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CAMPBELL, THOMAS EDMUND, officier, secrétaire, homme politique, seigneur de Rouville, né à Londres, Angl., peut-être en 1809, probablement en 1811, décédé en 1872, sans doute à Saint-Hilaire, Qué.
Le capitaine Thomas Edmund Campbell arriva au Canada en 1837 après avoir servi 14 ans dans l’armée britannique (années au cours desquelles il effectua de grands voyages en service commandé au Proche-Orient). Très vite il se fit remarquer lorsque, le 10 novembre 1838, à la tête des Agniers de Caughnawaga, il prit part avec les volontaires de la brigade de Lachine (Île-de-Montréal) à l’attaque menée contre les rebelles à Châteauguay. Les volontaires ayant incendié et commencé à piller bon nombre de maisons et à terroriser leurs habitants, il rechercha les meneurs qui étaient tous des Blancs, les fit mettre en prison à Lachine et ramena les Indiens à Caughnawaga. Ces derniers qui avaient pris part à la capture de 75 patriotes furent félicités et cités dans les dépêches de sir John Colborne*.
Un an plus tard, le commandant Campbell (il avait été promu) devint aide-de-camp et secrétaire militaire du gouverneur Charles Edward Poulett Thomson*. Là il joua un rôle décisif dans les élections de 1841 dans le Bas-Canada comme « agent électoral » de lord Sydenham (titre qui avait été octroyé à Thomson). Celui-ci affirma que la victoire était attribuable au « seul » Campbell qui avait élaboré une stratégie consistant à placer les bureaux de vote aux endroits les plus commodes pour les votants « loyaux » qui étaient en faveur de l’Union ; il s’était également assuré que toutes les troupes susceptibles de « contrôler la violence » seraient disponibles uniquement pour les partisans du gouverneur. À Beauharnois, Campbell conduisit lui-même les soldats qui prirent position autour du bureau de vote afin d’empêcher les antiunionistes de voter. Grâce à ses conseils et à cette tactique, Sydenham remporta de façon inespérée 20 des 42 sièges du Canada-Est.
Vers 1840, Campbell épousa Henriette-Julie Juchereau Duchesnay et, quatre ans plus tard, fit l’acquisition de la seigneurie de Rouville. Son fils, Bruce, lui survécut. En 1846, ayant quitté l’armée, Campbell s’installa à Saint-Hilaire et se consacra presque entièrement à l’exploitation de son domaine. Il réserva plus de 150 acres sur lesquelles il établit une ferme modèle et s’intéressa vivement à l’arboriculture. Au milieu des années 50, ayant entendu parler des travaux en histoire naturelle du principal de McGill University, John William Dawson*, il lui envoya une charretée d’épinettes et des plants ; ceux-ci sont apparemment devenus les grands ormes qui bordent aujourd’hui l’avenue centrale du campus. En 1848, lord Elgin [Bruce*] dépeignait Campbell comme « l’un des seigneurs les plus entreprenants de la province ».
Lord Elgin le décida à devenir son secrétaire civil, peut-être à cause de ce dynamisme, certainement parce qu’il vivait en bonne intelligence avec les deux groupes linguistiques (le commandant Campbell utilisait toujours le français dans la gestion des affaires de sa seigneurie). Cette fonction impliquait aussi ex officio celle de surintendant général des affaires indiennes car, entre 1844 et 1860, tous les secrétaires civils assumaient automatiquement les deux charges. Étant entré en fonction le 31 mars 1847, il démissionna le 30 novembre 1849 à cause du départ de lord Elgin pour Toronto, nouveau siège de la capitale du Canada-Uni. Une fois de plus, Campbell se retira à Saint-Hilaire dont il ressortit dans le courant de l’hiver 1854–1855 pour faire partie d’une commission chargée d’étudier les problèmes posés par la défense militaire. Il siégea en compagnie de sir Atlan Napier MacNab* et du colonel Étienne-Paschal Taché* ; leur rapport fut à l’origine de la loi de la milice de 1855 qui établissait le double système de la milice sédentaire et des « volontaires ».
Aux élections générales de 1857, Campbell fut élu député de Rouville. En chambre il vota toujours avec les conservateurs du Canada-Est. En 1861, ayant été battu par le libéral Lewis Thomas Drummond*, il abandonna la politique. Toutefois, il continua à s’intéresser à la défense et, comme la guerre civile américaine et l’incident du Trent provoquaient une anxiété croissante dans la colonie, il accepta de siéger à une autre commission réunie en janvier 1862. En plus du colonel Campbell (il avait encore été promu) qui parlait au nom des forces militaires provinciales, la commission comprenait George-Étienne Cartier, John A. Macdonald*, Alexander Tilloch Galt* et sir Atlan MacNab qui représentaient les intérêts politiques et le colonel Daniel Lysons*, officier de carrière britannique, qui défendait ceux de l’Empire. Le rapport de cette commission parut le 15 mars 1862. Il constituait un plaidoyer énergique en faveur de l’ancien système de milice sédentaire par laquelle on pourrait entraîner des troupes pour assurer la défense de la province du Canada. Le gouvernement Cartier-Macdonald fut renversé lorsqu’il essaya de faire passer le projet de loi issu du travail de cette commission.
Le colonel Campbell devint administrateur de la Banque de Montréal et de la Compagnie du Grand Tronc, mais il prétendit toujours que l’exploitation de sa seigneurie était pour lui ce qu’il y avait de plus important. Il appréciait beaucoup la vie rurale au Canada français. Le 12 octobre 1855, à l’occasion d’un banquet donné à Cobourg en l’honneur de sir Edmund Walker Head*, il aurait déclaré à propos de l’habitant : « Il y a maintenant neuf ans que j’habite parmi les Canadiens-français, et je crois honnêtement prétendre avoir appris quelque chose de ce qui les concerne et parler d’eux d’une manière désintéressée. Croyez-m’en, Jean-Baptiste, ainsi qu’on appelle souvent le Canadien-français, est un honnête et bon sujet. Il est laborieux et affable, [...] jamais je n’ai vécu parmi un peuple meilleur. »
[Bruce et Grey], Collection Elgin-Grey (Doughty), I : 20, 28, 54, 66, 134, 387 ; II : 810s.— [C. E. P. Thomson], Letters from Lord Sydenham, governor general of Canada, 1839–1841, to Lord John Russell, Paul Knaplund, édit. (Londres, 1931), 110.— Canada and its provinces (Shortt et Doughty), VII : 396–401.— Cornell, Alignment of political groups.— E. J. Devine, Historic Caughnawaga (Montréal, 1922), passim.— E. A. Collard, Popular Major Thomas Campbell, Gazette (Montréal), 11 févr. 1943.— P.-G. Roy, Le major Thomas-Edmund Campbell, BRH, XI (1905) 359–361.
Jacques Monet, « CAMPBELL, THOMAS EDMUND », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 3 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/campbell_thomas_edmund_10F.html.
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Auteur de l'article: | Jacques Monet |
Titre de l'article: | CAMPBELL, THOMAS EDMUND |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1972 |
Année de la révision: | 1972 |
Date de consultation: | 3 déc. 2024 |