ANDERSON, THOMAS BROWN, marchand, banquier, membre du Conseil spécial du Bas-Canada, né en juin 1796 à Édimbourg, en Écosse, décédé à Montréal le 28 mai 1873.

On connaît très peu de chose des débuts de Thomas Brown Anderson. Il vint à Montréal avant 1827 et fut commis de la société commerciale Forsyth, Richardson and Company, qui, en co-association avec la Forsyth, Walker & Company de Québec, faisait le commerce des fourrures, des produits alimentaires et des propriétés immobilières ; elle était l’agent de l’East India Company au Canada et elle remplissait les fonctions de dépositaire pour le bureau du receveur général du Bas-Canada. Le mariage d’Anderson, le 12 décembre 1827, avec Ann Richardson (veuve de David Ogden), fille aînée de John Richardson*, un des plus anciens associés de la firme Forsyth, Richardson and Company, favorisa, sans aucun doute, sa carrière dans les affaires, et il devint le dernier président de la compagnie. Son unique enfant, Elizabeth Magdalene, épousa le lieutenant-colonel Joseph Bell Forsyth.

En 1847, lorsque les principaux actionnaires de la Forsyth, Richardson and Company retirèrent leurs capitaux, Anderson mit fin à la co-association avec la Forsyth, Walker & Company et réorganisa la firme de Montréal sous le nom d’Anderson, Auldjo and Company. Les associés d’Anderson, Louis Auldjo, William Evans et Thomas Forsyth, avaient également été commis de la Forsyth, Richardson and Company. En 1852, quand Auldjo quitta la compagnie pour s’établir à son compte, la firme devint l’Anderson, Evans & Company, qui vendait et importait des articles de quincaillerie. En 1858, Thomas et Samuel Evans se joignirent à la compagnie dont le nom devint alors Anderson, Evans and Evans. Cette association fut dissoute en 1861 et, à partir de ce moment-là, Anderson consacra tout son temps à la profession de banquier.

Anderson, gendre de l’un des plus éminents fondateurs et actionnaires de la Banque de Montréal, fut un administrateur de cette banque de, 1830 à 1834, puis de 1835 jusqu’en 1869, alors qu’il abandonna ses fonctions. En 1837, il fit partie d’un comité d’administrateurs pour déterminer la politique de la banque dans la crise monétaire qui sévissait alors. En 1840, il soutint les efforts du président, Peter McGill*, qui voulait étendre les opérations de la banque au Haut-Canada ; un an plus tard, il représenta la Banque de Montréal auprès du comité de l’Assemblée législative sur les questions financières et bancaires afin de demander une législation plus forte qui faciliterait l’établissement de succursales bancaires au Canada. Le 8 juin 1847, Anderson succéda à Joseph Masson* comme vice-président de la Banque de Montréal et, le 5 juin 1860, quand Peter McGill, déjà assez âgé, se retira, Anderson fut élu à l’unanimité pour lui succéder.

Bien qu’Anderson passât pour faire partie « de la vieille race des marchands canadiens », il se rendit très vite compte des changements survenus dans l’économie du pays qui passait de l’ancien système mercantile à des structures corporatives plus élaborées, et il réorganisa les affaires et l’administration de la Banque de Montréal pour tirer profit de ce changement. Du 17 avril 1855 au 20 juillet 1872, il fut président du conseil d’administration canadien de la Liverpool, London Fire and Life Insurance Company ; (il en fut ensuite administrateur, à la demande du conseil, et il conserva ce poste jusqu’à son décès). Quand il devint président de la Banque de Montréal, il autorisa les directeurs et les agents des succursales à représenter les intérêts des compagnies d’assurance et autres. En 1862, Anderson créa le poste de directeur général et choisit, pour l’occuper, un banquier écossais avisé, David Davidson. Quand Davidson se retira un an plus tard, Anderson le remplaça par Edwin H. King*, connu plus tard comme « le roi des banquiers du Canada » ; ce jeune banquier irlandais, perspicace et habile, qui, par la suite, succéda à Anderson comme président, justifia bientôt la confiance d’Anderson. Pendant la guerre civile américaine, le besoin continuel de crédits du Nord, l’accès aisé du Canada à l’or anglais et la connaissance que King avait du marché monétaire américain, permirent à la Banque de Montréal d’exploiter la situation à son avantage.

En novembre 1863, la Banque de Montréal enleva le compte du gouvernement canadien à sa principale rivale, la Bank of Upper Canada qui commençait à péricliter. À cause des engagements financiers extravagants du gouvernement, ce compte semblait par moments une source de revenus douteuse, mais il permettait à la Banque de Montréal d’avoir une influence précieuse qu’elle n’hésita pas à utiliser fréquemment. En 1866, par exemple, malgré l’opposition de ses rivales, la banque persuada le gouvernement de promulguer une loi permettant aux banques de convertir des espèces monnayées et des obligations d’état en billets provinciaux, loi dont elle devait profiter grandement en sa qualité de banque du gouvernement. L’année suivante, sur le conseil de E. H. King et contre l’avis de son ministre des Finances, Alexander Tilloch Galt*, John A. Macdonald* refusa d’aider la Banque commerciale du district de Midland (Commercial Bank of the Midland District) qui déclinait ; celle-ci était la principale rivale de la Banque de Montréal après la faillite de la Bank of Upper Canada. Ainsi, « l’une des plus puissantes et apparemment l’une des plus solides institutions du pays » s’effondra.

Malgré les rapports annuels prudents et parfois pessimistes d’Anderson, la Banque de Montréal prospéra sous son administration. En neuf ans, les dépôts triplèrent, en partie à cause de la fuite des capitaux américains durant la guerre civile ; les avoirs en or, en argent et en pièces de monnaie et les obligations gouvernementales augmentèrent, ajoutant à la stabilité de l’institution. Le 20 octobre 1869, Anderson quitta la Banque de Montréal pour des raisons de santé. Sans doute à la suite d’une légère attaque, il avait de la peine à s’exprimer. Les administrateurs de la banque lui votèrent un traitement de $2 000 en reconnaissance de ses fidèles services.

Bien que Thomas Brown Anderson s’intéressât vivement à la politique britannique et restât un tory fidèle, il joua un rôle relativement effacé dans les affaires municipales et provinciales du pays, contrairement à de nombreux autres marchands montréalais éminents. Le 2 avril 1838, le gouverneur, le comte de Gosford [Acheson*], nomma Anderson au Conseil spécial du Bas-Canada, poste qu’il ne garda que jusqu’au 1er juin 1838. En 1849, Anderson se joignit à l’Association d’annexion de Montréal, devint l’un de ses huit vice-présidents et signa le Manifeste d’annexion.

Anderson soutint volontiers différentes organisations civiques, charitables, religieuses et scolaires. En 1829, il entra à l’exécutif du Committee of Trade de Montréal, qui venait d’être organisé, et qui, en 1842, devint le Bureau de commerce de Montréal (Montreal Board of Trade). Bien qu’il ne fût jamais président du Bureau de commerce, il en fut le vice-président en 1849 et siégea au conseil exécutif et au Bureau d’arbitrage, sans discontinuer de 1842 à 1850. Il fut trésorier du Montreal General Hospital, institution à laquelle son beau-père avait fait des dons généreux, et il soutint la mission de Longueuil. Sa femme se consacra aussi à des œuvres charitables ; elle s’intéressa principalement à deux sociétés de bienfaisance : la Ladies Benevolent Society que sa mère avait réorganisée en 1832, et la Lying in Hospital. Bien qu’il ne fût pas presbytérien, Anderson, comme de nombreux autres marchands écossais de Montréal, avait un banc à l’église St Gabriel Street. Anglican dévoué et paroissien de la cathédrale Christ Church et plus tard de St James the Apostle, il prit une part active aux œuvres paroissiales et diocésaines. En 1856, il se joignit à un comité de 11 membres pour tracer des plans en vue de la construction de la nouvelle cathédrale Christ Church. Il se vit également confier la gestion d’un fonds servant à doter les paroisses dont il investit une partie sous forme d’actions à la Banque de Montréal. Du 2 mai 1845 jusqu’à sa mort, Anderson fut membre du conseil d’administration de McGill University ; de plus, il donna généreusement au fonds créé lors de la fondation de cette université et fit partie d’un bon nombre de ses comités. De 1851 jusqu’en 1852, il fut vice-président du conseil et, par la suite, premier membre du comité des finances.

Grâce à une conduite méthodique et prudente de ses affaires ainsi qu’à un mariage heureux, Thomas Brown Anderson jouit d’une carrière couronnée de succès à Montréal et apporta une contribution certaine bien que limitée à la vie publique de cette ville.

Carman Miller

AJM, Registre d’état civil, paroisse Christ Church, 12 déc. 1827 ; Registre d’état civil, paroisse St James the Apostle, 1873.— APC, FM 24, 179 (Papiers T. B. Anderson).— McGill University Archives, Dawson Papers ; Minutes of the Board of governors, 1851–1874.— Annual report of the governors, principal, and fellows of McGill University, Montreal [...],1851–1873.— [Bruce et Grey], Collection Elgin-Grey (Doughty), IV : 1 493.— Canada Gazette (Québec), 15 mai, 3 juill. 1847.— Sessional Papers of the Province of Canada, XVIII (1860), 1re partie, n° 5 ; XXI (1863), 3e partie, n° 9.— Gazette (Montréal), déc. 1827, 17 mai – 4 août 1847, mai 1873.— Montreal Herald, mai – juin 1873.— Montreal Transcript, mai – nov. 1836.— Montreal Witness, mai 1873.— L’Opinion publique (Montréal), 27 mai – 11 juin 1873.— Canada directory, 1851–1873.— The Canadian men and women of the time : a handbook of Canadian biography, H. J. Morgan, édit. (1re, éd., Toronto, 1898).— Desjardins, Guide parlementaire.— McGill University calendar, 1856–1873.— Montreal directory (Mackay), 1842–1850.— Canadian banking and monetary policy ; recent readings, J. P. Cairns et H. H. Binhammer, édit. (Toronto, 1965).— Denison, Canada’s first bank, I : passim.— W. R. Graham, Sir Richard Cartwright and the Liberal party, 1863–1896 (thèse de ph.d., University of Toronto, 1950).— Cyrus Macmillan, McGill and its story, 1821–1921 (Londres, New York et Toronto, 1921), 207.— G. H. S. Mills, The annexation movement of 1849–1850 as seen through Lower Canadian press (thèse de m.a., McGill University, 1947).— O. D. Skelton, The life and tunes of Sir Alexander Tilloch Galt (Toronto, 1920).— F.-J. Audet, Membres du Conseil spécial, BRH, VII (1901) : 82s.— J. I. Cooper, The origins and early history of the Montreal City and District Savings Bank, 1846–1871, CCHA, Report, 1945–1946, 15–25.— George Hague, The late Mr. E. H. King, formerly president of the Bank of Montreal : some personal reminiscences, Journal of the Canadian Bankers Association (Toronto), IV (1896–1897), oct. 1896 : 20–29.— D. C. Masters, Toronto vs. Montreal ; the struggle for financial hegemony, 1860–1875, CHR, XXII (1941) : 141s.— Adam Shortt, Founders of Canadian banking : the Hon. John Richardson, merchant, financier and statesman, Journal of the Canadian Bankers Association (Toronto), XXIX (1921–1922), oct. 1921 : 17–27 ; janv. 1922 : 165–178.

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Carman Miller, « ANDERSON, THOMAS BROWN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 8 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/anderson_thomas_brown_10F.html.

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Auteur de l'article:    Carman Miller
Titre de l'article:    ANDERSON, THOMAS BROWN
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1972
Année de la révision:    1972
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