VALADE, MARIE-LOUISE, dite mère Valade, sœur de la Charité de l’Hôpital Général de Montréal, fondatrice et supérieure de l’établissement des sœurs de la Charité à la mission de la Rivière-Rouge, née à Sainte-Anne-des-Plaines, Bas-Canada, le 26 décembre 1808, fille aînée de François Valade, cultivateur, et de Marie-Charlotte Cadotte (Cadot), décédée à Saint-Boniface le 13 mai 1861.

Marie-Louise Valade entra à l’Hôpital Général de Montréal le 18 septembre 1826 et prononça ses vœux le 21 octobre 1828. Élevée au rang des 12 administratrices le 21 avril 1838, elle fut élue dépositaire en octobre 1843. La même année, répondant à une demande de Mgr Joseph-Norbert Provencher* qui cherchait à se « procurer des religieuses pour donner aux personnes du sexe, une éducation solide sur la religion et les autres branches qui tendent à former par la suite de bonnes mères de famille », les sœurs grises acceptèrent de fonder un établissement à la Rivière-Rouge. Mère Valade en fut chargée.

Après un long et pénible voyage de 58 jours en canot d’écorce, mère Valade, accompagnée de trois autres religieuses, arriva à Saint-Boniface le 21 juin 1844. Vingt jours plus tard, elle ouvrait deux classes et chargeait son assistante, sœur Eulalie Lagrave, de la visite des pauvres et des malades à domicile. Elle fit construire une maison à trois étages où elle installa sa communauté le 31 décembre 1847. Cette maison devint vite le refuge des vieillards, des orphelins et des infirmes.

L’industrieuse mère comprit qu’en pays de mission il fallait se suffire à soi-même. Elle cultiva la terre, agrémentant aussi le menu quotidien de viande sèche ; elle fabriqua de l’étoffe pour se vêtir et acheta une machine à carder qu’elle fit ajuster au « pouvoir d’eau » de Louis Riel. Elle tenta même d’extraire du sucre de la betterave et des érables du pays.

Comme l’Ouest n’était pas assez développé pour que l’on puisse compter sur un nombre suffisant de vocations religieuses, mère Valade entreprit en 1849 le long voyage jusqu’à Montréal afin d’obtenir du renfort. Trois novices et une professe répondirent à son appel, et dès 1850 elle put ouvrir une école à Saint-François-Xavier. Mais, en 1851, le premier concile provincial de Québec suggérait que les sœurs grises de chaque diocèse canadien forment une communauté indépendante alors qu’auparavant toutes les maisons réparties dans le pays ne relevaient que d’une seule et même communauté. Le deuxième concile provincial de Québec, tenu en juin 1854, confirma cette décision. Aux yeux de mère Valade, ce décret signifiait la ruine de la maison de la Rivière-Rouge dont les effectifs se recrutaient à la maison mère de Montréal. Elle soutint alors Mgr Alexandre-Antonin Taché* dans ses démarches pour arrêter les effets désastreux de ce décret. Enfin, en 1858, ils réussirent, avec l’aide de Mgr Ignace Bourget*, à rétablir l’union de la maison de la Rivière-Rouge avec celle de Montréal. Mère Valade, qui avait été conviée à Montréal à cette occasion, en revint accompagnée de trois professes. Ce nouveau renfort permit l’ouverture d’une école à Saint-Norbert.

Mère Valade fut l’âme de sa maison. De taille imposante, elle alliait à la dignité de son maintien une grande affabilité qui lui gagnait tous les cœurs. Usée bien plus par la maladie, la fatigue et les soucis que par l’âge, elle mourut à 52 ans. Elle laissait une maison organisée, trois écoles, dont celle de Saint-Vital fondée en 1860, un personnel de 21 religieuses en charge de 3 vieillards infirmes, 31 orphelines, 21 élèves pensionnaires et 43 externes.

Élisabeth de Moissac, s.g.m.

ANQ-M, État civil, Catholiques, Saint-Martin (Laval, Québec), 16 févr. 1808.— Archives des sœurs grises (Montréal), Correspondance de Saint-Boniface ; Minutes du Conseil général, I : ff.28v., 31, 42v., 53v.–55, 57v.–60v.— Archives paroissiales, Sainte-Anne-des-Plaines (Sainte-Anne-des-Plaines, Québec), Registres des baptêmes, mariages et sépultures, 27 déc. 1808.— [J.-N. Provencher], Lettres de Mgr Provencher à Mgr Ignace Bourget, Les Cloches de Saint-Boniface (Saint-Boniface, Man.), XVIII (1919) : 243–245, 263–265, 298 ; XIX (1920) : 194–195, 219 ; XX (1921) : 71–72, 114s., 133, 150–152.— Morice, Dict. historique des Canadiens et Métis, 307–309.— Georges Dugas, Monseigneur Provencher et les missions de la Rivière-Rouge (Montréal, 1889), 209s., 223–226, 269, 279.— L’Hôpital Général des Sœurs de la Charité (sœurs grises) depuis sa fondation jusqu’à nos jours (3 vol. parus, Montréal, 1916–  ), II : 203–236, 341, 380s., 432–434 ; III : 24, 59–62, 86–90.

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Élisabeth de Moissac, s.g.m., « VALADE, MARIE-LOUISE, dite mère Valade », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 10 oct. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/valade_marie_louise_9F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1977
Année de la révision:    1977
Date de consultation:    10 oct. 2024