateur.
Smith également allait devenir conservateur. En 1859, il appuya la décision de déplacer le siège du gouvernement de Toronto à Québec et, en 1862, le poste d’orateur du Conseil législatif étant devenu électif, il accorda son suffrage au conservateur sir Allan Napier MacNab. Le 19 mars 1863, resplendissant de santé, il quitta le parlement pour le congé de Pâques ; à son arrivée chez lui le lendemain, cependant, il fut frappé d’apoplexie et mourut neuf jours plus tard.
Le Quebec Mercury souligna qu’il « était au-dessus de l’esprit de parti excessif » et qu’il avait fait preuve « d’indifférence totale au régionalisme qui empoisonne la politique canadienne ». Fils de ses œuvres en affaires et représentant type de la société particulière des Cantons de l’Est où se fondaient la frontière septentrionale de la Nouvelle-Angleterre et la frontière méridionale de la colonie britannique, Hollis Smith sut se frayer un chemin à partir du libéralisme baptiste des pionniers américains agriculteurs jusqu’au conservatisme anglican de l’establishment canadien. Bishop’s University, dont il était demeuré un des administrateurs jusqu’à sa mort, eut droit à une partie de ses biens. Son épouse, Dianna Harriet Kendrick, également d’ascendance américaine, mourut à Sherbrooke le 3 mars 1882. Ils eurent un fils et deux filles. Frances Louisa épousa Edward Dagge Worthington*, médecin, et Susan Selina épousa Alexander Manning*, maire de Toronto à deux reprises.
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Gordon O. Rothney, « SMITH, HOLLIS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 7 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/smith_hollis_9F.html.
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Auteur de l'article: | Gordon O. Rothney |
Titre de l'article: | SMITH, HOLLIS |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1977 |
Année de la révision: | 1977 |
Date de consultation: | 7 déc. 2024 |